J’écris sous lombalgie deux jours après, que je m’en souvienne, des fois que ça ait un rapport avec ce qui va suivre. On a tous l’habitude de voir la nuit en sortant d’un concert, alors quelle sensation différente de voir le jour, frais et disponible. Sortir à 15h30, vers là, quartier du Vieux Saint Etienne, Théâtre du Vieux Saint Etienne. Je ne m’extasierai pas devant la beauté du lieu, bien que je le trouve superbe sinon impressionnant, je trouve ce quartier assez commun. J’ai vécu par là, pas longtemps, je ne porte pas ça en très haute estime. D’ailleurs, je crois espérer au fond de moi que l’attitude d’Aquaserge coïncide avec leur musique, mais ça j’en sais rien et quelque part, je m’en fous un peu. Que ce soit pas de la marchandise, vous voyez. Qu’il n’y ait pas de parterre devant, ou sur leurs côtés et derrière eux un verre à la main.
Parce que je crois comprendre qu’ils ont bu les loulous. Enfin, ça non plus j’en sais rien. « Bon, quand faut y aller, faut y aller » glisse l’espiègle Benjamin Glibert. C’est vraiment l’adjectif qui semble le définir le plus : espiègle. Le temps de compter jusque quatre et le temps se retrouve en mille morceaux, par terre. Les règles n’ont aucune chance avec ce très cher Serge, le bon goût non plus. Ils s’en foutent, c’est beau, Tintin on est bien mon loulou.
On garde son écharpe, nous on vide nos kawas, consignés, les deux. On se sépare même, « profiter de la stéréo » et se retrouver à plusieurs endroits pour apprécier les différents passages. Julien Gasc porte un jogging, un bas de pyj peut-être, ma mère dirait ça si elle le voyait. Elle se demanderait aussi ce que je fous là. C’est l’art et la manière de la contrainte (essentielle à l’exercice musical). Ca joue, punaise. Ca rigole, aussi.
Aquaserge ne semble pas avoir d’autre ambition que celle qui consiste à turbiner, tout casser, faire la tornade et repartir en faisant salut, comme des copains. A l’amitié, à leur façon. Ce concert marque officiellement la fin de ce que je m’étais dit : une année sans musique, je les vois comme une ordonnance. Je ramasse, j’avais besoin de ramasser, ici bas on parle vulgairement de « gros son dans la gueule ». Il y a toujours les fioritures du contexte. Ce caméraman qui traîne dans les pattes du guitariste, par exemple de là où je suis, on dirait qu’il l’empêche de jouer. Belles lumières, superbe plan, travelling bien évidemment. Qu’est-ce qu’on s’en fout. Et à la tienne Jean-Louis, on boit la même chose. Mon pote m’invite à prendre un Perrier, on croise du monde, le weekend continue, il est à peine 16h. Je ressors la tête remplie et le torse plein d’air, la clarinette basse c’est superbe et Virage Sud est un morceau essentiel.
« La musique doit être monotone et aigrelette. Pour être vraiment folklorique, elle doit être jouée à l’aide d’instruments farfelus que l’on trouve chez certains collectionneurs. Si l’instrument comporte une manivelle, c’est parfait ». Salut Gotlib, le business.