Episode 1 : La sélection de choix.
Pèlerinage breton incontournable de l’été, la « croûte » pour les intimes ne déçoit jamais complètement. On est sûr chaque année d’y retrouver ses remparts croulants, ses chèvres cascadeuses, sa bière qui n’étanche jamais complètement notre soif et toujours les bonnes vieilles mêmes gueules de fidèles pèlerins. Et nous sommes nombreux, fervents disciples malouins quelques jours par an, adorateurs du Dieu rock n’roll en ce sacro-Saint Fort St Père, loyaux disciples des grandes messes de riffs énervés et cantiques tatapoumesques transcendentaux. Alléluia, God bless rock n’roll. En attendant la mecque de l’été, creusons un peu la sélection des cantiques de cette grande messe païenne, édition 2013. Façon anti-rock critic.
Fuck Buttons:
Fuck Buttons dans tes oreilles, c’est comme un grand shoot d’adrénaline violent et un peu malsain, ça te décoiffe de l’intérieur tellement c’est bon. C’est propre et sale à la fois, ça te transforme en pile électrique nucléaire et te donne envie de pousser des cris d’animaux en même temps. La catharsis dance-floor assurée.
!!! :
Outre l’originalité d’un nom imprononçable et ingooglelisable, j’avoue avoir décroché dernièrement, les derniers albums sonnant plus comme de la variétoche disco-funk, loin derrière l’énergie post-punk du premier album « Louden Up Know ». Oui, je sais c’est super snob et je déteste dire ce genre de phrase « nan mais, le premier album était génial, tu vois, mais après le groupe n’a pas su se renouveler. ». Mais des fois, c’est vrai, alors il faut le dire.
Mais on se souviendra avec nostalgie de leur prestation inoubliable en 2005, avec Nic Offer en mini-short en jean T-shirt délavé 90’S et ses folles chorégraphies sous coke. Si on pouvait avoir quelques grammes de cet esprit-là cette année, on serait rudement contents.
Ils n’ont pas fait mieux depuis, les tchikos.
Local Natives:
C’est pas un peu redondant « local » et « native » ? Genre comme si on disait autochtone du pays ? À moins que ce soit précisément ça l’idée du nom ? J’ai ENFIN compris la subtilité du nom de ce groupe?! (il était temps).
Bref. À l’écoute du dernier album un peu mou du genou sorti l’année dernière, on peut décemment se demander si la prestation des indigènes sera aussi pêchue en concert que lors de la sortie de « Gorilla Manor » en 2009, où on avait juste envie de faire du tambour africain en fredonnant leurs chouettes chants popisants et en sautant partout (ou ça ne faisait ça que sur moi, encore une fois ?).
Ne nous laissons pas embarquer dans cette fâcheuse tendance du « c’était mieux avant » : Alors, assurez un max ce 15 août en terre bretonne, les autochtones du pays, je me laisserai volontiers convaincre du contraire ! »
attention, derrière toi, un requin !
Iceage:
Rien à voir avec l’Age de Glace, ces animaux-là sont un tout petit peu plus énervés que les gentilles bébêtes animées. Du punk bien crade, efficace à souhait, on espère que les petits gars de Copenhague nous envoient du bon pâté avec des vrais morceaux de viande hardcore dedans. Miam.
Nick Cave the bad Seeds:
Bon j’avoue qu’à la base c’est pas trop ma came, les vieux rockeurs à papa. J’ai même tendance à confondre les Tindersticks avec Nick Cave, sans parler de la proximité phonétique avec Nick Drake. Je sais, c’est un peu la honte mais je vous avais dit que j’étais une fausse rock-critic.
Mais je me dis qu’on peut toujours faire confiance à ce vieux Nick pour sortir de sa bat-cave pour nous enchanter autant que nous envouter avec son rock n’roll le plus caverneux. N’oublions pas que les vieux ont toujours de bonnes leçons de rock n’roll à nous donner.
Electric Electric:
Les 3 compères strasbourgeois du math-noise épileptique étaient plutôt très en forme à leurs 6 derniers concerts parisiens (je ne suis pas du tout obsessionnelle comme fille, non, non), pas de raison qu’ils ne le soient pas à Saint-Malo. Patate électrisante fortement contagieuse, ça va sautiller dans les chaumières.
Moon Duo:
Deux lunes ? Je serais passée à côté d’une obscure référence à un livre de science-fiction de geek à lunettes ? Science-fiction peut-être pas, mais monde parallèle et perchitude sûrement. Comme le démontre ce clip assez fou à base de secte de fitness hindou, sur fond de krautrock psychadélique. Alors entrons tous dans une trans hypnotique pleine d’amour et de respect mutuel et rejoignons la secte des deux lunes, tous ensemble, main dans la main.
Jacco Gardner:
Qu’il est mignon ce p’tit Jacco, aussi mignon que son chouette album. La mode est au vintage, c’est un fait. Mais faut avouer qu’on se laisse volontiers séduire par les chouettes mélodies baroco-pop sixties du Jacco, et par ses ingénieux arrangements à base de clavecin, violons et autres flutes champêtres. Pas révolutionnaire mais aussi réjouissant en live que sur album, ce n’est pas peu dire.
