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mardi, 30 juin 2015

J’AI RÊVÉ DE LIBERTÉ

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Dans la vie, y a des bouquins qui squattent ta bibliothèque ou ta table de chevet pendant des mois, sans même que tu ne les ouvres, ou leur jette un pauvre coup d’œil.

Va savoir, une couverture moche, ou un pote qui t’a trop répété que c’était « un classique, qu’il faut absolument que tu le lises, que tu verras, que c’est génial ». Bof, après plusieurs tentatives,décidément le laideron en couverture ne te tente toujours pas.

Puis il y a d’autres bouquins qui créent une dépendance que tu ne trop saurais expliquer. Un intérêt particulier pour l’intrigue, une histoire qui fait rêver…

Il y a quelques jours, j’ai commencé un livre, « Nous rêvions juste de liberté », d’Henri Loevenbruck. Et je n’ai pas su m’arrêter, je n’ai pas pu le reposer. J’ai été aspirée, j’ai avalé les pages comme on avale des kilomètres. Depuis il me hante et quelques-unes de ses phrases, de ses mots, me reviennent en mémoire.

Son histoire est celle de nombreux autres, qui comme nous ont tant rêvé de liberté.

Son histoire est celle d’un jeune garçon, amoureux du rock’n’roll. Hanté par la mort de sa petite sœur, bouffé par une relation haineuse avec ses parents. Ce jeune gosse parfois maladroit et souvent timide, rêve d’ailleurs, quand sa réalité le ramène à sa petite caravane, aux murs déchirés, qui lui sert de chambre au fond du jardin.

Ado, il rencontre une bande de gosses à son image, avec lesquels il lie des liens d’amitié coup de foudre. Ensemble, ils font les 400 coups ou presque. Ils fument, ils réparent des bécanes, ils écoutent de la zic, bouquinent… Ils cambriolent des baraques, pissent dans des bagnoles. En ville, leur bande est mal vue et parce qu’ils sont ces sales gosses que la vie n’a jamais gâté, partout où ils passent, on leur cherche des emmerdes.Surveillants généraux, flics, bandes rivales…

À force de coups de gueule et de coups de bâton, ces quatre gosses s’endurcissent et le narrateur se transforme peu à peu, passant d’un enfant naïf à un ado plus sûr de lui. Un ado qui en amarre de bouffer la poussière.

Ensemble toujours, ils réussiront à se construire un univers aux couleurs d’Ailleurs et au carrefour de leur vie, certains décideront de se casser, de prendre la route, à moto, abandonnant sur place ce qui leur reste de famille, y laissant un bout de leur cœur ou de leur esprit.

Sur la route, ils continueront à se prendre les pieds dans le tapis, mais ils se relèveront toujours. Certains plus endurcis, d’autres plus remontés. Ils traverseront ensemble de nombreuses épreuves, la drogue, l’amour, la mort et la trahison, qui toutes leur permettront d’éprouver leur fraternité.

Cet ailleurs qu’ils ont tant imaginé, ils le construisent au fil des pages tournées, des routes et des paysages traversés. Ces valeurs, ils en feront leurs couleurs, cousues au dos de leurs blousons, signifiant leur appartenance. Leur occasionnant parfois quelques emmerdes.

Leur histoire raconte ainsi la naissance d’un club de motos.Leur histoire raconte aussi celle d’une fraternité. Mais plus que tout, leur histoire est celle de la liberté. Ce gros mot qui fait souvent sourire et qui pourtant nous fait tous rêver.

Avec ce bouquin, on apprend qu’elle s’achète à la sueur du front et du cœur.

L’histoire d’Hugo et de ses potes pourrait finalement être la nôtre. Car même si elle nous transporte sur les routes salement poussiéreuses des Etats-Unis, elle raconte l’histoire de tous ceux qui ont su choisir, où qu’ils soient. De tous ceux qui n’ont pas renoncé et qui sont partis à la conquête d’un Ailleurs incertain, quitte à tout plaquer.

Écrit à grand renfort de mots simples et de sensations fortes,« Nous rêvions juste de liberté » ne m’a pas lâché.

Ann-Flore

Ann-Flore est née en 1990 et possède une superbe collection de papillons sous verre. Si cette jeune banlieusarde (qu'il est moche ce mot) rêve de monter une friperie spécialisée dans les années 50 et 70, elle termine pour le moment ses études et navigue entre communication et rédaction. Elle a en plus la gentillesse d'être réactive et rapide, ce qui n'est PAS FRANCHEMENT LE CAS de la majorité d'entre nous.

Anna Wanda

Directrice Artistique et illustratrice
Anna est née en 1990 et se balade avec un collier où pend une patte d'alligator. Graphiste et illustratrice particulièrement douée (sans déconner), elle n'est pas franchement la personne à inviter pour une partie de Pictionnary. Toujours motivée et souriante, c'est un rayon de soleil curieux de tout et prêt à bouncer sur un bon Kanye West, tout en te parlant de bluegrass. Par contre, elle a toujours des fringues plus jolies que toi. T'as donc le droit de la détester (enfin tu peux essayer, perso j'y arrive pas). SON SITE PERSO: http://wandalovesyou.com