Cher pays de mon enfance,
Bercée de tendre insouciance,
Tu me fous le seum,
49,3,
Nuit debout,
Etat d’urgence,
Bavures policières,
Fouilles aux corps,
Migrants expulsés,
Exécutif abusif,
Manif,
Lacry,
Racisme,
Fascisme,
Sexisme,
Flemme administrative,
Manquements,
Paperasserie,
Manque de biff,
Enfant bâtarde,
je suis pourtant
fière
tres fière
d’être une de tes gosses
d’avoir grandie
avec des arabes,
des noirs,
des blancs,
des chinois,
des musulmans,
des juifs,
des mangeurs de porcs,
des bourges,
des prolos,
des kairas,
des pds,
des gouines,
des tatoués,
des cathos,
des bobos,
de façon à ne faire aucune distinction
paradoxalement
prendre chacun dans son entiereté
concevoir la complexité des identités
parce qu’on est tous différents
même quand on vient du même endroit
mais on écoute la même musique,
on danse les même pas,
on est allé à la même école,
on s’enivre du même alcool,
on s’enfume,
se défonce,
se baise,
parlons la même langue,
mélangée d’argot,
d’italien,
d’anglais
d’arabe,
de congolais,
d’allemand,
de verlan
mangeons les mêmes bentos,
mafés,
pizzas,
burgers,
tacos,
allocos,
sashimis,
accras,
currys,
pâtes à la fin du mois
grecs salade tomate oignons,
seules les sauces différent
On se soutient,
s’apporte,
mutuellement
On est tous tes gosses,
Qu’on t’aime plus au moins,
C’est pas une question d’amour tu sais,
C’est qu’on est vénère,
Parce que tu ne nous écoutes pas,
Et si tu daignes le faire
Tu ne nous fait pas confiance
Fais un effort steuplait
Oui, je t’aime
Et je te donne ce poème
Oui, je t’aime
Dans la joie et la douleur.
Douce France
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jeudi, 12 mai 2016