En ce moment, je tente de tuer, avec beaucoup d’amour, la femme parfaite en moi. Cette femme qui n’a jamais existé, n’existe pas, n’existera pas.
Perfectionnisme : l’autre nom de la haine de soi, de la pseudo quête du dépassement de soi, l’autre nom de la peur de faire et de ne pas faire, de la peur de la vie. Perfectionnisme : pulsion de mort. Même le terme « excellence », que j’ai « appris » (la famille-l’école-la société) à chérir, à courtiser, à rechercher, est en fait dangereux : il est au mieux coquetterie, plaisir d’esthète, au pire ton arrêt de mort.
Ce terme « perfection » dans cet adjectif qualificatif commun, c’est la trahison de l’humanité en soi, c’est se croire et se faire le singe de Dieu, et ce faisant, nier en soi l’imperfection intrinsèque (ne pas en parler, ne pas s’en vouloir toute la vie – à quoi bon ?), et la beauté du fragile, impermanent, vulnérable.
Derrière le « perfectionnisme » : la tentation impossible d’être le bébé parfait (celui qui ne fera pas souffrir sa mère), la petite fille parfaite (celle qui rendra heureux son père), l’élève modèle, parfaite (celle qui justifiera le choix de carrière du professeur), la petite amie parfaite (celle qui est belle, gentille, et pleine d’attentions), l’amie parfaite (la confidente, la prévenante), l’employée parfaite (celle qui rend l’entreprise plus productive, plus florissante), l’artiste parfaite (inspirée, habitée, heureuse), la chercheuse de vérité parfaite (position du lotus, méditation d’une heure trente, retraites régénérantes), la mère parfaite (celle qui répond à chaque besoin de son enfant, en temps réel, tout en poursuivant ses autres rôles parfaits). Car les rôles se cumulent, le perfectionnisme devient exponentiel, chaque instant plus dur, plus exigeant que le précédent.
Perfection, le matin au réveil (la ponctualité, la beauté, le sourire, la préparation du jour, le soin des siens)
Perfection, le midi (le sport, le rapport, le rendez-vous, le repas équilibré, l’appel à un ami)
Perfection, le soir (la préparation du repas équilibré, le temps de qualité avec sa famille, la lecture du livre, le sexe fougueux, la nuit de huit heures)
Perfection, en vacances (la trinité Déconnecter, Profiter, Se faire plaisir)
« Oui » aux autres, au père, au chef, au mari, à l’enfant, à l’ami. « Oui ». Quand cela dit : pourquoi pas ? Pas tout de suite. Et moi ? Je ne sais pas. Peut être. Reparlons en. Non. Demain. Hier.
C’est quand, l’heure de soi ?
Le corps qui crisse, qui crie, qui veut faire dérailler la machine bien huiler, sortir des rails.
A l’heure de soi : et je m’entends grogner, et je vous entends siffler – ça n’est pas de l’égoïsme, c’est l’exact inverse.
Vase vide tendant vers le parfait – seule l’heure de ta fêlure n’est pas connue.
Masque triste aux commissures tirées, mécanique – seule l’heure de ta chute n’est pas connue.
Corps raide aux gestes qui s’enchaînent – seul l’heure de ton cri de douleur n’est pas connue.
Cœur creux
Ne plus attendre, un jour : d’être parfaite, pour être heureuse.
Un jour, je n’aurai plus de vergetures, je saurai quoi faire de moi, j’aurai trouvé la lumière, je saurai jongler avec mes différents rôles, j’aurai le poids idéal, j’aurai un équilibre, je rencontrerai la bonne personne pour moi, j’aurai une promotion au travail, j’aurai un garçon après avoir eu une fille, j’écrirai un livre avant X ans, je saurai faire le poirier, j’aurai un site magnifique, à mon image.
Ce jour, jamais n’arrivera. Et quand bien même il arriverait : autre chose, toujours autre chose, pointera ma profonde imperfection, que j’interprèterai, à tort, comme de la médiocrité, de la bassesse.
