Ici le nouveau génie dépressif et mal baisé de la littérature française.
Un mardi de janvier. Bientôt moins vieille qu’aujourd’hui.
Dégustant, non sans plaisir, un chocolat viennois accompagné d’un cake à la banane. Si j’avais su qu’il serait accompagné de cette dose de chantilly j’y serais peut-être allé mollo sur le chocolat - injonction du corps parfait je crie ton nom !
Au chômage, plus pour longtemps, car au lieu de vivre d’Effexor et d’allocations chômage, les injonctions à la productivité et l’idée d’être intellectuellement épanouie par un boulot ont bien lavé mon cerveau.
Ce gouter tardif, c’est ma façon de fêter ma victoire sur ma banque, qui, après maintes menaces, a accepté d’augmenter mon découvert, aka ma dette envers eux et de m’accorder un chéquier et une vraie carte bancaire – adieu Visa électron.
Je vous ai pas dit, en plus d’être dépressive, j’ai été précaire et interdite bancaire pendant 5 ans. Merci la banque de France et le rétablissement personnel sans liquidation judiciaire. Y a pas que Michel qui a eu une vie pleine de tristes péripéties.
Ces gouters sont des moments doux et sans doute mon plaisir le plus couteux. Ils me manquent bien plus que le shopping quand je suis en période d’économies plus ou moins drastiques. Et puis n’oublions pas la mission d’entretien des kilos superflus qu’ils remplissent à merveille.
Ces kilos ne déplairont-ils d’ailleurs pas à ce mec avec qui j’ai un date dans 2h ?
En tous cas, ils ne dérangent pas cet ex, aussi tenace qu’agréable, qui m’a encore répétée ce matin ‘t’as de la chance d’être belle. »
J’ai beau lutter pour ne pas voir la critique partout, cela ne me semble pas suinter le compliment mais plutôt un « t’es relou mais heureusement que tu es jolie ça me permet d’avoir une raison de garder contact ». Ou alors le jeune homme est le roi de la litote.
Cet ex pourrait faire l’objet d’un bouquin à lui seul, tant il manipulateur, égomaniaque, condescendant et envahissant – quand il n’a pas décidé qu’être en contact avec moi est la pire idée de sa vie. Et pourtant, je le trouve attachant… C’est ma psy qui a encore une longue carrière devant elle !
Revenons plutôt à mon rdv de ce soir.
Et si, au lieu de me demander si je vais lui plaire et où cela va mener, je me questionnais sur la raison qui m’a poussée à m’envoyer un vieux plan cul hier et même à en relancer un nouveau, alors que ledit rendez-vous était déjà au programme ?
Pourquoi prévoir une rencontre avec un type qui semble être tout à fait sympathique et désireux d’apprendre à me connaitre si j’ai envie de coucher avec d’autres ?
Je ne crois pas être polygame, ni polyamoureuse comme disent les jeunes blancs cadres dynamiques, même si j’ai déjà songé à cette option et que chacun fait ce qu’il veut de son cul comme on dit.
Ce qui me guide, je vous le donne en mille, c’est la peur.
La peur d’être abandonnée, la peur de ne jamais être aimée, la peur de me tromper, la peur de perdre du temps avec le mauvais mec, la peur de passer à coté de l’homme de ma vie, la peur de pas être dispo le jour où cet ex aura enfin décidé de s’investir …
Je garde un plan sous le coude, je tire un coup au cas où le prochain ne se présenterait pas avant 6 mois. Et dire qu’il a fini avant que j’aie pu avoir un orgasme. A 45 secondes près, fait chier !
Je veux un plan de secours, un itinéraire bis en cas de foirage, le 112 du cul.
On sait jamais, si le garçon de ce soir n’est finalement pas le futur père de mes enfants mais une énième relation foireuse. Ou pire, s’il me proposait tout ce que je dis avoir envie de vivre mais que j’ai pas le déclic, le truc qui fait que, le feeling, l’étincelle. (spéciale dédicace aux L5)
Je préfère prévenir que guérir. Bonjour la confiance en l’amour !
Vous pouvez me juger, mais avez-vous avez déjà essayé de vous caser au cours des 10 dernières années ?
Ma dernière longue relation s’est terminée en 2010, le temps des prémices du changement de paradigme amoureux.
Depuis, on est passé d’une société où on n’osait pas quitter la personne de peur de jamais retrouver personne, à une autre où on refuse de s’engager, que dis-je d’essayer de voir ce que ça donne, de peur qu’en traversant la route on trouve mieux.
Je peux pas vous dire plus, on est dans la merde. Une bonne grosse constipation que même le plus profond des lavements ne parvient pas à calmer, au bord de l’occlusion.
Trêve de métaphore intestinale, j’ignore si je vais en sortir un jour.
Paumée au croisement entre « j’y crois plus », « je veux rencontrer the one », « j’ai faim il me faut un zizi » et « j’ai pas besoin des mecs j’ai mes potes et je dois me concentrer sur le boulot. ».
Aussi difficile que cela soit à croire alors que j’ai un vagin, j’ai le sens de l’orientation, vraiment.
Pourtant, je suis perdue, vraiment, je ne sais pas quel est le chemin à prendre. Je retourne la question dans tous les sens, me remets en question après chaque rencontre foireuse, je reste optimiste, sympa, drôle, agréable, je n’y crois plus.
Même si je dis que suis convaincue qu’un jour ça viendra pour moi, je n’y crois plus.
Alors que je sais qu’il y a des mecs bien, je n’y crois plus.
Si on m’a dit et répété que le meilleur moyen de trouver c’est de pas chercher, je n’y crois plus.
J’ai beau me répéter que ça ne vient pas de moi, que je leur fais peur, qu’un mec sera plus intelligent et ouvert que ça, je n’y crois plus.
J’entre avec beaucoup d’enthousiasme dans ma quatrième année d’analyse et pourtant je crois que je suis une cause perdue pour l’amour, condamnée à vivre d’antidépresseurs, de plans cul (, et de génie littéraire, comme Michel).