LA PREMIÈRE PARTIE CA COMMENCE ICI
LA DEUXIÈME PARTIE ICI POUSSIN
On prend le ferry. On croise un vieil homme, il boit du baijo, la gnole du coin. L’oeil vitreux et la face rouge, il zieute mes cheveux blonds en balançant un mot à ses potes au ventre bien rond, déjà tous en pijama. C’est un businessman qui fait régulièrement les allers-retours en bâteau. Il a l’air d’en avoir marre.
Entre 20 et 30 ans, les hommes ici sont canons. Moulés dans des petits jeans, la tête bien faite, le teint hâlé, pas un poil de graisse, il faut le dire, ils sont exquis.
En revanche, vers 50 ans, on sent un terrible laisser-aller qui donne ce genre de tableau dans le ferry : ils se marient et deviennent ton vieux cousin Jean-Pierre version chinoise. Un ventre très gros qui crache fort, qui pète, qui rote et qui ronfle. Ici, le vieux de 50 berges met des tongues en plastique et se balade le t-shirt relevé à mi-torse pour peu qu’il fasse chaud, un cure-dent au coin de la bouche.Pas vraiment le style à vouloir être pécho.
Dans la douche, les femmes, curieuses, passent leurs têtes des murs, l’air de rien pour me regarder. Les femmes mûres, quant à elles, sont des farceuses. Elles frappent leurs maris, comme des héroïnes de Molière, et elles n’ont pas la langue dans leur poche. Sur le bâteau, on voit beaucoup de vieilles qui se glissent derrière les rideaux des lits pour aller bavarder avec les petites cousines.
Séoul. Les chats blancs sont tenus en laisse à l’entrée des restaurants, comme une foule d’habitants silencieux. Des filles de 10 ans en uniformes s’approchent de moi et me disent “nice to meet youuuuu hihihi”, en éclatant de rire. Les coréennes adultes ont des mini jupes affolantes, avec des jambes toutes lisses portées par des talons immenses. A peine eu le temps d’avaler un barbecue dans la capitale et de caresser les chats bizarres, on doit déjà repartir pour le sud. J’ai tout de même eu le temps de voir mon ancienne colocataire, elle est désormais réalisatrice à la télé coréenne pour une émission de maquillage, où les lettres s’affichent avec des petites étoiles autour des titres et où des voix de filles de 6 ans crient pour les annoncer. En mode femme coréenne du siècle futur, elle nous rejoint samedi soir, en sortant du travail, à 1h du matin… On se calera un ptit karaoké vite fait, et elle nous quittera 2 heures plus tard pour retourner dormir…. à l’entreprise. Le sommeil ou la limite des heures n’ont pas l’air de rentrer en compte dans les lois du travail.