Pas assez bien. Pas au niveau. Pas prête.
Fuck la perfection. Le blasphème : se croire parfait, ou suffisamment perfectible pour l’atteindre.
Le fantasme de l’état : atteindre un état de grâce. Un plateau. Un moment, un espace, où « tout serait parfait ». Devenir intouchable…
Dans le développement personnel, même là – cela prend des formes pernicieuses : il y aurait certaines manières de « grandir », d’être « spirituel »…
Le perfectionnisme touche tous les domaines de la vie, il ne se cantonne pas à un champ, un type de sentiment. Il réorganise les émotions, sentiments, il ré-ordonne la vie autour de lui, autour de ses diktats. Il hiérarchise les émotions : la souffrance, plus haut que la joie. L’effort plutôt que le soupir d’aise. La douleur avant, à la place du plaisir.
Joie, plaisir, grâce, désir, exaltation, amour : un jour, peut être, si tu es sage, après la perfection. Et comme la perfection, ça n’est jamais… Un horizon inatteignable. La barre s’élève avec les jours, les défis, les projets, les âges de la vie. La barre se démultiplie, touche chaque champ. Cloisonne. Compartimente. Classe. Donne de fausses priorités. La promotion professionnelle, avant (à la place de) la santé mentale. L’enfant, avant (à la place de) ce projet créatif qui vous fait rêver. La relation intime avant (à la place de) la relation à soi. L’aide avant (à la place de) le soin de soi.
Avec le perfectionnisme, « avant » signifie « à la place de » : comme aucun état n’est jamais atteint… Et si l’on frôle la « réussite » d’un objectif, le perfectionnisme en trouvera toujours un autre. Il te faut maintenant : un troisième enfant, une équipe plus grande, un nouveau cours de danse, une relation plus riche, un compte en banque mieux fourni.
Le perfectionnisme, c’est cette courbe, cette asymptote : toujours tendre vers, jamais l’atteindre. Cela ne fait pas son charme, c’est son principe de mort. Il grignote les meilleures.
Il n’aime pas le présent. Le présent n’est jamais, parfait, tel qu’il est, toujours perfectible. Le perfectionnisme souffle, te murmure :
attends que tes larmes sèchent.
Attends d’être prête.
Attends d’être belle.
Attends d’être mère.
Attends d’être en CDI.
Attends d’être heureuse
Attends d’avoir fini cette formation.
Attends qu’il te demande en mariage.
Attends la retraite.
Attends le changement de gouvernement.
Attends que cela se calme.
Attends qu’il ait pris son bain.
Attends qu’elle entre en CP.
Attends de changer de couleur de cheveux.
Attends de rencontrer de nouvelles personnes.
Attends d’avoir un appartement plus grand.
Attends d’avoir un chat.
Attends d’être bien habillée.
Attends qu’il te rappelle.
Attends de passer à temps partiel.
Attends d’être prête.
Attends d’avoir quinze ans.
Attends de quitter Paris.
Indice : ça n’arrivera jamais. Le perfectionnisme te trouvera, toujours, une nouvelle mission, qui te semblera indispensable pour poursuivre, pour atteindre, pour arriver.
Il te fait fuir qui tu es, il te pousse hors de toi, vers ce que tu n’es pas. « Pas encore », te susurre-t-il, perfide. « bientôt ». « tiens bon ». « apprends avant de parler, de vivre, de faire ».
Il se niche derrière tes plus belles excuses.
On retrouve le scandale de la préparation. La vie, non pas comme expérience à vivre, mais comme course d’obstacles. La jambe, levée un peu plus haut chaque fois.
C’est un démon paré des plus grandes vertus et des meilleures intentions : progresse. Avance. Deviens meilleure que tu n’es.
