Je n’étais pas parti à Londres depuis mon voyage linguistique effectué en 5ème. Autant dire que je n’ai presque aucun souvenir de la ville. Tout ce qui me revient en mémoire, c’est d’avoir dormi avec deux camarades de classe qui jouaient tout le temps avec leurs zizis. Je ne m’attendais donc à rien, hormis voir en vrai des sites célèbres dans le monde entier. Le truc un peu chiant, donc, surtout quand on sait que le plus beau monument du monde, c’est la Tour Eiffel. Enfin, juste après le Manneken-Pis, mais de peu. (Même un gros truc en fer ne peut rivaliser avec une petite bite)
La vraie découverte fut la gastronomie. La restauration anglaise est si unique qu’il est impossible de l’oublier. Ma première sortie gustative m’amena dans un restaurant Garfunkel’s. Comme un gros con, je m’attendais à y voir une déco basée sur Art Garfunkel, mais la seule tignasse blonde que j’ai pu observer appartenait à une grosse mère de famille dont le pantalon était si serré qu’elle ne pouvait se permettre de s’asseoir. Très déçu, j’ai ouvert la carte pour y découvrir la panoplie complète de la malbouffe. Poulets panés, hamburgers, saucisses grasses, frites et milkshakes affichaient leurs plus belles poses, m’aguichant autant que les vendeurs de fausses clopes de Barbès.
J’ai opté pour le classique hamburger, en me disant que c’était une valeur générique sûre. Et je me suis bien planté. Entre deux buns desséchés gisait une sorte de conglomérat de viande dont seules les baraques à frites connaissent le secret. Du steak premier prix avec des bouts de gras transparents gros comme des perles. A ses côtés se prélassaient onze frites très salées, une quantité assez mesquine quand on sait qu’on va devoir se rabattre sur ces dernières pour assouvir sa faim. Le sandwich a réussi l’exploit d’être pire que ceux du Burger King. Depuis quand un hamburger de restaurant est moins bon que celui d’un fast-food ?*
Après une telle déconvenue, il n’était pas étonnant que je pénètre dans le restaurant suivant en tremblant des jambes… Le Oliver’s Steakhouse paraissaient plus classe, mais proposait sensiblement la même chose que le Garfunkel’s. Pour ne pas me faire avoir deux fois, j’ai voulu ruser : j’ai commandé un hamburger au BLANC DE POULET accompagné de RIZ. Mon salut est donc passé par le plat le plus triste du monde, dont le prix était supérieur à trois menus Best Of Big Mac.
Je suis rentré à l’hôtel en traînant des pieds, abasourdi par la médiocrité culinaire londonienne. Allongé comme une merde sur le lit devant l’écran plat de ma chambre, j’ai à peine pu obtenir du réconfort en regardant la défaite de l’équipe de France de fleuret en finale des Jeux Olympiques…
Conclusion, c’est pas demain la veille que Jean-Luc Petitrenaud viendra faire chier les Anglais dans sa voiture pourrie !
*(On me dit que c’est le cas à Paris depuis une bonne dizaine d’années)