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vendredi, 29 juin 2012

COUNTRY, BIÈRES TIÈDES ET LIBERTÉ

Par
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Jour 1, Vendredi :

Ça commence comme dans Thelma et Louise. Les mecs et le boulot nous font chier, il fait 41 degrés dans les rues de Montréal, alors on a comme une envie qui nous démange de partir très très loin. Notre voiture de location est un peu moins classieuse qu’une buick décapotable mais on fera avec, y’a au moins la radio. On est 4 et ce weekend, on part à l’aventure, les cheveux et les aisselles aux vents, le cerveau laissé à la maison, direction 3 patelins à 2h de route d’ici.
Ouais, parfois y’a pas besoin d’aller bien loin pour vivre le weekend de ses rêves.


Ce soir on part direction Plaisance pour un festival de country. On est complètement hystériques. Gloria Gaynor au volume maximal dans la voiture, un gros macdo et une bouteille de vin dans la face, certaines d’entres nous sont déjà bien en forme.
Sur la route, il n’y a que nous et le coucher de soleil, ambiance California Dreamin, on crie, on siffle les garçons à chaque feu rouge, ce soir rien ne nous arrêtera.
22h, arrivée à Plaisance, petit village au bord de la route 138, il nous faut de la picole, on est pas venues pour cueillir des pâquerettes. À l’épicerie, on rencontre les patrons Daniel et Huguette qui nous indiquent chaleureusement un motel pas loin du festival. On les retrouvera plus tard en transe sur la piste de danse.
Le festival, ça ressemble à un gros chapiteau et des centaines de camping-car autour (d’ailleurs on dira dorénavant « motorisés » parce qu’on est au Québec). Mais pas le genre de motorisés pour aller passer 3 jours à Port-Barcarès. Non, le genre de véhicule qui fait la taille d’une maison, avec des parties rétractables, dans lequel tu peux passer une bien belle vie de retraité sans domicile fixe.

Ici chacun ramène sa chaise pour regarder les concerts, on le saura pour la prochaine fois. Moyenne d’âge 70 ans, mais il est 23h et ils sont encore en forme. Faute de pouvoir s’asseoir on part donc danser. Ça fout un peut la pression la danse en ligne, faut pas se planter de côté sinon tu fous en l’air tout le groupe. Et ils vont super vite. Niveau coordination de mouvement on en prend un coup sur nos égo mais les papis et mamies nous encouragent, et puis on a tapé dans l’oeil de Francis, un gars du coin de notre âge qui connait par cœur toutes les choré et qui va jouer de la basse avec le dernier groupe, alors on se dit qu’on doit être un peu cool quand même.

Ils ont un sacré sens du look les gens de la country. On croise des Johnny ParDeppi et Francis Lalienne à nuques longues, des santiags blanches, des cheveux roses fluos, des boucles de ceintures tête d’indiens, et des papis beaux comme des dieux, qui ont du en mâcher de la chique et dresser des juments folles.

Bernard Paquette, la star de la soirée entame une série de blagues plus grasses et misogynes les unes que les autres et enflamme le chapiteau. Mais nous on est déjà cramées depuis un moment alors on part au motel. Ambiance Tarantino Québécois, la vieille tenancière Diane, toute seule derrière son bar nous attend pour nous montrer les chambres. Elles sont merveilleuses. Une fresque faite main à la pastel orne notre mur, et la literie à fleurs ferait pâlir d’envie ma tatie Vivianne. On est vraiment gâtées.
Dernière discussion avec le seul client du bar, Maxime, un gars de 20 ans qui passe son temps à pimper son semi-remorque en hommage à son papi. « On verra après pour la blonde, la voiture d’abord » qu’il dit. Bonne nuit.

Jour 2, Samedi :

L’oeil vitreux et la gueule verdâtre au matin, on repart on the road direction Yamachiche.
Le soleil brûle mes cuisses, futur bronzage camionneur, on devient des vraies de la route. Yamachiche est une ancienne réserve d’indiens, il n’en reste que de belles et vieilles maisons américaines avec le rocking-chair devant la porte. On s’arrête devant une vente de garage. La petite mamie Gélina nous offre à chacune un médaillon de la vierge qui nous portera chance sur la route et pour avoir des enfants. J’ai aussi trouvé un super badge du festival de la galette de Sarrasin, et des vieilles photos d’école pour 25 cents.

On a maintenant banni les légumes de notre alimentation. Je ne sais plus si je suis bronzée ou sale, en tous cas les cheveux gras c’est bien pratique pour qu’ils restent plaqués en arrière. Ça fait un moment qu’on regarde plus nos montres, mais au festival on nous dit qu’il est 17h, et que c’est donc l’heure du souper. L’heure des frites quoi.