Le perfectionnisme en toi, c’est la partie de toi qui ne t’aime pas, toi – toi et ton imperfection consubstantielle. Il n’aime pas : la longueur de tes jambes, la couleur de tes cheveux, tes fréquentations, le travail dans lequel tu es, l’endroit où tu vis, ton désir du moment. Car cela peut, toujours, être « mieux ». Demain, ailleurs.
Le perfectionnisme vide le présent, la seule temporalité qui est tienne, pour vivre, désirer, sentir, grandir, de son sens.
Maintenant n’est jamais le bon moment, pour lui.
Ici n’est pas le bon endroit.
En écrivant cela, mes lombaires grognent (je vous aime, chères lombaires) – j’y lis le cri du démorgorgon, de ma gorgone interne, de Miss perfect en moi, je jette l’acide du présent, de son plein et de sa beauté.
Je jette la lumière crue de mon imperfection présente, écriture fébrile, temps désoeuvré, cheveu hirsute, saisons du cœur, sur ses mots faussement bienveillants.
Le perfectionnisme fait semblant d’aimer tes projets, il te laisse t’y intéresser, pour mieux t’en détourner : « Pas mal, mais es-tu sûre que c’est vraiment ce qu’il faut que tu fasses ? » « Mmmmh, pourquoi pas, mais il faudra que tu te formes, pour être légitime à vouloir cela ». « Tu as déjà essayé par le passé, tu te souviens ? Ca n’avait pas été concluant. Tu avais abandonné, je crois ». « Attends avant de contacter cette personne qui t’inspire, ou qui t’intrigue. Attends d’avoir quelque chose d’intéressant à dire. Attends d’être autre que tu n’es. »
Si tu te demandes qui se cache derrière tes projets avortés, tes envies non suivies d’effets, tes rêveries sans lendemain, les inquiétudes face au lendemain, la nostalgie qui t’enferme, l’interdiction que tu t’auto-infliges à dire « oui » ou « non » : c’est lui.
« Oui mais ». Il conditionne tout. Chaque geste, chaque souffle, chaque instant, à un changement de ta part.
C’est le Non-Etre. Il frappe tout ce qu’il touche du sceau de l’imparfait, du non convenable. Rien ne trouve grâce à ces yeux, sauf ton effort douloureux à être autre que tu n’es.
Je développe ici, un peu plus à chaque instant – c’est difficile, j’apprends – le sens de ma propre grandeur. Sans faux semblants. Je t’enjoins avec beaucoup d’amour, à en faire autant.
N, une chère amie, m’a dit un jour : on arrête la fausse modestie. C’est une « valeur » creuse, pernicieuse, qui évide le sens de soi. J’avais retenu ses paroles, sans les appliquer véritablement.
Le perfectionnisme empêche de demander du soutien, de l’aide : « tu peux faire toute seule ». « si tu ne fais pas seule, tu fais aveu de faiblesse, tu montres que tu n’es pas autosuffisante ».
NON, je ne suis parfaite.
OUI, je suis imparfaite.
OUI, je suis grande.
Et, et. Les deux.
Largue le perfectionnisme. Démantibule le. Ebouillante le. Prends le dans tes bras, et brise lui le cou. Souffle ton amour sur ses braises souffreteuses. Ecarte le d’un revers de la main.
Lâche la perfection.
Lâche hier et demain.
Lâche le résultat.
Lâche la « bonne méthode ».
Lâche la préparation.
Lâche les rôles et les jeux de rôles.
Lâche ton goût obscur pour la souffrance, pour la culpabilité.
Laisse les choir, au sol.
Tout le monde s’en trouvera mieux, à commencer par toi.
Embrasse tes « défauts »
Embrasse tes qualités, tes talents.
Embrasse le présent.
Embrasse ton art, ce qui te donne de la joie, présentement.
