Il y a peu, Marie, de Teazine, a écrit un article sur comment Austin était une ville géniale. Quand je l’ai lu, j’ai pensé qu’il fallait absolument que j’écrive une réponse, comme Sinead O’Connor et Miley.
Ça fait presque trois ans que j’habite à Austin et c’est vraiment une ville surestimée. Tous les quatre matins il y a une publication débile qui fout Austin dans un top dix quelconque, et il y a deux cent connards par semaine qui y déménagent ce qui en fait la ville à la croissance la plus rapide des États-Unis.
Mais ce que tous ces gens qui déménagent ici ne comprennent pas, c’est qu’Austin c’est vraiment une ville pourrie, mais bien sûr, ça ne se voit pas en deux semaines pendant SXSW.
Alors pour que vous évitiez de déménager ici pour ensuite vous rendre compte que c’était carrément un mauvais plan, je vous ai concocté une liste détaillant chaque raison qui fait d’Austin une ville de merde.
Note: Je ne suis pas native d’Austin et j’y ai déménagé par choix, ce qui veut dire que j’aime habiter ici - cet article est purement une démonstration du fait qu’Austin peut aussi être une ville pourrie comme toutes les autres villes du monde.
- C’est au Texas
Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais le Texas c’est probablement un des pires états des États-Unis. On est en 2013, et il est question de rendre l’avortement illégal, d’enseigner aux enfants que Adam et Ève étaient les premiers êtres humains et qu’ils cohabitaient avec les dinosaures, d’autoriser le port de l’arme à feu au lycée; et il n’est surtout pas question d’autoriser le mariage homosexuel ou d’abolir la peine de mort. Bah oui, pourquoi?
Vous me direz, Austin, c’est un peu différent du reste du Texas. Oui, je vous le concède, un peu. Mais c’est pas très grand Austin. Et tout autour, pendant 695 000 kilomètres carrés, ben c’est le Texas.
Et n’oublions pas que la plupart du Texas est constituée de plus de régions sèches à demi-sèches, alors c’est un peu des fous furieux du contrôle de la consommation d’alcool. Et franchement, je conçois que le dimanche soit le jour du seigneur, mais je vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit d’acheter de la bière avant midi.
- Rick Perry habite à Austin (et il est aussi le gouverneur du Texas)
Vous vous souvenez de Rick Perry aux présidentielles 2012? Ça commençait à devenir limite inquiétant, non? Ben au Texas il est toujours là.
Pour Rick Perry, ce que le Texas devrait être se résume à ça
- La circulation est horrible et le système de transport en commun super merdique
Les bouchons sur l’autoroute (ou dans ma rue) ne répondent à aucun critère logique. Il peut y avoir un bouchon à trois heures de l’après midi un mardi sans aucun accident en vue.
On pourrait penser que prendre le bus serait une alternative efficace à ce genre de problème, mais ce serait trop beau. Je déteste conduire, du coup je n’ai pas de voiture et je fais tout en bus, alors je sais de quoi je parle.
Les bus sont en moyenne toutes les trente minutes, alors si tu as loupé ton bus, azy attends trente minutes en plein soleil par quarante-cinq degrés.
Parfois tu es à l’heure, mais le bus ne passe juste pas. Comme ça, sans raison.
Et puis quand finalement tu as un bus, Austin faisant 790 kilomètres carrés (Paris en fait cent), ça te prend au moins une heure et quart de te rendre de l’autre côté de la ville.
- Les gens ne font rien mais alors rien du tout
Personne ne se lève avant une ou deux heures de l’après midi, puisque tout le monde bosse dans un bar, dans un café, joue dans un groupe. Le matin n’existe pas, les brunchs se passent à trois heures de l’après midi, et à part traîner dans les bars et jouer dans des groupes, les gens ne font rien, mais alors rien du tout.
- L’abondance ne fait pas la qualité
Tout le monde est dans un groupe, voire dans trois groupes à la fois. Alors c’est super, il y a toujours un concert, tous les jours, mais étant donné du nombre de groupes jouant à Austin toutes les semaines, il y a beaucoup, beaucoup de groupes tout pourris que tu es obligé de voir tout le temps.
