Arrivée à Shanghaï.
Quand je pense à Shanghaï, je pense à des couloirs interminables d’hôtels, à des miroirs en mode glamour froid. Je pense à La dame de Shanghaï, et surtout à la fois où je devais aller voir ce film, et suis tombée sur un autre dans lequel Katharine Hepburn était habillée en geisha et jouait la maquerelle d’un bar un peu louche. Elle se révélait la mère de la serveuse qui ne le savait pas, tandis que la serveuse sortait avec ce mec qui était lui aussi le fils de Katharine Hepburn.
C’est signé Josef von Sternberg. Oui, oui, c’est celui qui travestit Marlene Dietrich et la fait chanter en costume de gorille.
J’arrive donc à Shanghaï dans un avion britannique. Le jetlag mental a commencé, mon cerveau entame une lente dégringolade vers des abysses sans fonds. Je me retrouve sur les marches de l’escalator en direction de la lumière, entourée de transparence. Shanghaï. Et Vic est là, sur la place aux pigeons.
Vic, c’est l’ex-bassiste d’Eyes Behind et nouvelle psychiatre à Shanghaï. Elle a remonté un groupe depuis et fait de la batterie dans un autre. Busy girl. Elle m’accueille avec une grosse bise sur la joue et me prend par le bras.
Les appartements ont deux portes ici, une première qui ne sert à rien, mais qui décore,avec un entrelacement de fer qui donne un côté prison, mais je me retiens d’en parler. Les appartements sont peu décorés, et possèdent de faux jardins d’hiver qui font office de buanderie. On y met du bordel, des habits à sécher, et l’on peut s’accouder aux fenêtres, mais on n’y va jamais. Au fond, il n’y a pas beaucoup à voir à part des barres d’immeubles. La nuit, c’est particulier, car tous ces bâtiments brillent avec des mouvements de couleurs, et tu te sens d’un coup très seule.
Vic et moi, on discute de la vie. Elle va bientôt repartir. « Si tu restes ici, tu as l’impression de ne plus pouvoir repartir, c’est comme une chape de plomb qui se referme sur toi ».
Je me réveille de ma sieste et on va boire un thé au lait, avec des petits bouts de gélatine dedans. Les chinois ont une certaine idée du goût et du confort, le thé chaud a cet aspect singulièrement funky, tout comme les sauces des plats, ou les doubles portes.
Un dernier mot sur Shanghaï : massage time. C’est tout un art ici, je n’y manque jamais. C’est magnifique, sauf que si l’on n’est pas conseillé, on peut facilement se retrouver dans un salon de prostituées. D’abord, on en trouve un, on se dit qu’il a l’air bien. Une fois dans la chambre avec mes comparses, on attend patiemment les filles, qui débarquent en talons aiguilles et mini-short. C’est là qu’on a senti qu’il y avait un petit souci. Elles nous tendent des seaux d’eau chaude pour faire tremper nos pieds, bon normalement c’est du thé, mais elles sont déjà assez embarrassées comme ça, et nous aussi. Surtout, elles me regardent en se demandant ce que je fais là ! Samuel jette un œil au programme de massage et souligne le “prostate treatment” conseillé par la maison. La masseuse minaude en lui glissant que s’il veut continuer le massage après le massage, c’est permis. On est ressortis avec une drôle d’impression.
LA SECONDE PARTIE C’ESIT PAR ICI POUSSIN