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jeudi, 27 octobre 2011

(B)ESOIN (D)’IMAGES 2

Le Dimanche, c’est comme toi copain, la gueule de bois et moi ça va pas du tout. Je l’entends raisonner dans mon petit cerveau malade, elle me supplie de pas trop solliciter mes neurones. Colocataire me propose alors un film qui « va me plaire » : Tank Girl réalisé en 1995 par Rachel Talalay, inspiré du comics d’Alan Martin et Jamie Hewlett. La pochette du dvd fait mal aux yeux, je suis mal barrée. Go baby go.

Résumé du film : Nous sommes en 2033 et l’eau fout complètement le camp sur la planète Terre. L’abominable Kesslee règne en maitre sur le précieux liquide avec sa société Water and Power. Dans ce désert hostile survivent et luttent encore une espèce mutante, les Rippers, mi-homme mi-kangourous, et quelques être humains dont Rebecca Buck. Rebecca ressemble à une Gwen Stefani qui jouerait dans les L7 et qui rote et fait des blagues de cul comme ton petit frère Kévin, 15 ans, avec une croix anarchiste et les Bérus en patch sur son Eastpack. Sauf qu’elle, elle a un vrai bazooka et un vrai tank de guerre méga custom avec elle. Un peu ce que tu rêvais d’être quand t’étais en 4emeB.

Sa copine c’est Jet Girl (Naomie Watts), la coincée moche qui se transforme en bombasse à la fin, personnage pour le moins fadasse donc, à l’exception tout de même de la plus belle prouesse stylistique du film : son pantalon-en-plastique-transparent-impression-jambonneau-sous-cellophane.

Tank Girl version film, c’est le cliché de la punk riot grrrl tombé au beau milieu d’un teenage movie d’action, avec du gros méchant pas gentil qui torture les petites filles, de la guerre avec des animaux humains trop funs sous fond de musique trop rebelle. Y’a qu’à voir la B.O : du Hole, L7, Joan Jett, Björk, Portishead, nos papis Devo et Iggy Pop au passage. On apprécie l’effort mais ils auraient pu gratter un peu plus, Bikini Kill, X Ray Spex, Babes in Toyland, Lunachicks, Bratmobile, Heavens to Betsy, Huggy Bear… ça manquait pas à l’époque.

Parce que j’aurais pu m’arrêter là, au bon vieux divertissement du dimanche de la reconstruction physique, après tout une Gwen Stefani qui rote et des marsupiaux en papier mâché c’était pas si mal, mais ma curiosité maladive est allée voir du côté de la BD. Et là d’un coup j’ai compris que les réalisateurs avaient quand même occulté pas mal de choses.

1987, Thatcher fout encore la merde et moi je viens de sortir de l’utérus de ma mère. De leur côté Jamie et Alan copinent joyeusement au College of Art and Design de Worthing. Leur premier fanzine Atomtan est imprimé 50 fois au local des photocopieuses. Là dedans on y trouve le poster d’une punkette avec des gros seins et un gros bazooka avec l’accroche « Tank Girl, elle vous cassera les pieds et les couilles ! ». Un an plus tard, la demoiselle à la crête d’or a l’honneur d’être publié dans Deadline Magazine, début d’une longue ascension dans la culture underground.

Tank Girl se lit et s’écoute. Impossible de ne pas se mettre en boucle un album des Clash, de Paul Weller ou un bon vieux Adolescents, la BD est boulimique de références musicales et cinématographiques, et ma foi on ne s’en plaint pas.

La construction visuelle est complètement anarchique, hyperactive, à l’image de son héroïne, dont je me délecte des répliques.

De beau moment d’introspection :
Qu’est-ce qui est chauve, pue, shoote des kangourous, porte des chaussures pas à sa taille (et des nippes qu’ont besoin d’un bon lavage), picole, fume, cogne trop, et a une sacrée foutue gueule de bois en ce moment même ?

Des insultes qui font du bien :
Bon on oublie la conversation méga-banale ? Connasse de hippie !

22 ans plus tard c’est toujours pas faux :
J’arrive vraiment à rien choper de bon à la radio ces temps ci. Y’a rien que des trucs de midinettes évaporées. J’en ai ma claque de ces conneries de culture de djeunz, ça me dit rien sur ma propre vie !

Des conseils anti-mode pour s’aimer, même quand on a de la purée sur le jean:
Un truc qui m’a toujours dérangée, c’est que les gens ont deux catégories de vêtements. Un tas de nippes râpées pour zoner, et un tas de vêtements cleans pour sortir. Franchement…. Est-ce qu’on devient quelqu’un d’autre quand on va dans des endroits « spéciaux » ? Non. On est toujours le même trouduc du matin. Quand on bricolait dans son garage. Alors pourquoi se saper différemment ? On n’est plus au Moyen Âge ! Ou vous avez tous gobé les conseils de mode à la con de la télé ? Ou vous léchez les bottes de tous ces branleurs pleins aux as ? S’il y a bien un truc que je supporte pas, c’est la vanité, surtout chez les mecs… j’adore mes fringues.

Cynisme branlant et bières tièdes, Tank Girl voudrait tous nous niquer (même les kangourous), ce n’est plus une Gwen Stefani qui rote, mais une icone de la rue, de celle qui en a dans le froc.

Beaucoup pensent que les années soixante-dix ont été le summum de l’absence de goût. Nous ne sommes pas du même avis car, pour nous, les années quatre-vingts représentent vraiment le fond du gouffre. Maintenant, je ne sais plus s’ils ont raison.

Alan Martin a réécrit des épisodes exclusifs de Tank Girl : Visions of Booga en 2007, puis un roman Tank Girl : Armadillo ! and a Bushel of Others Stories.

De son côté Jamie Helwett joue le bassiste studio et s’occupe de la partie visuelle du groupe Gorillaz puis de l’opéra Monkey, Journey to the West avec Dalmon Albarn le chanteur de Blur.

Génération pas si pourrie.

Ophelie

Ophélie est née en 1988 et un super putain de vélo. Leader de groupes de filles aussi ultra classes ( Fury furyzz et Mercredi Equitation), la jeune donzelle au casque d'or dorénavant chroniqueuse radio et constellée de tatoo fait parfois un peu flipper. Elle crie fort, quand même. Mais au cas où, rappelle toi ces propos: elle fait les soldes chez Jennifer, et possède la larme facile à l'écoute d'un bon vieux titre de son cd de dance machine 2001. Un coeur en chamallow on t'a dit.