Whoah les Vodka Cranberry d’hier soir ont un peu de mal à passer quand même, et puis l’autre là, il est pas censé commencer maintenant ? C’est qu’il est bientôt 15h… Bon je suis pas trop près des enceintes là c’est cool parce que c’est chiant quand même les acouphènes qu’est ce qu’il fout depuis 10 minutes à nous tourner le dos avPUTAIN
MAIS C’EST ABUSÉ DE COMMENCER SON CONCERT COMME ÇA
AH LE GROS PORC
SAUTANT DANS LE PUBLIC SUR UN PUTAIN DE BEAT VENGEUR
J’AI FAILLI CREVER, ET MON PETIT COEUR MALADE PUTAIN
respirerespirerespire
Dimanche, c’est le cœur lourd et les yeux pas vraiment en face des trous qu’on est retournés avec Anna et Arthur à la Villette Sonique. La veille, après un concert cool mais sans plus des Spits, on a passé le reste de la soirée tout bourrés à Belleville à discuter pour en venir au constat qu’on avait quand même une vie sentimentale qui puait la merde.
Après un bilan aussi pourri, c’est dur de faire un bon dodo.
Mais c’est dimanche et dimanche on oublie tout. C’est le jour du seigneur et on savait pourquoi on se levait. Pour reprendre le souffle qu’on nous avait coupé de la veille. Ce n’était pas du à nos gémissements de nunuches de 13 ans : la vie c’est nul mais on s’en souvient, on l’avait marqué au blanco sur nos agendas de quatrième.
La baffe, on se l’est prise après les deux cocktails fruits rouges ultra chargés (merci Marie 3) samedi vers 18h à côté du Village label où on était passés faire le bisou aux copains d‘Heia Sun, de Bruit Direct et Tanzprocesz.
J’étais pas vraiment chaude pour mettre une vidéo, mais fait comme si tu y étais poussin, c’est pas pareil je sais mais ça pourrait
B L A C K I E a le nom du chat de ta correspondante anglaise en quatrième mais la même gueule que les hardcoreux que tu croises en concert dans les squats. Le genre de gars à qui t’as pas envie de te fritter dans la queue pour les WCs. Jeune producteur texan, il mélange de manière totalement branque hardcore et punk avec le flow d’un MC. Il faisait à la Villette Sonique son premier passage dans notre capitale, prêt à mettre la fièvre, mieux, plus vite, plus fort que NTM en 1995.
Et on l’a eu la température, on peut te le dire.
En trente minutes, et avec juste un micro et une bande son apocalyptique, à la limite de l’indus dans ce qu’elle a de plus brutale, le mec a réussi à balancer des geysers de haine poisseuse et suintante sur un parterre de hipsters trop habitué à sentir bon la lessive. Tous le sourire aux lèvres, ils mitraillaient sans regarder comme les blaireaux de touristes dans les musées. Ils se sont pourtant tous retrouvés sur le cul (mais pas trop, fallait pas salir son Jean Acné joli poney).
“I’m B L A C K I E, I’ll play tomorrow”
Pas moyen qu’on reste devant Telefoot quand même.
Alors ce matin dans le jardin des treilles, ambiance sulfureuse et un peu dégueulasse. Il flotte dans l’air l’odeur de pipi de garçons saouls qui voulaient pas faire la queue hier au toilettes, préférant se vider discretos sur les petites plantes (à un moment samedi j’ai compté, y’avait VINGT-DEUX PERSONNES devant moi au WC, SANS DÉCONNER). On pipite normalement pas sur la scène, mais B L A C K I E était le seul cette année à se produire à cet endroit.
Bon choix les copains soniques. Ils ont mis le meilleur gladiateur dans l’arène.
Le petit mec arrive avec sa canette de coca, dégaine d’étudiant altermondialiste chiant, règle quelques trucs avec son baladeur et, sans prévenir, se retourne pour nous pourrir 30 minutes entre quelques pauses de 5 secondes qu’il utilise pour reprendre son souffle.
Et VLANDans tes dents Mademoiselle Normand Une fois qu’il nous avait bondi dessus, je suis restée paralysée. Il m’a fait complètement flipper. Son regard est dingue, à la fois vide et haineux, il gueule des trucs qu’on comprend pas. Il s’énerve je crois contre les États-Unis ou l’intolérance (ce que ça fait chier de le lister comme ça, on dirait les propos d’une Miss Pays de Bretagne retranscrit par un journal local). Quand son micro se débranche il continue quand même à hurler en titubant, rebondissant sur la foule qu’il utilise de la même manière que les gens en cellule de confinement dans les hôpitaux psychiatriques.
Mes traits se sont figés dans une moue dégueu, un peu la nausée, j’ai mal, vraiment, partageant dans un ultime don d’empathie un peu de sa souffrance tout en sachant que ça ne sert foutrement à rien. Dans mon ventre s’installe un gros sentiment de malaise, on croirait un animal blessé qui se débat dans des barbelés. Les lames invisibles lui réouvrent constamment ses plaies et je suis là, assistant bêtement au spectacle sans pouvoir (ou vouloir) l’aider.
Impuissante et maso, je me demande le bide retourné, et un peu excitée par la peur si je suis pas la prochaine sur lequel il va charger une fois libéré.
Pas du tout divertie
Mais complètement touchée, sonnée, J’ai pas assisté à un concert, mais a une performance dans ce qu’elle a de plus dérangeante et salvatrice.
Et puis, comme les tempêtes sur les côtes atlantiques, après un départ furieux, il s’est arrêté. Les bras en croix, finissant en transe sur ses enceintes crachant un dernier loop de mélodie, l’écume épaisse aux lèvres, il scrute là-haut un truc qui n’arrivera jamais,
La paix intérieure peut-être
J’ai envie de pleurer
Je sais pas pourquoi
Il n’y a peut-être pas mille façons de se débarrasser de ce qui brûle. Il n’y a peut-être qu’en hurlant dessus jusqu’à ce que ça parte pour de bon.
http://blackieallcapswithspaces.com
Les photos sont comme le dessin, faites par notre Anna chouchou, alors T’Y TOUCHES PAS COMPRIS NANMAISHO