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lundi 18 juin 2012

BLISS BLISS BLISS par Mariette : dernière partie


Nicky Larson ne craint plus personne

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LA TROISIEME PARTIE > PAR LA PARDI


Daejeon. L'organisateur se pointe avec deux chaussures de couleurs différentes, et mâche son chewing gum parce qu'il est trop cool, perdu au milieu de la Corée, il ressemble à un De Niro déglingué, et me fait un peu flipper. Nous sommes perdus dans cette ville étrange, et cherchons notre chemin. On demande à des ados timides équipés d’Iphones, mais rien n’y fait. Soudain un homme sort de l’ombre et, affable, propose de nous aider. Il nous révèle qu'il est détective privé, et qu'il cherche un "bad man" dans le quartier. La pluie commence, on ne trouve toujours pas. Le mec de la salle vient enfin nous chercher : c’est Freddie Mercury en appareil dentaire. Un mec qui trainaît autour de nous dans une grosse bagnole noire nous tend des parapluies, tandis que la version coréenne de Clark Kent prend mes claviers pourris d'un air concentré. Les yeux de la ville derrière nous, on avance patiemment sous la pluie, sans trop savoir à quelle sauce on va être mangés. Superman me révèle qu'il fait de la boxe, je commence à penser que c'est vraiment superman. Et Daejeon sous la pluie devient l'image brouillée de la ville des Cat's Eyes.

*****

C'est quelque chose comme une grande claque bien sentie, physique surtout, et mentale.
Au retour, tu te sens longtemps en altitude. Les vapeurs de l'alcool aidant, une tournée, il faut le dire, c'est n'importe quoi. Si quelqu'un peut m'expliquer, je n’ai pas toujours compris ce qui m'atterrissait en pleine face.

Tu rates le premier tour à la télé, les abonnements s'amassent sur ton palier.
Tu n'as pas le temps de lire. Tu es dans les transports, à moitié gueule de bois, à moitié endormi, ton corps morfle, et pourtant comme un petit soldat, il s'aguerrit, il s'adapte. En rentrant, tu es comme un hamster sur une roue, et tu n'appelles personne pendant quelques jours.

Au bout d'un moment, on ne t'offre plus d'eau, mais on t'arrose de bière (là c'est mon acupunctrice qui va pas être contente - oui, pourtant j'ai essayé de dire perrier citron, mais ils ne comprenaient pas le français alors que “beer”, c’est universel). Des fois, tu dors dans le lit de qui tu sauras jamais, tu ne te laves pas tout le temps, et tu découvres encore plus d'odeurs dans le monde, enchanteresses et diverses. Et puis tu déplaces constamment un nombre incalculable de sacs contenant du matériel, ça devient ta seconde peau. Toi et la machine prenez le train, l'avion, le bus, le touc-touc, le skateboard, la moto et j'en passe. Tu rencontres immédiatement des gens, car les organisateurs t'accueillent, te tapent la discussion. Pour peu que tu sois célibataire, tu feras sûrement des rencontres d'un soir, ou du eye contact au mec au coin de la scène, et tu t'en fous si tu te payes un râteau, car tu quittes la ville demain. Ou alors tu vas embrasser quelqu'un et ça te paraître un grand moment, tellement tu es dans une bulle. Installer ton matériel pour les balances, c'est toujours une oeuvre éphèmère, un happening iréel, codifié, systématisé. Tu deviens très rapide à la fin. Tu parles le langage de tournée désormais, ce langage essuyé à l'alcool et aux blagues pourries, ce langage de baskets sales et de nez fourni.






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