Le rock c’est chiant, et parfois ça devient juste bon à draguer et à avoir un peu de crédibilité quand on demande un whisky-coca sur le zinc. Papa l’avait bien dit, le rock est mort et personne veut qu’il revienne avec ses gros sabots à bout pointu, son haleine à demi franche du collier et sa barbe de 3 jours. Les gens qui écoutent encore du rock sur cette Terre se mettent en session privée sur Spotify pour écouter en paix Shaka Ponk.
Ce soir, moi et mon meilleur marcel tâché qui ne cache plus mes aisselles en jachère, on va parler punk, soit le genre de musique le plus déconneur avec ses nombreuses branlettes, comme le proto-punk ou le ska punk. En vrai, la seule chose dont j’ai envie de parler, c’est de ce mythe essoufflé aux dents pourries et aux vestons dégueulasses : Johnny Rotten et les Sex Pistols. J’entends d’ici les cris des pourfendeurs du « vrai punk » et autres fanfarons aussi troués que leur t-shirt Crass : les Sex Pistols cette machine commerciale qui a baisé avec EMI et qui ne trouve aujourd’hui reconnaissance que sur quelques besaces kakis, portées en bandoulière par des étudiants de socio.
J’ai été, dans les primes heures de ma jeunesse, introduite à ce monde de débauche intellectuelle et d’imbécilité en latex, qui a trouvé avec ses trois accords de quoi faire rougir la alors trop bien pensante Albion, nation pauvre sur laquelle le soleil semblait s’être définitivement couché. La Dame de Fer n’était encore qu’un soldat de plomb, plus occupée à supprimer l’heure du lait des écoles qu’à défendre son Ile de gros nigauds peroxydés. C’est en 1975 que Maggie arrête de se ronger le frein et devient maîtresse d’un Shadow Cabinet agité par les pensées d’Hayek et l’envie de foutre le feu au NHS. C’est cette même année que quelques jean-foutres qui grattaient leurs instruments comme on recure ses chiottes, rencontrent Johnny Lydon, qui pour l’occasion sera renommé Johnny Rotten. Si on veut, Rotten devient la Maggie d’un groupuscules d’agités, qui les mènera vers des lendemains meilleurs et dissonants. S’en suit « Anarchy in the UK », hymne à Proudhon et à la révolte sociale (ça va rigole là) et la signature chez les magnats de EMI, qui a marqué du sceau de la honte leurs fronts boutonneux.
Le reste de l’histoire tout le monde la connait, je n’aurai pas la prétention de résumer quatre années terribles qui ont sauvagement arraché les lettres de noblesse d’un pays d’empaffés buveurs d’eau chaude et/ou de bière noire.
Les Sex Pistols ont côtoyé et engendré une génération de chiens fous, parmi lesquels on trouve Billy Idol qui avant de ressembler à un culturiste teuton menait d’une voix encore adolescente les Generation X ou encore les Rich Kids, groupe fondé par Matlocks, après qu’il se soit fait sauvagement viré des Pistols par un lad trop bien connu : Sid Vicious. Pas grand chose de lui, un mec passablement propre arborant la nature de cheveux la plus particulière de la musique (après Polnareff) : un poil lisse et noir néanmoins savamment ébouriffé. Mais un gros point noir, ici gorgé de sébum, commence à germer : Nancy Spungen. Sa paire de sein et son haut en latex ont choqué à tout jamais ma vie, alors dans ma douce époque de brassières Petit Bateau.
1979 sonne le glas de Sid Vicious et l’arrivée au pouvoir outre-manche du Attila au brushing gonflé : Thatcher. Un an avant on enterre les Sex Pistols qui auront eu le temps de faire propager la vermine punk, qu’elle soit sociale, esthétique ou politique dans la vieille Europe, qui se mourrait dans les limbes des tuxedos du rock à papa, des parkas scooteristes trop larges et des pantalons patchoulis des fumeurs d’opium. C’est tout le bien qui a germé sur les restes pourrissants de la formation de Rotten qu’il convient d’honorer, et ce, à grands jarres de crachat.