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lundi, 10 novembre 2014

I DID NOT HAVE SEXUAL RELATIONS WITH THAT WOMAN

Par
illustration

“I did not have sexual relations with that woman. No.

As 50 Cent would say, I just took her to the candy shop”

Pauvre homme. Avoir à s’expliquer devant les bonnes mémères républicaines d’Oprah. Même procès pour Tiger Wood, pardon les sponsors, pardon ma blonde avocate qui va bientôt collectionner tous mes Benjamin Franklin verts gagnés à me faire chier à viser un drapeau 18 fois par jour et à éviter les bacs à sable.

LA VÉRITÉ: UN PRINCIPE SORTI DE NULLE PART

Mais qui nous contraint à dire la vérité? Qui a établi dès le départ : “Bon les mecs, dans la vie, t’es obligé plus ou moins de retranscrire les faits tels qu’ils se sont passés”.

Moi je trouve que c’est un principe de grosse fouine.

C’est fait pour des gens qui veulent tout savoir du loup alors qu’ils ne l’ont pas vu. Bah t’avais qu’à foutre ton K-way sur le dos, tes bottes en plastoc et te promener dans les bois. Maintenant ce que j’ai vu ou fait, ça m’appartient, et je peux bien te raconter ce que je veux, je m’en cogne puisque t’y étais pas.

Bah non…t’es obligé de dire qu’elle est passée sous le bureau…de jurer sur la tête de Dieu, de jouer sur les mots, de parjurer, de te faire prendre pour un con par planète entière, puis de partir en sex rehab avec Michael Douglas.

Dieu est un personnage super pratique dans cette histoire parce que c’est un voyeur silencieux un témoin clé qui va soi-disant mener l’instruction à charge, avec vidéo, bandes audio, la totale. Comme un gros pervers à barbe, il se pose dans le coin de la pièce et il regarde. Je le suspecte d’envoyer deux trois miettes de pain sur le chemin pour voir si on va picorer. À sa place je ferais pareil, ça doit être trop tentant. C’est le syndrome queue de lézard, on lui coupe et on voit ce qui se passe, toujours un bon moment d’entertainment sadique. Alors imagine avec 7 milliards d’individus, y’a de quoi se marrer.

LA VÉRITÉ: UNE NOTION PEU COURTOISE

C’est aussi un principe de grosse feignasse la vérité.

“Mais raconte, comment c’était les vacances en Espagne?”. Tu te foules pas, tu dis exactement ce qui s’est passé : t’as loué une bagnole, t’as conduit 150 bornes et t’as vu la mer et englouti des calamars frits. Alors que si t’avais un peu de respect pour ton pote, t’éviterais de l’emmerder avec la banalité de tes congés. Si t’avais un peu de respect tu te creuserais la tête et t’inventerais un truc de dingue: “Écoute j’ai rencontré un prince arabe qui a racheté l’Alhambra de Grenade. On a fait une séance de spiritisme, j’ai rencontré ma grand-mère, elle chantait du flamenco, elle a même claqué ses talons sur la placha. Ensuite j’ai dressé une cigogne, j’ai tourné dans un Western Spaghetti en Andalousie avec Enrique Iglesias, il est pas aussi demeuré qu’on croit”.

Un minimum d’effort, une preuve syndicale d’amour.

Alors si Nico vous mène en bateau depuis des années, c’est pas qu’il veut se faire mousser ou qu’il vous prend pour une conne, c’est juste qu’il vous aime bien.

LA VÉRITÉ EST UNE FILLE VERSATILE

Puisque je vous dis que la terre est plate. Que le prince Harry est vraiment le fils de son père, que Ricky Martin aime les femmes et que Beyoncé ne fait pas de playback.

La vérité, c’est vraiment une tapineuse que tu vois tous les jours dans ta rue, à qui tu dis bonjour, tu files des clopes, et puis un beau jour elle se casse sans scrupule dans la rue d’en face. Tout ça parce qu’on a découvert qu’Elvis n’était pas mort ou qu’il y avait de l’eau sur Mars.

Moi elle me rappelle le chinchilla de ma copine, un rongeur enfermé dans sa cage qui s’agite en permanence et que tu ne pourras jamais caresser. Saloperie de bestiole insaisissable.

Alors pourquoi lui faire une confiance aveugle, si c’est pour qu’elle te morde des deux incisives?

Je sais ce que vous allez dire… Et si Dr. Mamour, la main sur vos radios vous dit que vous n’avez rien alors que vous avez une péritonite aigüe qui vous dévore au même rythme que vous gobez les Dragibus noirs ? Là…oui…éventuellement une pointe factuelle serait la bienvenue.

Mais quand la fiction ne fait pas de mal, ni à celui qui la dit, ni à celui qui l’entend, où est le problème?

Qu’est-ce ça pouvait bien nous faire que Bill et Monica discutent de la convention de stage?

- À nous rien

- À Bill du bien

- À Monique une bonne lettre de recommandation du patron du monde

Désormais soyez sympa, dites n’importe quoi.