Contre le perfectionnisme, quelques antidotes, au quotidien (sans attendre) :
- La gratitude. J’honore celle/celui que je suis, j’honore là où je suis. J’honore les êtres avec qui je suis. Je me remercie d’être en vie (et Dieu, et ma famille, et qui vous voulez). La gratitude, c’est reconnaître que ce qui est, est bon. La beauté, la bonté de ce qui est déjà là. On ne remercie pas pour le cadeau à venir. On ne se remercie pas de vouloir maigrir : on chérit son corps, ses formes telles qu’elles se présentent, telles qu’elles sont présentes.
- La présence : à soi, aux autres. Je suis telle que je suis, au moment présent.
- L’action. Consciente, réfléchie, menée depuis ton cœur.
- Le chemin, même le cheminement, plutôt que l’objectif, le résultat. Le devenir. Chéris ton devenir. Chéris celui que tu es, et celui qui change à l’instant même où tu es. Ne t’accroche pas outre mesure à l’ancien. Ne reste pas buté sur un objectif futur.
(oh, la beauté des gens qui traversent, devant mon bureau précaire, à travers la fenêtre sur la rue. La beauté des regards interrogateurs. La beauté des poussettes poussées, des bras dessus bras dessous, des mentons dans les écharpes, des cafés en terrasse, de la cigarette sur laquelle on tire, des cernes. Aujourd’hui. Maintenant.)
En lâchant le perfectionnisme, je ne lâche pas la quête de changer, l’exigence, le beau. Simplement, je me nourris depuis un autre endroit, depuis le cœur.
Le perfectionnisme se niche dans ton ego, dans le mental. L’action éclairée, mue par l’amour, éclot depuis ton cœur, ses élans, sa joie.
Je me regarde dans l’écran de l’ordinateur. J’embrasse mes cheveux blancs, et mes cheveux noirs. J’embrasse les rides qui parcourent mon front, et la profondeur de mon regard. J’embrasse le pli amer, et le charnu de mes lèvres. J’embrasse les cernes sous mes yeux, et mes taches de rousseur. J’embrasse mon double menton, et la finesse de mon cou. J’embrasse la beauté du collier yéménite, et ma chemise toute froissée. J’embrasse la solitude de mon silence, et le beau brouhaha du café. J’embrasse mon âge présent, et j’honore mes âges passés. J’embrasse ma mélancolie, et ma joie. J’embrasse ce reflet gris clair, ces jeux de contrastes, la peau blanche, le cheveu noir, la solitude dans la foule, la douleur mâtinée d’espoir, la maladresse de mes mots et leur authenticité, la sécheresse de mes longs doits fins, l’immense chance fragile de ma présence au monde, en cet instant, le venin craché au fond des lombaires, la nonchalance de mes jambes, l’élégance et la maladresse, la peur de mal faire et le faire quand même, la peur des autres et l’amour des autres, ma féminité et mon masculin. Pour la belle imperfection de l’instant. Pour l’équilibre précaire, toujours remis en jeu. Pour l’amour de la tentative. Pour les possibles qui couvent et qui naissent et qui évoluent.
Ce besoin de déconstruire. Ce besoin de dire. Ce besoin d’embrasser. Ce besoin de jouer et d’accepter le jeu. Ce besoin d’accueillir. En soi.
Le perfectionnisme veut que tu te retiennes. Que tu ne te livres pas. Que tu ne te donnes pas pleinement à l’instant, à toi, à l’autre, au profit. Que tu fasses des provisions, des projections, des conjectures. Des plans sur la comète.
Tiens toi sous le néon. Sous la lune. Dans le parc. Tiens toi, contiens toi, embrasse toi, accueille toi. Laisse toi sentir. Respire. Ne décrète plus rien.
J’écris pour moi. J’écris pour toi. J’écris pour me faire du bien. Je ne sais pas si cela me fait du bien. J’écris sans destination préconçue. Je ne sais pas qui je suis, ni où je vais. Pour la première fois peut-être, j’apprends à accueillir de ne pas savoir – qui je suis, où je vais. J’assume de ne pas savoir qui je suis, ni où je vais. J’assume de ne pas utiliser le perfectionnisme en guise de boussole, d’horizon. Je suis mon propre étalon. La boussole est en moi, pas à l’extérieur. Je suis assez bien.
