Je suis amoureuse de Conor McGregor
Parce qu’il sait se battre « pour rien »
Juste pour gagner
Parce qu’il ne croît qu’en lui
Que c’est un mâle alpha
Avec sa gueule de Vincent Van Gogh
Qui pense autant qu’il agit
Qu’il est le seul à posséder deux titres UFC dans deux catégories différentes
Que son histoire d’amour ressemble à une histoire Disney
J’aurai adoré naître homme blanc
J’y ai cru pendant longtemps
Depuis je fais autrement.
Puisqu’on différencie
D’abord la couleur
L’origine
On géolocalise même le pays
Précisément
Puis le sexe on distingue
Puis la sexualité
Hétéro
Homo
Libre
Dom Juan
Pute
On sépare, préjuge, juge
La sentence on convoque
Puis applique
Conor McGregor se bat pour gagner des combats
J’en connais beaucoup qui se battent juste pour leurs droits
Juste pour vivre
Pour manger
Gagner un peu d’argent
Moi-même me lève chaque jour
Comme si j’allais à la baston
Et dors en tenue de sport
Pour vaincre les démons de minuit
Rosa Rosa Rosam
Rosae Rosae Rosa
Rosa Parks!
L’autre jour je pensais à toi, Rosa
Je voulais t’écrire une lettre
Un papier, une note, un post-it
Saluer ton courage
Te dire de ne pas t’inquièter
Que depuis ton « Non » les choses avaient changées
Qu’une station de RER portait désormais ton nom
Mais tout le monde donne son petit avis
Son petit avis de merde, l’écrit
Un peu partout sur les réseaux,
Les murs, les bus, les métros
Le mien je le garde
Mes larmes je les laisse
Couler en silence
Sur les joues des autres
Conor McGregor se bat
J’aurai adoré naître homme blanc
Tu sais comme moi qu’on ne choisit pas
Qui on naît
Pourtant tu as choisi de dire non
Inviolablement
Les mots, tous ceux
Que j’entends
Je lis
Parcours
Pense
Se mélangent
Dans mon esprit
Je les garde
Puis les recrache
Les vomis
Je ne peux
Comme du sperme
Tous les garder en moi
Ils doivent ressortir
Ils sont beaucoup
Trop
De plus en plus.
Comme du sperme
Il se pourrait que je n’en garde qu’un
Qu’il trouve matière pour grandir
En mon sein
Pour finalement ressortir
A terme
Douloureusement
Émotionnellement
Pour continuer à grandir
Fabuleusement
Par lui même, ailleurs
Les mots sont fait de lettres
Inséparables
Elles sont ce qu’elles sont dans l’alphabet
Elles virvoltent alors
Libres
Comme des papillons
Puis elles se rapprochent
Se scindent
Entre elles
Pour ne plus jamais se quitter
Et forment des mots
Les mots sont des bruits
Même a l’écrit
Qui résonnent fort
Conor McGregor
Est un homme blanc
Mais pas n’importe lequel
Pas avec autant de privilège
C’est un irlandais
Qui a subi l’oppression de l’Angleterre
Avec son nom tatoué sur le ventre
Au dessus de ses ceintures de champion
Gagnées après 21 victoires
Je ne suis pas amoureuse de Conor McGregor
J’aimerais juste être lui
Croire en moi même
Vivre la pression dans le calme,
Avec excitation
« Trump est le nouveau président »
« Les attentats du 13 novembre c’était il y a un an »
« On remet en question le droit à l’avortement »
Je pourrais continuer longtemps cette énumération
Malheureusement
Mais
Merci, je suis au courant
Et tous ces mots ne permettent pas d’aller de l’avant
Tu n’as pas compris où je voulais en venir, et pourtant.
Hitler a dit « Les mots construisent des ponts vers des régions inexplorées »
Les mots font et créent la peur, ressassent, piquent, produisent des images, suscite des idées, manipulent, alimentent.
Alors que ce ne sont que des mots, faits de lettres qui existent seules dans l’alphabet ou un clavier.
Si je te dis « JTM » y’a les émotions qui vont avec
Si je te dis « NTM » y’a aussi les émotions qui vont avec
Si je te dis « Non », ça veut dire « Non »
Parfois la violence c’est bien, dire la bienveillance aussi.
Les deux sont compatibles.
Il suffit de lire Conor McGregor :
« Nothing good ever comes from worrying or sitting there feeling sorry for yourself… Keep positive and keep pushing on and things will turn good. »*
*Rien de bon n’arrive à s’inquiéter ou à rester assis à se plaindre…Restez positif et continuez à persévérer et les choses deviendront bonnes. »