Ce soir on fait des rencontres incroyables. Daniel Dan nous a tout de suite tapé dans l’oeil avec sa magnifique chemise bleue et noire. Manque de pot on a raté son concert à 15h. Ce type a une histoire de vie incroyable. Ancien millionnaire, responsable d’une entreprise d’informatique, il se fout complètement du country à l’époque. Un jour, un de ses employés lui vole 4 millions, c’est la faillite. Du jour au lendemain, il décide alors de vendre sa maison, et s’achète un motorisé et deux guitares. À partir de là, la seule question qu’il se posera chaque jour avec sa femme, c’est de savoir si ils tournent à droite ou à gauche.
Et puis à voyager partout en Amérique, on finit par recroiser les même têtes. Les motorisés c’est un vrai gang de vieux. Ils se déplacent en bande et font la fête jusqu’à pas d’heure.
NO FUTURE.
La danse country est super chaleureuse, on s’en fout que le mari veuille pas danser, on aura toujours un copain à côté pour suivre nos pas. De notre bord, on commence à prendre le pli et à impressionner nos nouveaux copains.On rencontre aussi Martial, le président du festival. Il s’est construit un bar clandestin et organise quand il le veut des grosses soirées de beuverie sous fond de western québécois.

Tu peux voir un super live de Roger Gratton en cliquant ici honey

Martial est en feu, il nous dédicace une chanson et déboutonne sa chemise, de notre côté c’est l’hystérie totale.

C’est bientôt au tour de Mado d’aller chanter, elle a les sourcils dessinés et fait de la voyance à la radio. Elle nous montre en exclusivité son prochain album sous la table.
On rencontre aussi deux jeunes de notre âge, qui ne savent pas qu’ils sont hipsters, mais leur style vestimentaire est absolument parfait : veste sans manche en cuir avec un cheval brodé au dos, un teeshirt Pabst Blue Ribbon, chemise à fleurs, badges « meat is murder » (ils sont végétaliens), du grand art.
On pouvait pas rêver mieux, les gens sont tellement adorables, on voudrait tous leur faire des bisous.
On embrasse les meilleurs et on part dans notre nouveau motel. Celui comme dans les film ou le clip de Modjo, avec la voiture devant.

Jour 3, Dimanche :


Des étoiles dans les yeux et toujours plus de sucre et d’alcool dans les veines, on part ce matin en direction de Granby pour le rassemblement de la de Confrérie Mondiale de l’Omelette Géante. Entendre par mondiale, des délégations de Fréjus, Baissière, de L’Allemagne et même de l’Argentine. On déconne pas avec les œufs.
Pour les 25 ans de l’omelette géante, on a le droit à un orchestre philharmonique et une nouvelle recette à base de lardons et tomates séchées. VICTOIRE ON VA MANGER UN LÉGUME (séché).
Et voilà, on est sur des gradins à regarder 50 gars qui nous pètent 15 000 œufs en 20 minutes, c’est formidable. La poêle fait la taille de mon ancien appart à Paris. Y’a même une délégation des « petit cocos », 10 petits gamins qui pètent aussi des œufs dans une poêle à leur taille, mais faut espérer qu’on mangera pas celle là, parce que paye tes coquilles paumées dans l’omelette.

C’est très bon. (en fait ça manque de sel, notre corps est maintenant habitué à un taux de sodium beaucoup trop élevé).Mais il faut maintenant partir. En attendant de toucher (ou pas) la retraite un jour, c’est avec le cœur lourd que nous quittons les lieux, pleins de souvenirs dans la tête. Les gens étaient tellement gentils.Maintenant qu’on a goûté à la liberté, je sais que plus tard je plaquerai tout et que j’achèterai un motorisé pour faire comme Dan et ses copains. Merci les gars.

Les choses bonnes à savoir :

  • Le Festival de Yamachiche fêtait sa 9e Édition, avec son commanditaire Arthri-Stop (un spray contre l’arthrite)
  • Daniel Dan fait le lancement de son nouvel album le 20 Juillet à Drummondville.
  • Il y a 7 confréries dans le monde mais Granby est la maison mère du festival de l’Omelette Géante.

NB : Merci beaucoup à Milou Zévitch, ma compagnonne de route et de beuverie pour les photos. GROS BIG UP

BONUS SUPPLÉMENTAIRE POUR TOI CHOUPINOU : On a les photos mais aussi la vidéo !!!!!!!!!!!!!! Notre weekend de rêve en version animée, oui oui oui :

Country Music saves our lives

Ophelie

Ophélie est née en 1988 et un super putain de vélo. Leader de groupes de filles aussi ultra classes ( Fury furyzz et Mercredi Equitation), la jeune donzelle au casque d'or dorénavant chroniqueuse radio et constellée de tatoo fait parfois un peu flipper. Elle crie fort, quand même. Mais au cas où, rappelle toi ces propos: elle fait les soldes chez Jennifer, et possède la larme facile à l'écoute d'un bon vieux titre de son cd de dance machine 2001. Un coeur en chamallow on t'a dit.

Anna Wanda

Directrice Artistique et illustratrice
Anna est née en 1990 et se balade avec un collier où pend une patte d'alligator. Graphiste et illustratrice particulièrement douée (sans déconner), elle n'est pas franchement la personne à inviter pour une partie de Pictionnary. Toujours motivée et souriante, c'est un rayon de soleil curieux de tout et prêt à bouncer sur un bon Kanye West, tout en te parlant de bluegrass. Par contre, elle a toujours des fringues plus jolies que toi. T'as donc le droit de la détester (enfin tu peux essayer, perso j'y arrive pas). SON SITE PERSO: http://wandalovesyou.com