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Cela fait tellement longtemps que je ne suis pas tombée amoureuse que des fois, mais juste des fois, je me demande si je peux encore ressentir des choses, et être encore chamboulée/renversée/presque à terre, comme j’ai pu l’être à tant de moments.
Une partie de moi sent que c’est parti, que j’ai fermé le rideau. Je ne saurai plus comment faire du tout. Je reste là, bête, debout, face à ce port du love sans eau, sans bateaux - c’est con quand on s’appelle Marine - et je me sens capable de résister à tout. La haine, la tristesse, la frustration, je vis cela protégée derrière des barbelés, pas mal de terracotta et tous les trucs que j’ai foutu devant la porte de mes émotions pour plus jamais
mais alors
PLUS JAMAIS
souffrir.
A l’âge adulte, après avoir été successivement déçue par la petite souris, le père Noël et la religion, comment ai-je pu penser qu’il pouvait rester des trucs magiques comme l’amour et la musique ? Si je garde le deuxième sur un petit autel, je peux aisément remplacer le premier par l’alcool et le chocolat. J’ai comme ça le trio de choc qui va me faire tenir jusqu’à la retraite, moulée dans des pantalons à élastique en enchainant Gitanes Maïs sur Gitanes Maïs. Le constat est sans appel, je finirai surement toute seule et c’est tant pis. YOLO. Il y a des gens qui sont fait pour poster des photos de leur weekend à Prague, moi ça sera les clichés de mes nouvelles chaussures Surface To Air trouvées à 22 boules chez Emmaus (elles sont TROP belles).
Mais bon.
Le seul truc, c’est qu’à 28 ans, je suis encore capable de me prendre pour une imbécile. Parce qu’au fond du fond, je ne suis pas le Roc que décrivait si bien Nâdiya. Abandonné dans un trou dans le sous-sol de mon petit cœur pété, il reste un chamallow sensible qui pleure à chaudes larmes devant des vidéos de bébé chien, et qui danse la lumière éteinte en chantant mal sur du Mariah Carey. Le même machin mou qui fait des rêves de PACS en Indre et Loire et de location weekend dans un Center Parc où il y aurait un toboggan dans la piscine.
Cette partie sensible, je l’oublie régulièrement. Je la noie aussi. Dans le travail, Retard, les copines, la fête, les pintes à cinq euros en terrasse et les relations de merde avec des blaireaux.
Mais ce mini truc, il existe encore et il s’est réveillé,
juste au moment où j’écoutais Without You.
Et il veut plus jamais se rendormir.
Dans Kill Bill à un moment rappelle-toi, le personnage d’Uma Thurman enchaîne une combinaison de mouvements où elle touche son adversaire à plein d’endroits zarbis pour le faire mourir d’un coup. Bah là c’est pareil mais en 100% ultimate love, comme diraient les compiles pourries de l’été. Without You, c’est le détenteur du code, celui qui appuie sur mes petits boutons et déclenche l’amour magique.
Without You, c’est la preuve que je ne sais pas résister à un coeur pété, un piano à queue et à une voix frête. Mais j’imagine ce morceau comme la résultante d’un ras le bol d’en avoir tellement gros sur la patate que les pleurs, l’alcool et tous les trucs nuls que tu peux faire pour ne plus souffrir ne marchent plus. La seule réponse qui reste face à ce néant qui te submerge d’un coup, c’est de se prendre la tête sur des mélodies jusqu’à l’acharnement, et d’en faire des jolies boites dans lesquelles tu mets tes sentiments, les anciens comme les nouveaux, dans leur version la plus fidèle. Tu n’as plus qu’à les laisser à disposition de tous jusqu’à ce que tu arrives enfin à les ouvrir un par un sans douiller ta mère.
Alors Without You, ou son autre petit tube qui me transporte, True Love, peuvent paraître cliché. T’emballes ça avec un océan d’instruments à cordes, un physique de minet et une production minimale et évidemment, EVIDEMMENT que ça fait pleurer les meufs.
Mais punaise c’est injuste, parce que ce ne sont pas que des morceaux beaux.
C’est beau et c’est honnête.
Tous fiers et pimpants, on avance dans la vie comme des petits bulldozers se cachant derrière l’ironie, les filtres instagram, les culottes gainantes, les relations sans lendemain et les jeux de mots de merde pour se protéger dans le gros château-fort de son ego. Et en effet, il ne t’arrive plus rien, en mal comme en bien. Alors arriver en 2015 à descendre le petit pont-levis, enlever sa petite armure sentimentale, à poser tout ce que tu ressens sur la table et dire
“tu vois, tout ce que j’ai à te proposer est là, si t’en veux c’est pour toi, si t’en veux pas, ou plus, ça me fera drôlement mal mais hé c’est le jeu mon petit chat”
C’est classe et courageux. Et si en plus, à la fin, tu es capable de ramasser tout ce qui a été jeté, d’en faire un album aussi simple et pur que Goon, c’est que t’es un putain de champion.
J’ai donc enfilé mes bottes, j’ai enlevé un peu de ma terracota, et là, j’enroule le barbelé. Je sais pas combien de temps ça va me prendre. J’ai pas non plus envie de compter. Mais je suis prête à renoncer aux pantalons à élastique. Si je le trouve pas, le détenteur de la combinaison de mes petits boutons de l’amour magique, Goon m’aura au moins rappelé que ça valait le coup d’essayer.
Tobias Jesso Jr sera le 15 novembre à la Cigale, et moi, au premier rang en train de chanter tous les morceaux en fermant des fois les yeux pendant que mes copines affligées m’attendront au bar.