Nine Antico je l'ai rencontrée pour la première fois en 2006. On jouait dans un squat arty avec Pussy Patrol et elle était venue parce qu'elle connaissait Charlotte. Elle nous a dessiné, c'était joli je crois mais j'étais en robe Minnie devant des connards de la scène expé alors j'avais beaucoup bu pour me sentir à l'aise. Résultat je me souvenais pas si j'avais été sympa ou pas. Pour tout dire je ne me rappelle même pas lui avoir parlé.
Plus tard on a commencé à voir ses bédés chez les libraires, je me souvenais de cette fille toute douce mais avec un coeur de rocker (comme aurait dit Julien Clerc), on se connaissait pas mais ça me faisait plaisir pour elle. C'est le catéchisme, ça m'a vraiment rendue sympa.
Un jour, j'ai eu des sous et je me suis acheté Coney Island baby, une de ses bédés croisant les destins de Bettie Page et de Linda Lovelace, l'actrice de Gorge Profonde.
LA BAFFE QUE JE ME SUIS PRISE.
En la lisant je me suis dit qu'on avait rien à envier aux bons romans graphiques ricains supers classes, les Daniel Clowes qui finalement n'ont jamais eu leurs règles de leur vies ni le coeur broyé par le beau gosse à scooter en 4ème D. Nine elle dessine des filles comme nous, superficielles et amoureuses, drôles et vulgaires, des personnages forts qui s'en mangent plein la face. Et puis c'est super beau, très léché.
En la lisant je me suis dit qu'on avait rien à envier aux bons romans graphiques ricains supers classes, les Daniel Clowes qui finalement n'ont jamais eu leurs règles de leur vies ni le coeur broyé par le beau gosse à scooter en 4ème D. Nine elle dessine des filles comme nous, superficielles et amoureuses, drôles et vulgaires, des personnages forts qui s'en mangent plein la face. Et puis c'est super beau, très léché.
Je me suis fixé alors une mission, de forcer tout mon entourage à lire ces bédés (Anna ou Ophélie pourront en témoigner, quant à Elsa, c'est ma prochaine cible). Elles ont toutes adoré.
Pour toi lecteur j'ai pris mon courage à deux mains et je me suis dit que je pouvais lui demander une interview pour Retard, au pire elle m'envoyait péter et j'aurais dit « Ouais, elle a TROP CHANGÉ Nine » alors que je lui avais jamais parlé.
Elle a dit oui. J'étais contente. Dommage que je sois arrivée puant la transpi en courant parce que j'étais coincée dans le RER B. Trente minutes à la bourre, c'est la honte quand même. Mais elle en avait rien à faire. Elle m'a accueilli avec son plus beau sourire. Comme ta super copine (et là normalement tu viens de comprendre le titre de l'article MALIN HEIN).
c Nine Antico
Je prépare mes questions intelligentes...
J'ai eu ce matin une interview avec un journaliste qui posait encore et toujours les mêmes questions, tu répètes toujours les mêmes banalités...enfin je veux pas te mettre la pression hein.
…
Non non c'est bon...
ALLEZ HOP ON ENCHAINE... J'ai découvert tes bédés il y a quelques années, et j'ai trouvé que t'avais un dessin super spécial, comparé aux autres, tendant plus vers l'illustration.
Non non c'est bon...
ALLEZ HOP ON ENCHAINE... J'ai découvert tes bédés il y a quelques années, et j'ai trouvé que t'avais un dessin super spécial, comparé aux autres, tendant plus vers l'illustration.
Je fais toujours gaffe à ce que les cases fonctionnent de manière autonome, chaque plan doit être travaillé, avec un bon équilibre des blancs et des noirs. C'est très important.
c Nine Antico
T'as commencé comment ?
Quand j'ai débuté Le Goût du paradis (ndlr : Super bédé sur l'adolescence, t'as eu 14 ans et envie de porter des pantalons pimkie moulants pour choper, il a donc été écrit pour toi bébé) j'avais 23 ans. Au début je faisais des petits dessins ou je sortais une ou deux phrases de texte. Mais je ne me suis jamais dit que je voulais en faire une BD. Ca l'est devenu au fur et à mesure.
Quelle est ta formation ?
J'ai tenté les écoles d'art appliqués, mais j'ai été refusée de toutes les écoles parisiennes. Je n'ai jamais pris de cours de dessin, et j'ai bien vu que cela posait un problème en concours. Je comprenais pas les sujets, les gars arrivaient avec leurs pots de peinture et moi mes crayons de couleurs... J'ai été super jalouse des gens en école d'art, je rêvais d’être à leur place. Et puis finalement, je ne suis pas mécontente de mon parcours. J'ai fini par faire des études de cinéma.
