Je
hais les interviews en anglais.
Je
hais les interviews en anglais mais j'y vais quand même quand on me les
propose. Je ne vais pas laisser passer la chance de rencontrer quelqu'un qui
pourrait s'avérer super cool pour des raisons telles que
-mon
accent de merde,
-ma difficulté à me concentrer sur les réponses de mes interlocuteurs
-ma difficulté à me concentrer sur les réponses de mes interlocuteurs
-et
cette facilité monstre à poser la même question sous différentes formes.
Vivons
dangereusement. L'amour-propre, je l'ai toujours dit, c'est rien que pour les
nazes.
Pour
Bleached, j'y suis allée en mode carrément relax. En plus, je ne suis pas
vraiment fan. Je trouve certains morceaux cools hein, mais je ne dormirais pas
avec le vinyle sous mon oreiller, ni ne pousserais de hurlement plaintif
au premier riff de “Think of you” que j'entendrais en soirée.
“HAAAAAAAN
J’ADORE CETTE CHANSOOON" (et là normalement la conasse qui dit ça
ferme les yeux, sourire sexy, danse en roulant du boule et en faisant des
mouvement orientaux avec ses mains. Mais si tu vois très bien, c'est la-meuf-envoutée-par-la-musique").
Je
ne pouvais pas néanmoins rater les soeurs Clavin. Mika Miko, le groupe dont
Jessica et Jennifer faisaient partie avant Bleached, est vraiment ce truc qui
donnerait envie à n’importe quelle fille de monter sa formation pour hurler
dans un micro, entourée de ses copines qui jouent pas super bien.
Quand
j'ai découvert ce groupe FABULEUX aux alentours de 2008, je faisais le même
truc en robe Minnie avec Pussy Patrol. Je crois que toi par contre, si t'as
envie de t'y mettre, c'est le moment, je trouve que ça manque carrément dans le
paysage actuellement.
Ces
petites minettes toutes déginglées à la porte du monde adulte, occupées à faire
des doigts d'honneur à tout ce que la musique pouvait attendre d'elle reste
l'un des trucs des plus frais que j'ai entendu, bien plus que toutes ses morues
en mini-short qui sont aujourd'hui trop occupées à faire la moue en chantant
éternellement la même daube sur leur ex-boyfriend (si tu
veux te rappeler à quel point je les déteste, clique ici).
Donc,
quelques années plus tard, c'est à dire il y a environ trois semaines, quand on
m’a proposé de les interviewer pour mon travail officiel, et cela même si elles
avaient décidé d'enfiler des perfectos et de faire la gueule (je suppose que
c'est ça que les critiques musicaux appellent "le stade de la
maturité"), j’ai dit que je ne pouvais pas, mais que, héhéhé, j’avais un
petit blog sympi sympa qui serait ravi de leur poser quelques questions.
L'attaché de presse a dit ok. (merci Agnieszka, GROS BISOU)
L'attaché de presse a dit ok. (merci Agnieszka, GROS BISOU)
Je
pensais m’en être plutôt bien sortie.
C’était
avant de réécouter mon dictaphone, ma logorrhée insupportable en anglais, mes
vannes qui tombent systématiquement à plat quand j’essaie de les traduire, et
mes “ok, cool !” qui parsèment les réponses des filles, et cela même si elles
n'avaient pas terminé leurs phrases.
Mais
c'est vraiment si difficile que ça DE LA FERMER ?
Heureusement
que les soeurs Clavin étaient vraiment décontract', dans cet espèce de cool
typiquement ricain qu’on ne voit que dans les clips qui passent sur le site de
Pitchfork, travaillé au filtre instagram par un réalisateur de 19 ans prenant
trop de MDMA. Parce que je pense que n’importe quel autre être humain serait
parti "commander de l’eau pétillante" pour ne plus jamais revenir.
Maintenant
que j’y pense.
Ça n'a pas trop du les étonner que je galère à ce point.
Quand
tu te présentes comme l'auteur d'un blog dont le nom peut se traduire par
“débile magazine”, tu ne dois pas te faire trop d'illusions sur la qualité de
l'élocution de ton interlocuteur, ni de ses questions.
Vous
sortez bientôt votre premier album, Ride your heart : que pouvez-vous me dire
sur cet opus ?
Jennifer
: C’est notre premier
vrai album, et ça regroupe toutes les chansons écrites depuis que nous avons
commencé ce projet jusqu’à un mois avant l’enregistrement. Ca doit faire donc
un an de chansons. Jessica et moi on joue de tous les instruments, on enregistre
tout, à part la batterie. On a bossé avec lui un mois avant pour que tout soit
parfait, et puis un mois d’enregistrement.
Vous
avez eu de bons échos ?
Jennifer
: Oui, pour le moment
tout le monde nous dit qu’il est assez cool, un mec a même posté sur twitter
qu’après l’écoute il avait eu envie de devenir une fille...Un autre a dit que
ça sonnait comme les Germs, je vois pas trop pourquoi, mais bon.
Comment
composez-vous ?
Jennifer
: Certaines chansons
viennent assez rapidement, alors que certaines prennent vraiment un temps fou.
Il y en avait une pour laquelle j’avais le début dans la tête, et je ne savais
vraiment pas quoi en foutre, et il a fallu quelques mois pour trouver une suite
qui lui correspondait complètement. Normalement, c’est moi qui compose à la
guitare, et j’ai déjà une idée du rythme et des voix qui vont dessus. Si je ne
trouve pas de voix pour aller avec, je laisse tomber et je me concentre sur
autre chose.Jessica elle intègre la basse, et les solos de guitare. Jessica
: On travaille ensemble, mais chacune de notre côté. On a chacune des
façons différentes de travailler. Jennifer aime bien écrire dans le désert par
exemple.
