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L’autre jour j’étais assise en terrasse avec un garçon, on parlait de musique et là,j’ai lâché comme une bourde impardonnable « oui, moi j’aime trop Lionel Richie. » Le type s’est étranglé avec sa mousse et j’ai compris que j’avais dit un truc SOCIALEMENT INACCEPTABLE.
En tant que personne qui aime la musique, on est supposé exercer le jugement d’airain du bon goût et donc bien tracer la ligne de flottaison (oui, comme sur un bateau) entre les amours que tu montres et celles que tu dois garder bien cachées comme des pins portés côté peau. Mais qu’est-ce qui rend la présence de Lionel Richie sur le pont si problématique ? Est-ce son exubérance capillaire un poil trop enthousiaste, son large sourire de teckel avec les yeux qui vontavec, cette voix juste un peu trop aiguë qui penche vers laminauderie ? Ses textes dont la finesse n’a d’égale que celle du fromage à hamburger moussant doucement sur le steak chaud ? Sont-ce ses vestes à épaulettes qui défrisent jusqu’aux amateursde reggae, pourtant tolérants par définition ?
Lionel, avec son prénom de personnage de shôjo des années 80, je l’ai rencontré au détour de ma série préférée lorsque j’étais petite. Dans cette série, six personnes passent leur temps à boire du café dansun bar new-yorkais. À un moment, un des six personnages tombe amoureux d’une femme qui s’habille comme personne n’a jamais osé s’habiller, à part peut-être la mère de Fran dans Une Nounou d’Enfer (un autre show très important). Janice, la petite amie de Chandler dans Friends, porte un total look beige léopard et, dans sa plus grande déclaration à son adresse, elle avoue qu’il lui a permis de « comprendre ce que voulaient vraiment dire les chansons de Lionel Richie. » Sur le moment on rigole, mais ces chansons cheesy comme un morceau de reblochon coulant quitournent autour de filles qu’on rêve d’embrasser et qui passent devant le chanteur sans le voir, c’est quand même beaucoup de la musique. Même Bob Dylan et ses chansons grinçantes parlentr égulièrement de filles aux cheveux longs et à l’allure victorieuse : donc c’est pas le sujet qui est grave, c’est l’envie qu’on entend dans sa voix toute molle et affectueuse de chien qui réclame l’amour, mais gentiment, si ça dérange pas trop : « Salut, est-ce que c’est moi que tu cherches ? »demande-t-il avec un doute dans la voix, parce qu’il sait qu’il a une moustache ridicule et des grosses tennis blanches des années 80. Richie est lucide, mais romantique quand même, moi, j’aime bien cecourage particulier.
Finalement, quand Chandler se fait larguer par Janice, une scène d’anthologie le montre enserrant dans ses bras l’escarpin qu’il lui a arraché en essayant de la retenir. Dans cette attitude d’absolu pathétique, que chante-t-il d’un air mélancolique ? Lionel Richie, le tombeur de ces dames en pantalon en cuir, promettant à Diana Ross de l’aimer pour toute la vie, ben tiens. La chanson romantique, c’est son rayon et y va à fond. Même si la série, elle, refuse de se vautrer tout à fait dans cette confortable guimauve.
Après l’avoir découvert comme ça, j’avoue que pendant longtemps, je n’ai pas écouté Lionel Richie. Quand on est ado, on préfère Léonard Cohen, pour se la péter un peu avec des paroles sybillines et des métaphores poétiques. Mais Lionel Richie m’est revenu dans une autre série, celle de Mindy Kaling. Dans un mariage épouvantable,la musique de Lionel Richie, All Night Long, retentit tout àcoup et un personnage jusque là exécrable et grassement obsédépasse du rang de frat boy à celui d’humain, juste comme ça, enacceptant de danser sur cette chanson eighties à la foisirrésistible et complètement ringarde. « Allez viens, toutela nuit, toute la nuit, toute la nuit…. »
Même le clip est unplaisir coupable, ça ressemble à du thriller raté, un mall desannées 80 et une chemise qui clignote limite, c’est ça qu’on aime, c’est ça qu’on veut, c’est ça Lionel Richie.
J’aurais pu essayer d’écrire sur les Smiths, un autre plaisir coupable parce que, malgré la culture et le talent dont fait montre Morrissey dans les paroles de ses chansons, certaines sont irrésistiblement narmy1, mais un bon plaisir coupable, c’est une chanson sans second degré, qui se savoure comme une bière à la fraise : c’est à la lisière de l’immonde, et c’est dans ce vertige que c’est bon.