Il y a des images qui viennent parfois en tête sans que tu saches très bien pourquoi.Lundi, au premier concert du Ladyfest avec Sharon Van Etten, d’un coup est apparu dans mon cerveau malade un pot dégueu en terre cuite marron et blanc. Un truc immonde qui semble avoir été réalisé par un céramiste sous LSD pendant les années 70.
Et cette bouse, c’était pas Sharon Van Etten.Le pot en terre cuite infâme, c’était moi.
Vous voulez savoir à quel point Retard est un mauvais partenaire du Ladyfest ?
- On n’a pas fait de communication avant.
- On a eu du mal à mettre le putain de logo sur le côté. Bah ouais, on est pas vraiment des cadors du code, ça se devine je crois quand on voit la maquette de ce blog.
- Et quand Amandine, une des filles de l’association (et aussi une copine, enfin je crois, en tout cas je l’aime bien moi Amandine), nous a balancé sa programmation, on connaissait AUCUNE des putains d’artistes qu’elle avait mis dans son festival.
Tu penses qu’on aurait écouté en se disant qu’on pourrait faire des article de présentation ?
Bah non, tu suis pas ou quoi ?
On est DE MAUVAIS PARTENAIRES.
C’est peut-être parce qu’inconsciemment, je ne m’en faisais pas trop sur la qualité des artistes qu’on allait avoir la chance d’écouter. Une fois, en rentrant à pieds de l’un des concerts que le Ladyfest organise toute l’année, Amandine m’avait parlé d’un groupe qu’elle hébergeait. Et tandis qu’elle évoquait ce groupe qui dormait sur son canapé-lit, sa voix changeait, elle utilisait des termes particuliers, presque mystiques pour parler de leurs compositions. Elle avait une passion, et elle savait super bien en parler. Je me suis dit que j’aimerais bien un jour qu’on disserte sur ce que je fais dans des termes aussi élogieux (moi et mon gros ego de merde). Et je me suis dit que quelqu’un qui respectait tellement la musique ne pouvait pas foirer la programmation de son festival.
Je ne me suis pas gourée.
Lundi quand nous sommes arrivées avec Ophélie la salle du Café de la Danse était presque remplie, attentive devant un super concert de Fiodor Dream Dog, un quatuor de 4 meufs et d’un mec, parisiens de surcroit, dont je n’avais jamais entendu parler, mais qui jouait vachement mieux que la plupart des connards que j’ai l’habitude de voir en live (coucou les connards).
On a pas tout vu (on est arrivées à la bourre à cause d’Ophélie et de son velib), mais la leader à la batterie avait une présence assez charismatique et surtout, le pantalon de mes rêves (meuf, si tu nous lis, donne moi la référence de ce super futal tout en glitter, j’en ai fait des rêves toute la semaine)
On a fini par réussir à s’asseoir pour la tête d’affiche, Sharon Van Etten. Le mec a côté de moi lisait un bouquin, je trouve ça toujours bizarre les gens qui lisent juste avant les concerts, comme si attendre, c’était chiant, mais bon, ça n’a pas vraiment d’intêret pour le reste de cet article donc fais comme si t’avais pas lu cette information.
Et Sharon Van Etten est arrivée.
Le mec a rangé vite son auteur russe pour laisser place à plein de paillettes qui sont allées se nicher directement dans ses yeux. Elle n’avait pas encore commencé qu’il était déjà hypnotisé. Il a aussi ensuite rigolé à toutes les petites phrases qu’elle chuchotait dans son micro en remerciant à chaque fois le public d’être venu la voir. Et j’ai même cru à des moments qu’il allait pleurer.
GROUPIE.
Comment lui en vouloir ? Sharon Van Etten a le physique de toutes les leadeuses de rock actuelles, des Vivian Girls à Habiberk (ouh putain je suis trop contente de cette blague). Elle est sombre et mystérieuse, frêle et puissante, constellée de quelques tatouages, tout ceci cachés maladroitement sous un jean et un t-shirt un peu crassou.
Mais elle possède un truc en plus. Une fragilité, une classe un peu ésotérique, comme les filles inaccessibles des films indés américains, qui fait qu’elle arrive à magnifier des mélodies qui ont l’air simples, et à en faire des moments de grâce à chaque fois particuliers.
Accompagnée d’une fille au synthé qui avait la voix des anges ( et pas ceux de Los Angeles, PLEASE), d’un guitariste et d’un batteur, Sharon m’a mis un joli blues. J’ai assisté à quelque chose qui ne m’est pas forcément familier, un truc beau et pur, sombre et délicat, de la folk comme j’en écouterais pas chez moi, mais que j’étais très heureuse de voir là, maintenant. Un peu comme si ce concert s’était imposé dans mon mois d’octobre de merde et qu’il en avait montré le champ des possibles, à la manière des étoiles filantes et de tous ces instants magiques qui rendent la vie un peu moins moisie.
Et là j’ai capté ce putain de pot de terre qui continuait à s’afficher en écran géant dans mon cerveau.
Sharon Van Etten est en cristal, une carafe qu’on utilise à des moments particuliers, parce que sortant de l’ordinaire. Elle contient un truc rare qu’elle garde clos jusqu’à ce qu’elle se décide à le faire partager à quelques chanceux. Et puis, quand on la frôle, elle fait des mélodies de l’au delà, perceptible seulement si tu es un peu attentif, sinon tu en perds tout le mystère.
Une fille comme on aimerait en être, parfois.
Et puis ya les cruches comme moi.
Robuste, solide et grossière pour le quotidien.
Ca m’a fait un peu mal.
Et puis bon, finalement, c’est cool aussi, la terre cuite.
LOL MERCI VALLAURIS POUR TOUTES CES BELLES CRÉATIONS ET CETTE JOLIE PHOTO DE FIN, CHEZ RETARD ON CROIT VRAIMENT A L’ARTISANAT LOCAL.
Retrouve toute la programmation du Ladyfest ici, ça continue encore pendant tout le mois d’Octobre(Et le sac avec l’illustration d’Anna s’achète aussi pour supporter ce festival qui a grave la classe. Nous on en a un, alors…)