Mal aux lombaires, cela crisse. Cela n’est pas habituel. Quelque chose, quelqu’un, meurt. C’est très bien ainsi.
Adieu, perfection. A jamais, perfectionnisme.
Il n’y a pas de bonne réponse. Il n’y en a jamais eu. C’est un leurre douloureux de penser l’inverse. Il n’y a que toi qui respire, assise ici, qui…
Soupir. Starfallah. Comme c’est bon d’écrire tout cela. Comme c’est dur. De laisser partir. « c’ » est encore là. C’est si ancré. Dans la famille. Dans mon parcours. Dans l’inconscient collectif.
J me dit : tu quittes le royaume de la performance.
L’art, la création, c’est l’inverse de la performance. Du connu. C’est plonger. C’est une autre forme d’engagement.
« You committed to the perfection, to the performance. I want you to commit to something different – to yourself, to your art ».
Le diable se cache dans la perfection. C’est le faux visage de Dieu. C’est la grimace du démiurge, comme dit Pacôme T.
Le courage, le risque, l’engagement, se situent dans la confiance en soi comme mouvant, incertain, imparfait – la confiance en la vie comme flux mouvant, incertain, imparfait. Ou parfait dans son imperfection.
Seules deux certitudes :
- Tu es vivant, au moment présent. Toi. Ici. Maintenant.
- Tu vas mourir.
Entre ces deux pôles : les possibles. La joie. L’incertain. L’imparfait. Le cheminement. La tentative. Les portes ouvertes, fermées, ré-ouvertes. Les fenêtres. Les gens. Les envies. Les mercis. Les pointillés.
Jouer le jeu, depuis toi. En étant toi. Ne te méprend pas sur l’injonction à être toi. On parle de toi, maintenant, tel que tu es : avec tes doutes, ton corps présent, l’insomnie de la veille. Et cet accès à la source en toi, si tu rapproches l’oreille, et écoute avec l’ « oreille de l’oreille », ce qui sourd dans ton cœur.
J’ai mal en écrivant cela. Car quelque chose meurt en moi. Quelque chose qui est moi et n’est pas moi. La nostalgie du parfait…
Je tente de la retrouver sous d’autres formes, plus vivantes : la tentative. La création. L’ouverture à l’autre. La réception. Le don.
La boussole de la boussole : sous les conditionnements, trouver, chérir, aiguiser la baguette de sourcier – pour retourner à la source.
Laisse les boussoles se briser.
Je suis bien ici, dans ce café, avec moi. Je pourrais peut être me lier à des personnes, parler, rire, rencontrer. Je ne suis obligée de rien. L’obligée de personne.
Derrière le perfectionnisme, se niche la culpabilité : le sentiment, la passion triste qui compare ce qui est à ce qui « devrait être ». et rend malheureux.
Lâcher la culpabilité. Ne pas s’excuser de vivre, d’exister, d’être qui on est.
En écrivant cela, je sens que se réactive la lutte, en moi, entre l’amour et la peur. La confiance et l’angoisse. La joie et le perfectionnisme. La pulsion de mort, et la pulsion de vie. Cela fait un peu mal. C’est merveilleux. J’accueille. J’accepte. Je ne juge pas. Je vis cela.
Derrière la vitre : une petite bonne femme, comme un double, frisé, souriant, en baskets, arty, imparfait.
Personne ne sait vraiment ce qu’il fait.
(on me regarde. Je baisse encore les yeux. Encore peur de moi. Encore peur des autres… It’s fine. On my way. Embracing the fear. Embracing the shyness. Embracing the doubts. I can embrace everything. Peur d’être vue vraiment.)
hamdoullah.