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[SPOILER] Tout ce qui suit est écrit par les mains partisanes d’un fanboy
Quand je me réveille le 31 Août 2017, j’ai la gueule de bois, la bouche pâteuse, et un ticket de carte bleu de 150 euros collé à la cuisse. Tout commence mal en cette fin d’été. Hier j’ai fêté mes 30 ans, donc en plus d’être au fond du trou physiquement, je sais que je suis officiellement vieux. Et que mes amis m’ont laissé la note du bar, ces formidables enculés. Comme j’suis mieux que personne, et même probablement pire, j’ouvre immédiatement facebook pour gratter les derniers messages qui me souhaitent que cette année soit meilleure que la précédente. On se réchauffe le coeur où on peut. Sauf qu’en plein milieu de mon mur, en bon format poster, trône une photo de Charlotte Cardin, qui annonce un showcase le soir même, en toute simplicité, à environ 700 mètres de chez moi, au Generator Hostel.
Réaction extrême. Montée d’adrénaline. Céllule de dégrisement. Comment une date pareille aurait pu passer sous mon radar ?! Oui, parce que comme annoncé dans le spoiler, Charlotte Cardin, c’est pas n’importe qui pour moi. Depuis qu’un pote m’avait envoyé son live de Big Boy, le morceau éponyme de son premier EP, elle faisait partie de mes valeurs sûres, le truc que tu fais écouter à tes potes en annoncant, avec confiance, « dans 1 an elle explose ». Et c’est pas facile de déclarer ça quand tu défends une artiste qui fait des « love songs » comme elle dit, qui sort de La Voix Québéc, et qui a fait un single avec Garou. Genre ta street cred, elle prend du plomb dans la paire de Air Max, pour un hétéro de 29….de 30 ans (fuuuuck…).
Bref, quand je vois cette annonce, après le choc et l’effroi d’être pris en traitre comme ça, je me souviens que rien n’est perdu. Je lance des missives à quelques agents infiltrés dans l’industrie, « chope moi des places, sinon, je dis à tout le monde que t’écoutes du reggaeton. » Et après un peu de combat et de chance, c’est fait : ce soir, je vois Charlotte Cardin en showcase privé. J’peux même inviter des potes. Pas une tâche facile quand la plupart souffrent aussi de leur côté d’une gueule de bois dont je clame l’entière responsabilité. Mais nous sommes 4 quand on arrive au Club. Enfin le « Club »….C’est comme ça qu’ils appellent le sous-sol équipé en alcool du Generator Hostel. Grosso merdo, c’est une auberge de jeunesse un peu design qui se la joue assez moderne et branchée pour plaire à ceux qui visitent Paris en sac à dos mais sans djembé. C’est joli. J’étais déjà venu, pour passer une nuit avec une ex qui m’a fait la misère, donc en soit, l’endroit pour moi n’a rien d’idéal. Mais je fais bonne figure. Au pire ça me donnera de quoi être en empathie avec les chansons de rupture de Charlotte Cardin.
Au fond du bar, la configuration est simple : sans estrade, au milieu, un clavier rouge Nord Stage 2, à sa droite, la batterie, à sa gauche la basse et le MiniMoog. Environ une cinquantaine de personne s’amassent dans ce minuscule rectangle face à la scene, et moi, je me mets BIEN DEVANT ET BIEN AU MILIEU PARCE QUE JE SUIS UN FANBOY. C’est donc avec une petite émotion que je finis mon cidre en voyant Charlotte (ouais j’y vais au prénom) et ses deux musiciens arriver. Elle s’installe à son clavier avec une expression un peu surprise et flattée de voir autant de gens (on est toujours 50), comme une jeune étudiante qui apprécie que des gens se soient motivés à venir à sa crémaillère en banlieue. Je ne sais pas si c’est pour séduire les français ou si c’est pour montrer qu’il lui en faut peu pour mettre une salle à genoux, mais c’est avec un morceau piano-voix en langue française, Les Echardes, peut-être son morceau le moi,ns pop qu’elle commence. Et en un mot : ça tue. C’est simple, c’est élégant, rien ne semble superflu. La voix chaude et puissante de Charlotte semble remplir la pièce avec une aisance déconcertante, et j’ai du mal à ne pas la fixer. Par esprit de survie sociale, j’évite quand même le regard de mes potes pour cacher que je connais par coeur les paroles quand elle entonne
Les ciels bleus de nos yeux doux
On se lasse, nos cœurs se nouent
En furtif j’essaie quand même de regarder un peu autour de moi, et il semblerait que je ne sois pas le seul à les connaitre en fait. Je crois que chaque personne présente est alors dès le début du concert face à face avec l’équation sur laquelle toute la carrière de Céline Dion est bâtie : une belle voix qui chante des textes qui parlent d’amour déçues, aussi tough que tu sois, c’est une autoroute efficace jusqu’au coeur.