Mais c'est vrai que ya un côté storyboard à tes bédés. Ca te plairait de faire un film à la Ghost World ?
Dans l'idée j'adorerais, quand j'imagine une bédé, je me fais mon film. Mais c'est difficile les adaptations. Ghost World, même si c'est très reussi, ce sont deux propositions ultra pertinentes et très différentes. Je bosse actuellement sur un scénario en me posant la question de savoir si je le réalise ou pas.
Quelle est ta culture BD ?
J'ai pas vraiment une culture franco-belge. C'est plutôt Daniel Clowes, Charles Burns, Robert Crumb et Ludovic Debeurme qui m'ont donnés envie de me lancer.
Tu fais tout toute seule ? Du scénario aux couleurs ?
Oui. Pour les couleurs par exemple je sais ce que je veux et comme parfois je trouve en faisant aussi...
c Nine Antico
Tu préfères écrire ou illustrer ?
Je préfère écrire. J'aime beaucoup le dessin, mais je préfère les illustrations pour les galeries par exemple, ou je prend beaucoup de temps. Sur mes projets actuels, je vois bien que le dessin n'est que le vecteur de mon texte. Ca m'interesse plus de réfléchir sur l'histoire, c'est la période de travail la plus stimulante intellectuellement.
C'est long de faire une BD ?
Ça prend un an et demi, de l'écriture et la finalisation, et ça seulement pour les albums sortis chez Glénat qui font 54 pages. Pour des travaux tels que Coney Island baby, j'ai mis quatre ans.
T'arrives à en vivre ?
Ca va, par contre, je travaille à chaque fois sur deux livres en même temps, et dès que j'en ai terminé un, je recommence. Il m'arrive aussi de faire des illustrations, des ateliers...
C'est dur...
C'est sur que ça demande une vraie discipline, faut tenir un rythme, toujours enchainer, c'est très laborieux. Et surtout, il faut croire à ton projet toute seule, il faut tenir, avoir confiance en soi.
c Nine Antico
Ca a été plus facile d'être publiée après la déferlante des Blogs BD sur les amoureuses de chaussures qu'on en a rien à faire ?
Le mot Girly me fait profondément chier, et en même temps je ne peux pas l'éviter. Girls don't cry (ndlr: auparavant publié dans le magazine Muteen), c'est girly, je dois assumer. Mais je n'en porterais pas l'étendard. Ce que j'aime, c'est raconter des petits rien qui ont de l'importance, mélanger la tristesse et la drôlerie des petits évènements, l'importance que ça a pour les personnages.
Tes personnages sont souvent des filles : tu te vois un jour faire un truc sur les garçons ?
J'aimerais bien me pencher sur le service militaire, mais je vois bien que je galère plus à dessiner des garçons que des filles, ils ont souvent des traits féminins. Et puis je me met des barrières, je sais pas comment les mecs parlent entre eux. Mais bon, on ne doit pas être aussi éloigné finalement...
Il y a des vérités qui sortent de la bouche de tes personnages, ca parle de boutons, de rouler des pelles...
A la fois ça te parle à toi parce qu'on doit se ressembler, mais ya plein de personnes pour qui ça passe au dessus, qui ne se reconnaissent pas. Je travaille beaucoup sur moi, sur ce que je ressens, donc à priori, les gens qui aiment mon boulot, c'est des gens avec qui j'ai des points communs. Et ça me va très bien comme ça.
![]() |
Extrait de Girls don't cry |
Tes prochains projets ?
Je finis une bédé porno pour la collection BDCUL chez les Requins Marteaux que je dois rendre pour septembre, ça parlera d'une équipe de filles qui jouent au rugby. Et puis je travaille sur un gros projet pour l'Association, qui s’appellera Autel California. Ca se penchera sur les groupies, de l'addiction à la musique et aux garçons, en mélangeant fiction et fantasme.. Je suis partie à Los Angeles glaner des informations dessus récemment. J'y ai même rencontré Pamela Des Barres !
COULE DES GROUPIES ! C'est vrai que tu parles souvent de musique !
Les chansons rythment ma vie, comme une bande originale. Je suis comme une éponge avec la musique, je l'absorbe grâce à des gens, des moments. Je chante à mort sous ma douche, et j'adore danser, même toute seule chez moi.
T'as des conseils bédé à nous filer, des gens qui t'ont influencés ?
Aisha Franz, c'est une allemande, Ulli Lust, j'ai beaucoup aimé, Dominique Goblet, Claire Braud, puis les classiques, Blutch, Rupert et Mulot...
Nine Antico c'est l'auteur super du
-Goût du Paradis, chez les Requins Marteaux
-Coney Island Baby, chez l'Association
-Girls don't cry, chez Glénat
-et de la suite disponible depuis pas longtemps, Tonight
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire