L’hiver, quand il est 18 heures, il fait nuit, et j’ai carrément froid. La plupart du temps, j’ai revêtu mon legging, il est ni gris ni vert, je pense que la couleur exacte est “dégueulasse”. Sur les genoux j’ai une petite couverture tricotée par des indiens genre commerce équitable, et je bouffe une clémentine les larmes aux yeux.
Et je pleure pas parce que ça pique (non c’est cool et super bon les clémentines), juste parce que c’est l’hiver.
Et l’hiver, j’angoisse.
Comme pour le vin, mes angoisses ont de grandes cuvées. La 1999 a lancé les hostilités. J’ai passé deux mois à pleurer sous mon poster d”’Elle est trop Bien” parce que je venais de découvrir que Dieu était pourri (bye-bye le catéchisme et bonjour LE NÉANT) et que j’allais, comme tout le monde, forcément crever.
On m’a donné des cachets aux plantes, et on m’a dit que ça allait passer.
C’était vrai.
Celle de 2009 n’était pas mal non plus. Après trois semaines à ne plus dormir du tout, trop occupée à ruminer l’année de merde que j’avais vécu (rupture/ arrêt des études/ perte du travail/ et tu fais quoi de ta vie maintenant Marine), j’ai pris toutes mes valises, les vraies et celles sous mes yeux, et je suis retournée vivre pendant trois gros mois chez Papa Maman, en mode bien merdique. Pendant que dans ma tête tournait non stop un “QUE VAS TU DEVENIR MARINE, TU N’AS AUCUN PROJET PROFESSIONNEL, PERSONNE NE T’AIMERA PLUS JAMAIS ET EN PLUS TA FRANGE NE REPOUSSE PAS ASSEZ VITE”, j’essayais de reprendre un peu pied en passant mes journées à lire dans le salon, fliquée par mes parents qui venaient à tour de rôle me frotter le haut de la tête avec un “allez, ça va passer pupuce” (ça va, vous aussi vous avez surement des surnoms de merde)
Ils avaient raison. Cela a fini par passer aussi.
Depuis, aucun coup de mou hivernal n’a pu rivaliser avec les précédents. Ils sont dorénavant assez nuls, et je passe maximum une journée, plus souvent deux heures, à chouiner et c’est la plupart du temps parce que je regarde un épisode de Tous Ensemble un samedi où il pleut un peu trop fort (La solidarité, ça m’émeut, DESOLÉE).
Et ça, c’est du au fait que j’ai développé au fil du temps des techniques, que je m’apprête à dévoiler rien qu’à toi. Si, au moment où tu lis ce texte, il est 16 heures, que tu es vêtu d’un pijama qui pue et que tu écoutes Jeff Buckley en mangeant de la pizza froide, considère cet article écrit rien que pour toi.
LES MEILLEURES ASTUCES POUR DIRE MERDE A LA DÉPRIME HIVERNALE, TESTÉES ET APPROUVÉES PAR TA COPINE MARINE
1- BLINDER SON EMPLOI DU TEMPS
La déprime, c’est le moyen qu’a trouvé ton esprit malade pour t’occuper quand tu as trop de temps libre. Pour le feinter, la solution est identique à celle que tu employais quand Shanissa, la gamine d’un an et demi que tu gardais, te courrait profondément sur le haricot. Il faut l’occuper. Fais rêver ton cerveau, surcharge-le de trucs à faire jusqu’à ce qu’il soit crevé et qu’il s’endorme. A minuit, au fin fond de ton lit, au lieu de ressasser un truc qui ressemble à “je n’ai rien fait de ma vie, il ne me reste que 60 ans avant de finir en maison de retraite à attendre que ma conseillère client Bouygues Telecom m’appelle”, ta dernière pensée penchera plutôt vers le “ Putain, ma lessive…Pff, tant pis, je mettrai ma culotte à l’envers pour le boulot demain”.
2- SE PLAINDRE
Se plaindre en compagnie de gens gentils et compréhensifs est vraiment un truc ultra génial. Va boire un verre avec tes vrais amis (pas les pourris hein, les autres, ceux qui ont le courage de te dire quand ta jupe te fait un gros cul), et liste leur tout ce qui ne va pas dans ta pauvre petite vie. Premièrement, le fait de l’expliciter à haute voix va te démontrer qu’en fait, ce n’est pas si intéressant et important que ça (désolée, fallait bien que quelqu’un te le dise). De plus, si tes copains sont aussi cools que les miens, ils te balanceront surement un “T’en as pas marre ?Tu devrais plutôt penser à te bouger au lieu de nous saouler avec tes problèmes merdiques. FERME LA ET AVANCE”. Génial, toi qui voulait une bonne raison de taper un scandale, la voilà sur un plateau d’argent. Tu pourras leur balancer ta bière dessus et partir vite en te demandant POURQUOI PERSONNE TE COMPREND. Ca fait toujours du bien, et cela ne t’empêchera pas de t’apercevoir une heure plus tard qu’ils ont tout à fait raison.