L’est-y pô mignon ? (single pré-album en plus)
Orval Carlos Sibelius :
Heureusement, sa musique n’est pas aussi prétentieuse que son nom (nan mais qu’est-ce que c’est que ce nom, sans déconner).
Si c’était pour exprimer la complexité et la richesse de ta musique, là, d’accord. Faut dire que je ne vais pas me risquer à faire une critique de l’album style concours d’adjectifs et digressions poétiques, simplement dire que celui-ci est si surprenant, et riche dans ses circonvolutions psyché-rétro, qu’on se dit que ça peut nous faire sacrément voyager pendant la sieste du premier jour sur la plage. Vivement.
TNGHT:
Après SBTRKT (qu’il fallait prononcer « subtract »), MGMT (« management »), encore des petits malins qui ont fait une mauvaise pioche au Scrabble (relou, j’ai que des consonnes !). Le duo écosso-canadien maîtrise beaucoup mieux les machines électronesques que les plateaux de jeux de société, notamment pour nous pondre des beats irrésistibles. De quoi embraser le dancefloor et terminer la soirée du vendredi en beauté.
Bass Drum of Death:
Rien que le nom, ça fait rêver. Le groupe de la mort qui tabasse sa reum, quoi. Du bon gros garage des familles c’est pas ce qui manque en ce moment. On attend de voir ce qu’ils ont dans le slip, les chevelus, parce que c’est surtout sur scène qu’on peut juger de leur garage punchy à ce qu’il paraît. Après quelques Jack Daniels derrière la cravate, on ne devrait pas avoir trop de mal à se laisser pogoter furieusement.
Godspeed you ! Black emperor:
Attention aux risques d’arythmie cardiaque liés à la brusque transition entre Bass Drum of death et GY ! BE qui devrait se traduire par une réduction d’1/3 du BPM, par l’allongement de 237% du temps des morceaux. Godspeed nous embarquait volontiers il y a 10 ans à la grande époque du post-rock canadien aux noms à rallonges (Godspeed you ! Black Emperor, Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra and Tra-La-La Band). Mais comme dirait je ne sais plus qui « le post-rock, c’était avant », est-ce bien raisonnable ce retour après quasi une décennie, les gars ? Ne va-t-on pas s’endormir sur notre demi ou nous pendre au stand Bonobo pendant votre prestation ? Je vais sûrement me faire lyncher par les fans mais j’adore ça.
Rendez-vous donc à la grande messe des empereurs post-rockeux, ou au stand Bonobo, au choix.
Si tu as un petit ¼ d’heure devant toi, vas-y écoute.
C’est beau mais c’est lent et long (j’ai plus la patience, perso).
Zombie Zombie:
Ces deux-là, on ne les présente plus. Néman, batteur d’Herman Düne et Etienne Jaumet ex-married Monk, clavier prolifique du duo (et occasionnellement saxophoniste au côté des Red Hot Chilli Peppers au Stade de France, si, si, je vous jure, allez vérifier si vous ne me croyez pas).
Zombie Zombie ou l’électro-kraut à forte tendance dance-florable qui met tout le monde d’accord et apportera bientôt la paix entre les peuples. Disco shalom, les morts-vivants.
Allah-Las:
J’adore prononcer le nom de ce groupe autant que les écouter. Pour le coup, la Mecque du garage c’est plutôt vers le soleil de la Californie qu’il faut la chercher, là où nos chevelus font pousser leur garage-pop très sixties, un brin dandy british.
De l’ouest malouin à l’ouest américain, il n’y a qu’un pas.
Hot Chip:
La patate chaude.
Un peu la caution hype du festival, une bonne excuse pour se trémousser façon gay-friendly.
Faut avouer que c’est rudement efficace.
(et hop, un petit tour de manège en studio ! Encore un tour, encore un tour, burp…)
Tame Impala:
Si t’es même pas là, bah tant pis. (bah oui, fallait que je la fasse quand même.) Si leurs deux albums psychedelic hypno-groove melodic rock music (eux-même qui le disent) sont convaincants (et bien trippants), leur réputation live est un peu moins garantie. À checker donc, ce dernier soir au Fort St Père.
Tu le sens le son psyché-fuzz australien ?
Pour le reste, difficile de tout vous présenter tant cette édition s’annonce excitante. Citons encore la joyeuse chorale des normands de Concrete Knives qui devrait se révéler assez fun (genre la meilleure colo de ta vie) ; un beau moment à l’apéro avec la folk-pop épurée de Junip, la trans-hypnotique électro-rock irrésistible de Suuns, et sûrement une belle surprise avec le fougueux rock 90’s des Parquet Courts. Alors, n’oubliez pas votre maillot, votre crème solaire ET vos bottes Aigle et votre poncho Quechua (c’est ça aussi, l’aventure malouine), et rendez-vous près du premier bar à gauche des tickets boissons, je ne suis jamais très loin.