Et rien ne viendra perturber ce voyage, au contraire. Que ce soit le ré-arrangement complètement intense et réussi de Like It Doesn’t Hurt sans son featuring (Husser) ou la balade à la Sinatra qu’est Big Boy, tout est de bon goût. La batterie totalement laid-back et la basse groovy semblent parfaitement certir la voix de Charlotte et clairement le trio s’amuse à nous jouer ses morceaux. Et même quand arrive Paradise Motion, le premier morceau issu du nouvel EP, j’ai beau être radicalement inquiet, avec cette peur intense de voir possiblement un de mes coups de coeur faillir et devoir la rayer de ma liste comme on efface le contact d’une relation ratée, que dalle. C’est légèrement plus sucré que le reste, mais c’est un morceau lumineux, enjoué, et entêtant comme un parfum de monoï. A son opposé, The Kids, autre nouveau morceau et probablement mon préféré de la soirée, est un lent brûlot guitare-voix, qui commence sur les terres de Amy Winehouse et qui finit en superbe explosion pop, pas loin d’un Skyfall d’Adele, autrement dit une trajectoire assez impressionnante en moins de 4 minutes.
Toujours par esprit de survie sociale, je ne commenterai pas le dernier morceau du concert, « Faufile ». Par esprit d’honnêteté, je divulgue quand même quelques paroles :
On peut prendre le temps d’une bise
Avant que tous nos verres se vident
Et que tu me dises
Tout ce que j’aime
Je brise
Et voilà, en à peine 9 morceaux, c’est fini. Charlotte se lève en disant qu’il n’y aura pas de rappel, telle une soirée qui se retrouve sans alcool, ils viennent de jouer l’intégralité de leur répertoire. Un aveu touchant. Et comme il n’y a pas de « backstage », Charlotte et ses musiciens se retrouvent à traverser frontalement et humblement la salle qui vient de les applaudir, avec de grands sourires gênés mais flattés. La classe québécoise sûrement. Arrive donc le moment un peu gênant où tu te trouves à 1 mètre de ton crush musical, et tu as simplement envie d’aller articuler quelques banalités positives à l’artiste dont t’as fait saigner les mp3….mais que lui dire ? Je me suis toujours souvenu avec envie de cette anecdote d’un pote allé féliciter après un concert une chanteuse américaine obscure, mais cotée, dont il était SURFAN, et qui s’est retrouvé le lendemain à réaliser un clip pour elle, dans la fougue de la rencontre. Consécration. Le genre de choses dont je suis radicalement incapable, mais étant donné que j’ai des copains beaucoup plus courageux que moi, avant que je ne me dégonfle, l’un d’eux va lui dire que c’était génial, ce à quoi elle répond avec un sourire radieux qui mérite une partie de responsabilité dans la fonte des glaces au Pôle Nord. De mon côté je me contente d’acquiescer comme un idiot, mais un idiot content.
Il est 22h30 ce 31 Août quand je sors du Générator, et je rentre d’un pas décidé. J’ai 30 ans maintenant. Je ne sais pas encore bien quelle révolution intérieure je dois entamer, ou quelle illusion il faudra abandonner au profit d’une autre, car il y en a toujours une autre à embrasser à pleine bouche, mais je deviens clairement un Big Boy qui a dorénavant vu en live sa Main Girl.
PS : Big Boy et Main Girl sont les noms des 2 Eps de Charlotte, j’espère que ça t’était pas passé au dessus de la tête.
Update du 6 Septembre 2017 : L’EP Main Girl est officiellement sorti. Les morceaux sont sur Youtube. Les arrangements ne sont plus ce qu’ils étaient en live. On dirait du SIA. Je suis en PLS. Je ne sais pas quoi vous dire. C’est tragique.