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vendredi, 28 mars 2014

ARTHUR C. CLARKE ET JEAN-PIERRE JEUNET

Par
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J’ai grandi dans une famille aimante et tolérante, ce que je pense avoir été une atmosphère positive et dans laquelle je pouvais m’épanouir dans la découverte de ce que seraient mes goûts et mes penchants. Plus ou moins.
On peut avoir l’impression qu’on est libre et que nos opinions seront acceptées, mais insidieusement, sans qu’on le réalise, des petites phrases lâchées, très définitives mais impossibles à retracer, nous interdiront certains accès.

Au début je n’avais pas vraiment honte. J’ai deux types de lectures : les « classiques », les choses à connaître, et puis ce que j’ai réellement envie de lire en connaissance de cause. J’ai absorbé 1984 en ressentant un truc, mais en n’étant pas réellement apte à le définir. Puis Le meilleur des mondes, pareil, ça reste un titre incontournable même si j’ai été déçue par la fin. En même temps, la hauteur d’Orwell…
Et puis 2001. Ça a commencé à devenir, peut-être pas suspect, c’était plutôt du domaine du haussement de sourcil : pourquoi le lire, 3h c’est long, mais c’est toujours moins long que 200 pages, non ?

Bon, après ça, de toute façon je ne les ai pas lus à la suite, j’aime bien alterner. Il y a eu des autres périodes, des découvertes, des choses forcées.
Et puis une conférence de Raphaël Zarka qui cite Rama, qui parle de vaisseaux en forme de tubes, en mouvement perpétuel, duquel il résulte une sorte de pesanteur.
Des recueils de nouvelles trouvés chez Emmaüs, tellement mal traduits que je n’arrivais pas à comprendre l’intrigue (une histoire de clônes qui se transmettent leur savoir chacun leur tour, ce qui donne quelque chose comme une personne immortelle), mais le problème était là : Arthur C. Clarke.

Maman, j’aime la science-fiction.

Ohlàlà, il y a une voix en moi qui dit que c’est mal, qui aime ça ? Comment tu peux aimer ça. Quand j’étais petite et que j’ai vu la Guerre des étoiles, j’ai détesté. Rien que ce générique interminable… Tout le long je pensais aux gens sur la Terre, qu’est-ce qu’ils faisaient pendant ce temps ?
C’est curieux, parce que maintenant je me fais un devoir de regarder chaque titre de tous les classements des meilleurs films de Science-Fiction, mais ceux-là, non, ça ne passe toujours pas.

Mais le reste. Et puis, en vrai, même pas les films : je veux les lire. J’ai demandé Rama pour mon anniversaire, j’ai acheté La Guerre des Mondes, et Bradbury est en première position sur ma liste.
Mais je suis comme toute personne qui se découvre une passion subite et ne sait pas vers qui se tourner pour des conseils éclairés. Bien sûr, ma sœur a prénommé sa fille après un personnage de Dune, mais c’est ma sœur, elle a grandi dans la même peur du jugement maternel. Et puis elle est fan de Colette.

Le jugement maternel, c’est ça le problème. Ma mère lit presque uniquement des policiers. C’est probablement après cet été passé à me forcer pour arriver au bout du Mystère de la chambre jaune (sans en avoir gardé aucun souvenir, à part une image de traces de pas sur un plafond) que j’ai pu affirmer que je déteste les policiers.
Évidemment qu’après des années de pratique, comme elle, j’aurais pu glisser à l’oreille de mon voisin « c’est le réparateur du photomaton » pendant le Fabuleux destin d’Amélie Poulain, et lui gâcher la fin du film, mais est-ce que c’est vraiment ce que je veux ??
Est-ce que je ne préfère pas rester dans le flou jusqu’à la dernière minute de l’épisode de Cold Case (pour autant qu’elle SE TAISE), de la même façon que je gobe amoureusement tous les concepts de voyage dans l’espace, ayant toujours été une grosse bille en physique ?

Après, non pas que SF et policiers soient incompatibles, il se trouve juste qu’après 25 ans et à l’exception de Daniel Pennac et Paul Auster, vaguement, je peux affirmer que mes goûts littéraires sont strictement opposés à ceux de ma mère. Qu’il faudra toujours que je cherche l’inverse de ce qui lui plaît. Et que ça ne veut pas dire que ce que j’aime est honteux. Quoi qu’elle en dise.

La bibliographie de Manon (les livres sont en gras)

1984 - George Orwell (1949)
Le meilleur des mondes - Aldous Huxley (1932)
2001, l’odyssée de l’espace - Arthur C. Clarke (1968)
2001, l’odyssée de l’espace - Stanley Kubrick (1968)
Rama - Arthur C. Clarke (1973)
Terre, Planète Impériale - Arthur C. Clarke (1975)
La Guerre des étoiles - George Lucas (1977- ?)
Dune - Frank Herbert (1965)
La Guerre des Mondes - H.G. Wells (1898)
Le Mystère de la Chambre Jaune - Gaston Leroux (1907)
Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain - Jean-Pierre Jeunet (2001)

Roca Balboa

Bricole Gueurle officielle de la Team Retard
Roca Balboa est née en 1990 et aimerait bien réadopter des rats. Amie d'Anna, la première fois qu'on l'a rencontrée on a vu un petit chaton tout mignon. Puis, en mangeant un kebab sur un banc, on a constaté la bouche pleine d'une viande qu'on connaissait pas qu'elle avait la gouaille la plus hardcore qu'on connaisse. Et un putain de talent pour le dessin. SON SITE PERSO : http://rocabalboa.com/