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mardi, 03 juin 2014

ABSURD CITY

Par

Et voilà. Dans trois semaines je suis censée être diplômée… mais je vais avoir besoin de vous les gars.

Je finis mon Master de Design Social. J’imagine que vous n’en avez jamais entendu parlé.. pour ceux qui ne me connaissent pas et ceux qui me connaissent ne comprennent qu’à moitié. Design aujourd’hui n’a plus vraiment cette dimension innovatrice mais plutôt gadget-like et un adjectif pour d’autre. « C’est très design ici ». vomi.
Moi, ce qui me botte c’est la ville. Je suis fascinée par son pouvoir, j’en ai peur et je l’admire. Mais qu’est ce qu’une ville sans ses citoyens ? Qu’est ce qu’une vie sans citoyenneté ? Du caca, les amis!

J’ai donc passé mon année à faire des interventions dans la ville. Je peux vous dire que je ne faisais pas la mali(g)ne avant de sortir dans la rue à chaque fois.

Ça a commencé l’été dernier à Marseille où j’ai proposé aux locaux d’un quartier dit sensible, de customiser des chaises pour leur place. C’était un petit coup de gueule puisque la ville ne veut pas mettre de banc pour que les jeunes ne squattent pas… C’est vrai qu’être assis par terre c’est la solution! Les huîtres!

Ce n’était pas facile tout le temps, mais rien ne vaut leur sourire pour la photo finale… Deux jours après j’y suis retournée, ils étaient assis sur les chaises et la moitié avaient disparues ou avaient été massacrées. Il m’ont dit qu’ils devaient cacher leurs préférées dans leur cage d’escalier avant de partir de la place.

J’ai aussi fait des performances où j’ai invité les gens à danser en plein milieu d’une place… sous la pluie.

et utilisé l’espace public comme une cours de récré.

Bizarrement, à partir du moment où t’es dans une boule d’or tu peux faire ce que tu veux, courser les gens dans la rue, sauter des statues, parler aux gens dans les café, faire du shopping, faire la mascotte pour les gamins. (tu verras sur mon site)

Des ateliers où je demandais aux gens d’être bizarre en public. Des jeux, comme la Cocotte où je défiais les passants à interagir entre eux de façon ludique.

Le défi là, c’est « gonfle un ballon et donne le à quelqu’un qui à l’air triste ou en colère (putain ça fait con en français). Regardez comme ils ont l’air béat.

Et enfin j’ai mis des objets dans la rue pour voir comment les passants réagissaient ou se réappropriaient l’installation.

J’ai donc quelques questions chers lecteurs et lectrices…

Pourquoi est-ce si difficile de demander son chemin à un passant ? De regarder dans les yeux et dire bonjour à ton voisin quand tu t’assoies dans un bus ? Et n’es-tu pas content quand tu as cette mini conversation avec un(e) étranger(e) que tu as si petitement aidé à retrouver son chemin ? J’ai peur. J’ai peur qu’avec toute cette technologie on se perde de vue. Nos besoins sociaux sont comblés par Internet à la maison et notre smartphone aura toujours la réponse à tout dans la rue. Je résiste à ne pas en avoir un et tous les arguments que vous trouverez je saurais les briser. À part pour les jeux, ça, ça me ferait kiffer… heh.

Tout cela m’a mené à l’Absurdité. Quelles sont les choses qui nous attirent dans l’espace public ou déclenchent des conversations avec des inconnus dans l’espace public ?

Les situations imprévues, incongrues, des objets qui n’ont pas lieu d’être ici ou là, des événements qui titillent notre imagination…

Bref, le street art en a fait les preuves, le mur de Berlin s’en est bien servi, Bansky aussi. Mais nous dans tout ça ? À part regarder, parfois se moquer et prendre des photos, nous (nous) sommes un peu oubliés.

Vous, mes amis Parisiens, savez plus que tout, que la ville a une influence énorme sur votre vie, humeur et moral. Je sais qu’Eindhoven n’est pas aussi grand et vif que Paris, mais c’est aujourd’hui mon point de départ, ma ville test.

La seule chose que je souhaite c’est de voir l’étranger, l’autre, l’inconnu comme un membre. Un membre d’une même communauté, qui est la ville. Et la seule solution que j’aie trouvée c’est l’Absurdité dont on serait le seul maître et acteur. Pas facile tout seul, mais si on te donnait les moyens, d’agir, d’interagir, de casser ta routine ?

Alors s’il vous plait..

Enlevons nos doigts de là-où-tu-sais, et je m’adresse à tous, partout. Si vous voulez que la ville soit meilleure, plus vivable, plus verte, moins bondée, plus humaine ou drôle bah essayons de trouver des solutions.

Je serai votre bureau des plaintes et réclamations.

Si vous avez des idées partagez-les. Des endroits que vous regrettez, des lieux où vous pourriez passer des heures, une anecdote, une histoire, un événement inhabituel? Envoyez-moi vos photos bizarres, incongrues que vous avez prises dans la rue et dites moi où c’était et pourquoi vous avez shooté. Si vous avez des histoires ou anecdotes à me/nous raconter allez-y! J’ai besoin de vos histoire pour avancer.

Envoyez ça a [email protected] et viendez sur http://absurdcitylab.wordpress.com/

Elsa

Elsa a 27 ans et a les chaussures roses de Barbie. Ex-batteuse de groupes de filles plutôt ultra classes ( Fury Furyzz et Mercredi Equitation), elle est plutôt agile de ses mains (hinhinhin). Elle vit maintenant à Bruxelles où elle est apparemment Interaction designer. Mais on ne sait pas ce que ça veut dire... Sinon, c'est aussi la meuf la plus gentille et choups du monde. Sauf si tu fais la chier, elle te tapera parce qu'elle aime bien avoir des bleus aux mains. Passions: le niqab, le caca et les paillettes.