Jennifer
: Oui, nos parents
vivent près du désert, à deux heures de Los Angeles, et j’aime bien aller
là-bas. Pas mal de chansons ont été composées la-bas. Après je rentre à L.A, je
les montre à Jessie.
Vous
pensez qu’il y a une touche “LA” ? Pas mal de groupes qui marchent actuellement
sont originaires de cette ville...
Jessica
: On a grandi à Los
Angeles. Quand on était gamines, on allait à vraiment pas mal de concerts
punks, et on écoutait du Punk Californien. On aime aussi plein de groupes qui
ne viennent pas de notre ville, mais il y a vraiment un lien à faire entre nous
et les autres groupes de L.A. Grandir à LA, c’est écouter Gun Club, X, ou
encore Germs, qui a eu, pour ma part, vraiment beaucoup d’influence sur moi.
Jennifer
: Il y a vraiment UN
TAS de groupes à LA. Et pas forcément que des bons. A chaque fois qu’on m’en
parle d’un, il ya une chance sur deux pour que je ne le connaisse pas. Mais
c’est vrai que la ville a une influence, on ne grandit pas pareil à Los Angeles
qu’à New York. N’empeche que mes groupes préférés viennent plutôt de la Côte
Est, comme les Ramones, Blondie, ou même d’Angleterre comme Siouxsie and the
Banshees, New Order. Mais bon, Ramones ou Blondie sonnent comme des groupes
californiens !
J’étais
une grosse fan de Mika Miko : comment décrireriez-vous votre son, qui est quand
même maintenant vachement plus mature ?
Jennifer
: Mika Miko était
vraiment punk, Bleached est plutôt pop avec des touches punk, plus sérieux mais
toujours fun, plus mélodique. Avec Mika Miko, la phase d’écriture était
vraiment différente, on composait chacune nos parties, et on ne savait pas trop
ce qu’on faisait et ce que faisaient les autres. On était dans une phrase
d’apprentissage. Bleached, on compose presque tout, on a même un regard sur la
batterie.
Jennifer
: Carrément ! C’est surement pour ça qu’on a décidé de splitter avec Mika
Miko, c’était une grosse période de notre jeunesse, et plus on grandissait,
plus on avait d’autres envies musicales. Même si on adore le punk, les groupes
comme Black Flag et tout, on a commencé à écouter d’autres trucs, comme les
Rolling Stones. Jessica : Ca serait super bizarre de continuer à jouer
dans Mika Miko. Des fois quand même, c'est à se demander si les gens ne veulent
pas que tu grandisses.
Vous
continuez à jouer toutes les deux : c’est une volonté d'avoir un groupe de
filles, ou juste une coincidence ?
Jennifer
: J’ai toujours
considéré ça comme une coincidence, mais bon, vu que nous sommes soeurs...
Notre batteur est un mec, et l’autre fille qui joue avec nous chante bien, et
ses harmonies fonctionnent avec les nôtres, donc on a vraiment eu de la chance.
On a déjà tourné avec que des mecs, et vraiment, on a pas très envie de le
refaire... Jessica : C’est vrai que c’est plus cool d’être entre filles
en tournée.
Je
n’aime pas jouer avec des garçons, je les trouve trop techniques et chiantos,
vous en pensez quoi ?
Jennifer
: J’ai l’impression
que les garçons ont un ego, et qu’ils ne peuvent pas supporter l’idée que des
meufs leur disent comment jouer.
Jessica
: C’est vrai que
parfois, on ne sait pas vraiment comment on a composé un morceau, je veux dire
d’un point de vue technique. Je veux pas passer pour une "hater" ou
quoi que ce soit, mais des fois, on ne sait pas comment on a fait, voilà, alors
DEAL WITH IT MEC et arrête de nous prendre de haut.
Vous avez pas mal de concerts de prévus, c’est cool d’être en tournée ?
Jennifer
: j’ai l’impression
que c’est incontournable, quand je reste à Los Angeles trop longtemps, je
commence à devenir cinglée. On tourne depuis qu’on est au lycée, donc c’est
normal, je suis habituée à ce style de vie, et c’est toujours cool de
rencontrer de nouveaux gens, de découvrir de nouvelles villes, se demander ce
que ça ferait de grandir ici...
Jessica
: C’est quand même
agréable de voir un truc se passer, de plus en plus de gens à tes shows. Des
fois je voyais des kids reprendre certaines chansons avec nous, ou je
ressentais leur excitation quand nous jouions les nouvelles. Et là, depuis la
sortie de Ride Your Heart, tout le monde connait les morceaux, c’est
franchement cool.
Vous
vous êtes vachement professionnalisé : vous regrettez le bon temps ou c’était
moins "promo/hôtel avec un savon sur l'oreiller" et plus lolilol ?
Jennifer
: C'est une évolution.
Quand j’étais jeune, je n’aurais pas vraiment aimé ce que je suis en train de
faire maintenant, mais bon, avec le temps, j’ai appris à apprécier.
Dernière
question : vous écoutez quoi en ce moment ?
Jennifer : J’adore
Veronica Falls.
Jessica : Fidlar ! Leurs shows sont complètement dingues.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire