Indice : pas grand chose.
J’ai pris mes places pour le concert de Justin Bieber à l’Accorhotel Arena du 21 septembre 2016 en décembre dernier. J’étais devenue une vraie belieber grâce à son album Purpose (le 4ème) sorti en novembre 2015, un vrai écrin à tubes. Sa chanson Sorry m’a littéralement retourné la tête (et il n’y pas que moi : nombre de vues sur YouTube, 1 milliard 800 millions. Je répète, 1 MILLIARD). J’étais trèèèèès excitée, je me suis dit « On va vraiment s’éclater ». J’imaginais un Justin superbe vêtu de blanc, souriant et motivé, entertainant une foule en délire. J’ai eu la foule en délire, mais pas le Justin superbe et immaculé.
Comme Madonna lors de son concert au même endroit l’hiver dernier pour son Rebel Heart Tour, Justin est apparu dans une cage. Il a débarqué de sous la scène dans un cube de verre. Première déception : affublé d’un t-shirt Supreme, d’une chemise à carreaux schlag en diable et d’un jean quelconque, le mec s’est mis en mode McDo (« Venez comme vous êtes »). Il commence son show avec Mark My Words, et « marque ses words » sur les vitres de sa cage. Parmi ceux-ci, « Jesus lives ». Il enchaîne avec Where Are U Now et Get Used To It. À ce moment-là, j’ai déjà envie de me barrer. Le mec chante pas. Ok, il fait du playback, pas de problème, on s’est habitués. Avec Mado, Riri, Britney etc, on a digéré l’info. Mais putain Mado a 58 ans, Rihanna danse « like nobody’s watching », et Britney n’a plus d’âme (le showbizness lui a volé). Justin a 22 ans. Je trouve ça trop triste qu’il fasse zéro efforts.
Pendant ce show, Justin Bieber fait du playback, mais le micro baissé. Normal. C’est-à-dire qu’il ne fait même pas l’effort de faire semblant. Du coup, j’ai l’impression d’être en boîte, devant un DJ qui lance deux trois mots au dancefloor de temps en temps. Avec la pote qui m’accompagne, on est en fou rire. C’est de la part de qui tout ça, sérieux ? Surtout que si le Bieb’s ne chante pas DU TOUT, c’est pour aucune raison : au mieux, il esquisse quelques pas de danse pourris, avec des danseurs pas synchro qui arborent des tenues dignes de mon cours d’AS danse de seconde « Les filles pour le spectacle, vous venez avec une chemise blanche et un bas noir, ok ? ». Vient ensuite I’ll Show You, que Justin mime derrière une grille « sons et lumières ». Après ça, un mec avec une moumoute sur la tête vient faire une lap dance au public pendant qu’il va 1/faire pipi 2/reprendre un Lexo 3/siffler une bouteille de Gatorade parce que sinon il va pas y arriver.
Il faut dire que selon la presse, Bieber vient de rompre avec sa petite amie, Sofia Richie (la soeur de Nicole). Ça ne doit pas être facile pour lui, vous comprenez, un mois de relation, il a eu le temps de s’attacher. Sans exagérer, ça doit pas être le bon soir pour lui, parce qu’il a clairement l’air absent, voire saoulé. C’est l’heure de « chanter » The Feeling, son featuring avec Halsey. Des voltigeuses échappées d’Incroyable Talent arrivent (les Incroyables Costumes en moins). Puis, JE ME LÈVE, excitée à l’écoute des premières notes de Boyfriend, le tube de 2012 qui a inauguré sa dégaine de bad boy. Mais en fait, rien ne se passe, du coup je me rassois, prenant soudain conscience devant la fosse électrisée que je suis peut-être trop vieille pour apprécier ce « live » (mais je me permet de rappeler ici que j’ai vu 5 fois les One Direction en concert).
Enfin, Justin prend une guitare et se met à chanter IRL. Il nous gratifie d’une cover de Tracy Chapman, Fast Car, puis de Cold Water de Major Lazer et il poursuit avec la ballade Love Yourself(s’il n’avait pas chanté cette chanson pour de vrai, j’aurais demandé sa démission, no joke). Mais plus je le regarde, plus j’ai l’impression qu’il souffre, qu’il en a marre. J’ai l’impression de voir apparaître les mots « Mon dieu faites que ça finisse vite » au-dessus de sa tête. Et j’ai de la tendresse pour ses fans enthousiastes, je les trouve touchant(e)s. Est-ce que le fait que Justin ait ensuite fait du trampoline dans les airs, au-dessus de la fosse, a rendu le concert plus cool ? Non. Est-ce que son solo de batterie m’a fait changer d’avis ? Non. On ne vient pas voir Justin Bieber en concert pour le regarder faire de la batterie, même si c’est bien d’avoir cette corde à son arc, on vient le voir faire le show. Tabernacle.
On a quand même eu droit à un petit discours à l’américaine de type « Merci les mecs, c’est grâce à vous que je suis là, blablabla » (le tout sans un sourire hein, on aurait vraiment dit un élève de CP récitant sa poésie de Jacques Prévert); avant la chanson Life Is Worth Living. Prestation ponctuée par un « projet » des beliebers, tenant des affiches estampillées « Je t’aime ». J’avais vraiment envie de me barrer, j’en pouvais plus. Je voulais rentrer me foutre au lit (et en plus j’avais un article à écrire, j’angoissais en mode « Putain qu’est-ce que je fous là, c’est nul, en plus j’ai du boulot, merde). J’ai dit à ma pote « On peut se casser steuplaît ? ». Elle m’a répondu : « Bah nan, on attend What Do You Mean au moins ». Le mec était tellement à l’arrache qu’il m’avait fait oublier l’existence de What Do You Mean. J’avais Sorry en tête, mais je me doutais qu’il la ferait à la fin, et je me faisais tellement chier que j’étais prête à faire l’impasse dessus.
J’ai quand même remué du popotin sur ces deux titres quand ils sont arrivés. J’ai dit à ma pote « Si on a attendu What Do You Mean, on attend Sorry nan ? Au point où on en est ». Mais je n’ai pas eu le frisson, à aucun moment. Même quand il a chanté sous une cascade, je m’en foutais. J’ai vu pas mal de concerts l’année passée, j’ai eu la FOMO, j’ai pris des billets pour tout : Mado, Mariah Carey, Shy’m, Céline Dion, Rihanna. J’ai pu voir un showcase d’Ariana Grande aussi (mais j’avoue j’ai séché Beyoncé. Je le regrette). Mado c’est Mado, pour moi, c’est un mythe, j’étais trop heureuse de la voir. Et quand elle fait du playback, c’est pas grave, surtout quand elle fait un salto arrière. Mariah Carey n’a plus tout ses octaves et elle était compressée dans ses robes fourreaux à gaines intégrées, mais elle ne s’est pas foutue de notre gueule pour autant. Rihanna réussit à nous faire oublier qu’elle ne chante pas tout le temps avec ses déhanchés sexy (et franchement, comparée à Bieber, son concert au Stade de France, qui m’a déçue, était remarquable). Céline Dion était sur ma liste de « life achievements », et Shy’m a tout donné devant un Bercy quasi vide (rappelons que son concert s’est déroulé un mois après les attentats de novembre). Aucun de ces concerts ne sera inoubliable pour moi. Celui de Bieber si, parce que c’était du foutage de gueule.
Alors, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Justin était-il sur les rotules ? C’est probable. Le Purpose World Tour a débuté le 9 mars et s’achèvera fin novembre. Je ne suis pas ou plus dans la cible peut-être, comme me l’a dit un ami. Pourtant j’ai beauuuucoup écouté Baby et One Less Lonely Girl, des chansons de quand Bieber avait 15 ans. Peut-être que je n’ai pas pardonné cet affront parce que je n’ai pas grandi avec lui, comme beaucoup de ses fans, et que je suis juste une adulte qui a 13 ans dans sa tête (ce qui est très différent d’une ado qui a vraiment 13 ans, je vous expliquerai peut-être une autre fois). Son concert, c’était pas pour moi un rêve de life, juste un truc super cool à faire qui en fait s’est avéré chiant (point positif: j’ai acheté de super t-shirts au merch, même si je me dit que j’ai engraissé un mec blasé). « Tu en attendais trop » m’a dit un pote. Si espérer que le mec fasse au moins semblant de chanter dans son micro c’est trop en attendre, alors ok, j’en attendais trop. Next step ? Trouver un concert pour remplacer celui de Selena Gomez, qui a été annulé. Je vais regarder les dates pour Kendji, tiens.