Cet été mon Mac Book Air a planté. RIP lui et notre relation fusionnelle.
Je repense à toutes ces heures passées à mater Game of Thrones, 500 jours ensemble ou des documentaires sur le littoral français, en .avi. Tout ce temps consacré à collecter des images de chats mignons / chiens mignons / bouffe / couronnes de fleurs depuis Pinterest comme une bonne teenager et à chercher l’amour avec un grand Q sur Adopteunmec. Je repense à mes débuts catastrophiques sur Photoshop : « Commande C / Commande V, pardon ? » et à l’artiste 2.0 que je suis devenue depuis, grâce à lui. Il y a eu de nombreux articles écrits sur son beau clavier rétro-éclairé. Récemment, à ses côtés, j’étais retombée en enfance en retrouvant le jeu Secret Agent (sorti en 1992 via Apogee Software pour les copains #geeks) Je n’ai pas compté les sessions Skype avec ma mère et mes potes, mais il y en a eu de nombreuses. Et tant de Photobooth dont l’effet dit « stretch » m’aura souvent fait ressembler aux Frères Bogdanov… Vous l’aurez compris, tout ça, c’est beaucoup de souvenirs qui font mal. Surtout quand on n’a pas fait de back-up sur disque dur externe.
Attention, là je vais faire une digression sur comment l’informatique a surgi dans ma vie. D’aussi loin que je me souvienne, il me semble que c’est avec Prince of Persia que j’ai perdu ma virginité numérique. Puis il y a eu la découverte de l’art et de la culture via deux logiciels de ouf : Paint et Adibou. Il s’agissait d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Pour faire des exposés, on n’avait pas Wikipédia mais Encarta, un logiciel-dico bourré d’infos et d’un jeu où on pouvait découvrir les instruments du monde en les plaçant sur une carte : amazing. Un jour, on a eu internet. J’étais au collège. Forfait 25h/mois de bas débit = 150 Francs. Toute connexion se débutait par un « tutitu titu titu titu tu tuuuuuuu », vous vous souvenez ? Ce son a désormais sombré dans les limbes obscures de nos mémoires. Nos enfants n’auront pas le bonheur de l’entendre. On leur racontera. Mais ils en auront rien à foutre, ils auront des skates volants. Sinon, je dois vous avouer un truc les gars. Alors qu’ados, tout le monde squattait AIM, Caramail (asv ?) et Myspace, moi j’étais sur Tubededentifrice, le réseau social composé à 80 % de Thionvillois, 5-7 reprzt. Et la meuf qui vous dit ça est aujourd’hui CM. Never give up.
Bref.
Comment a-t-il osé me faire ça ? Mon Mac. Je suis toujours sous le choc. Et vous savez pourquoi ? Parce que j’ai la sensation d’avoir été flouée. Dès mon plus jeune âge, on m’a fait croire au prince charmant, à des contes de fées : pas de bug, pas de virus. On m’a menti et maintenant je me demande si un jour, je pourrais à nouveau retrouver un ordinateur comme celui-ci.
J’ai dû récupérer un vieux NoteBook chez mes parents. Celui que j’utilisais quand j’étais à la fac. A l’époque, c’était plutôt la grande classe pour prendre les cours. Je crois que ça me donnait un petit côté bourgeoise de l’amphi. Je n’en suis pas fière, mais en Lettres Modernes, si tu portes pas de sarouel et que tu ne fais pas des bolas, t’as tout de suite l’air d’une princesse.
Vous n’avez jamais vécu ça ? Eh bien, comment vous dire… Passer d’un Mac Book Air à un Asus de 6 cm x 4 cm, c’est un peu comme perdre tous ses points de permis B et être obligé de s’acheter une 50CC. Pour la ville, ça passe. Pour l’autoroute, t’es baisé. C’est aussi un peu comme si Jean-Edouard devait se re-taper Loana maintenant. Pour la faire plus courte, c’est à la fois gênant et déprimant.
Passée la joie intense des retrouvailles avec la touche impr écran, le malaise Microsoft refait surface et me pousse vers des situations de grande impuissance : « quelqu’un sait comment on fait un arobase sur PC ? ». L’autre truc, c’est que je deviens un peu hypocondriaque aussi : « putain, il est trop lent cet ordi, je dois avoir un virus ».
Pomme empoisonnée qu’on grignote dans le métro, au boulot et avant le dodo : joli job de Steve (pardon), sa marque est partout. Captain Obvious ? Oui, c’est moi. En fait, c’est simplement que je ne m’en étais pas rendu compte avant. Privée de mon outil de travail et de loisirs, j’ai enfin mesuré la place que prenait cet objet magique dans ma vie et dans mon 18 m2. Un seul Mac vous manque et tout est dépeuplé. Triste constat ou réalité logique si l’on considère le génie d’Apple : de ses concepts technologiques à sa stratégie de communication. Tout est parfaitement parfait. Le futur à portée de main.
Pourtant, voilà qu’un nouvel IPhone arrive à grands pas (entres autres), coque en plastoc, soit disant low cost, à 599 dollz. On se foutrait pas un peu de nos gueules ?
Finalement, peut-être que ce plantage, c’est un signe du destin pour me faire rompre tous liens avec la civilisation moderne, pour aller faire pousser des herbes aromatiques et des olives dans le trou du cul du sud de la France. Je vais y réfléchir.
En attendant, je vous laisse.
Je vais m’acheter un cahier, un stylo, un jetable, un pigeon voyageur, un baladeur CD et de la compote.
Apple, j’ai plus besoin de toi.