3-APPELER MAMAN (marche aussi avec les papas, mais le mien à part pour faire du vélo il n’est pas très doué)
“Tu sais pupuce, être maman, ce n’est pas qu’avoir des enfants, c’est aussi gérer le service après-vente”. J’adore ma maman. Mes copines peuvent me sermonner des trucs qu’il m’arrive de trouver raisonnables et vrais, mais quand ma maman me le dit au téléphone, je fais des mouvements verticaux avec ma tête et je ne l’ouvre pas. Voilà. Tout ce qui sort de la bouche de ma mère est du pur génie cartésien et logique. Même si ça vient de la part d’une femme qui a des cheveux orange et qui a décidé de passer sa vie avec le mec le plus insupportable du monde, AKA mon daron (bisou papa). N’empêche, si elle m’assure que je m’en fais pour rien et que c’est pas grave, elle a raison. Fin de la discussion.
Et viens pas contredire ma reum, okay ? POUR QUI TU TE PRENDS CONNARD
4- LES CACHETONS
Je ne voulais pas prendre de médicaments au début. J’étais persuadée d’être autre chose qu’un tas de molécules, que j’avais juste réfléchi à la vie et que j’avais pu comprendre sa complexité, alors que les autres se cachaient derrière le mensonge pour éviter d’affronter la réalité. Non, je n’étais pas déprimée. Je découvrais la VÉRITÉ DE L’EXISTENCE. Rien que d’écrire cela me rappelle que je suis parfois complètement conne. Les cachets qu’on te prescrit quand tu ne vas pas bien (et que tu arrêtes quand ça va mieux), c’est vraiment le meilleur truc à faire quand les autres techniques n’ont pas marché. Tu le constateras par toi même, ta vie est merdique à l’identique, parfois pire, mais le point positif, c’est que t’en as vraiment plus rien à foutre. Mais rien du tout. Le fonctionnement des cachets est assez simple. Ils répondent à toutes tes questions existentielles et les trucs qui t’angoissent par “c’est pas grave” ou « on s’en tape ». Meilleures réponses à des questions qui, de toute façon, n’en ont pas.
5- AVOIR UN CHIEN
Hihihihi. Les chiens sont les êtres les plus cools du monde. En plus d’être sympa et tout doux, les toutous ne te jugent pas. Par contre, ils t’obligent deux fois par jour minimum, qu’importe le temps, à mettre le nez dehors et donc, à cotoyer le monde extérieur. Merci à Ninou qui à chaque fois que je veux me morfondre sous ma couette, me force à sortir, et fait tellement de conneries que je me retrouve la plupart du temps à m’excuser benoitement devant des vieilles entortillées comme dans un gonzo dégueu avec la laisse de mon clébard. Ya pas à dire. Avec un chien, on rigole toujours bien.
6- DEVENIR CUCULOVE
Tu sais ce que tu ne fais pas quand tu te demandes si tu as bien fait d’envoyer bourrée ce SMS « Cétait vraiment chouette ces petits vins blancs, bonne soirée, bisou » plutôt que « Merci pour ce verre, à bientôt j’espère » ? Bah c’est penser. Et ça se voit, putain.
7- LES AUTRES TRUCS
Il y a aussi les machins de Psychologies Magazine. Je te les liste vite fait parce que c’est chiant. Prendre du magnésium/ boire du jus d’orange/ faire bien attention de prendre 40 minutes de soleil dans la gueule pour la vitamine D/ faire des exercices de respiration/ se mettre au sport/ se dire qu’on s’aime.
8- ECRIRE POUR RETARD
On t’a dit qu’on était en manque de rédacteurs ? ON EST EN MANQUE DE REDACTEURS PUTAIN, ALORS T’ARRETES TA VERSION 2008 DE BRITNEY SPEARS ET TU VAS PRENDRE UNE DOUCHE ET M’ECRIRE UN TEXTE.J’AI PAS LE TEMPS POUR TES CONNERIES DE DEPRESSOS, OKAY ?
IT’S ANGRY BRITNEY BITCH