- Austin, c’est L.A. numéro deux au moins trois fois par an
Puisque tout le monde pense qu’Austin et super cool, forcément, les gens qui habitent à Los Angeles aussi. Du coup, ils débarquent EN MASSE dès qu’il y a un festival.
ACL, passe encore, Fun Fun Fun Fest ça me saoûle parce que j’y vais à ce festival, et SXSW ne m’en parlez même pas, la ville ENTIÈRE devient le terrain de jeu de centaines d’Angelenos qui sont juste venus pour voir leurs copains de Los Angeles. Et croyez moi, c’est insupportable; une histoire de prétention qui ne colle pas vraiment à Austin.
Et merci les bars qui doublent leur prix dès que L.A. débarque.
- C’est bourré de vegans snobs à vélo qui achètent leur bouffe à Whole Foods
Il faut se rendre à l’évidence, Austin est peuplée d’étudiants, de gens pleins aux as, de Lance Armstrong et Sandra Bullock, de musiciens sans thune, mais aussi de yuppies wannabe hipsters.
Ces gens ont la trentaine, des gamins et un job corporate, mais ils sont quand même cools, ils vont à des concerts à Stubbs le samedi soir, s’habillent dans des friperies, mangent bio et recyclent leurs canettes de PBR.
Malheureusement, ces gens constituent une grosse partie de la population austinite, ce qui fait monter les loyers et le prix des robes en fripes à une vitesse incroyable. En trois ans, le loyer moyen d’un chambre dans une maison est passé de trois cent à cinq cent dollars. Je conviens que c’est rien à côté de Paris, mais bon, le SMIG est l’équivalent de cinq euros ici, les gars.
- Austin est une ville universitaire
N’importe qui ayant habité une ville universitaire sait à quel point l’étudiant est une espèce intrigante et extrêmement énervante. Le centre-ville d’Austin est majoritairement constitué de l’université et de ses cinquante mille étudiants.
L’étudiant à l’Université du Texas à Austin porte des t-shirts informes et des shorts de sport Nike complètement inutiles, souvent couplés avec des chaussures bateau ou des running shoes. Par le fait, la brigade du style fait une syncope dès qu’elle pose un orteil sur le territoire étudiant.
Mais cela ne s’arrête pas là, la race étudiante possède ses quartiers sur la sixième rue, dans le centre ville, qui est la rue de la soif d’Austin. Chaque weekend, la sixième devient une sorte de freak show où les filles dans leurs minirobes et talons de douze finissent par pleurer assises par terre à côté des mecs baignant dans leur vomi, autour de deux heures du matin. Une attraction à ne pas manquer.
- Les fluctuations météorologiques
Il y a deux saisons à Austin: l’été et le grand n’importe quoi. L’été s’établit généralement en mars, avec des températures avoisinant les trente dégrés, est à son pic entre juin et septembre, oscillant entre trente-cinq et quarante-cinq degrés, sans pluie ni nuit fraîche, et consent à se calmer vers novembre. Et entre novembre et mars, ça peut passer de vingt-cinq degrés un jour à cinq degrés le suivant, de grand soleil à pluie torrentielle en une heure, de quoi vous faire faire une dépression nerveuse, ou au moins vous faire attraper une pneumonie. Sympa.
- Le Tex-Mex est complètement surestimé
On penserait qu’au Texas, il est possible de manger de la bouffe mexicaine à te donner les larmes aux yeux tellement c’est bon, mais en fait pas tellement. À San Antonio peut-être, mais ici, vu que tous les white kids poussent les mexicains hors de la ville, ils poussent aussi les bons restaus mexicains et tout le monde fait semblant de trouver ça complètement dingue comme cuisine, mais en fait c’est juste un peu bof.
Et la cerise sur le gâteau, c’est que la chaîne californienne de fast food In-N-Out vient juste d’ouvrir une franchise à Austin, histoire de donner encore plus de raisons aux californiens de se ramener.
La dernière fois que je suis passée devant, il y avait au moins cent personnes à l’intérieur.
MAIS OÙ VA T’ON.