Je me lance aujourd’hui dans un sujet qui fait toujours mouche et qui reprend du poil de la bête depuis quelques temps. Un sujet qui est dur à délimiter et à cerner. Je ne suis pas une experte et je ne le serai jamais puisque le sujet n’est pas une science exacte et qu’il n’y aura jamais une seule réponse à ce qui fait déjà débat depuis des années. Je me dois de vous dire que je ne suis pas sociologue ni théologienne. Ceci, pour couvrir quelques extravagances de langage, qui de sa sémantique et son vocabulaire ne sera qu’approximatif, mais je l’espère juste dans certaines oreilles.
Mais voilà, j’ai mon petit intérêt secret pour le niqab et autre voile dit « intégral » dans ce qu’il peut symboliser et en tant que vêtement. Ce niqab est ce que nous français appelons burqa, mais à tort.
Cet article sera divisé en trois parties.
Dans la première, je vais parler vocabulaire et histoire du vêtement. Djellaba, Hijab, Haik, Burqa en passant par le Burkini et le plus récent Frumka juif.
Dans la deuxième je vais parler des avis partagés sur le(s) voile(s), que je soulignerai de vidéos (témoignages, documentaires et tutoriels).
Et enfin je vous parlerai dans la troisième partie de pop culture autour du niqab et autres voiles.
C’est parti !
Je ne suis pas sûre de savoir pas d’où vient cette curiosité profonde… Peut-être a t-elle commencé lors de mon voyage en Egypte en 2000 avec mon papa. Là-bas, la djellaba* se porte partout et en toutes circonstances. Par les femmes comme par les hommes. Mon père s’en est achetée une et la portait en guise de vêtement d’appartement. Il pouvait ainsi laisser , nu, libre, sans que mon frère et moi ne nous rendions compte, ce qui est plutôt une bonne stratégie. Depuis, je pense que tout ceux qui la portent sont complètement à poil au dessous. Pourquoi s’embêter à s’habiller ?
*La Djellaba : est une longue robe avec manches et qui se décline de toutes les couleurs, motifs et textiles. Elle a normalement une capuche intégrée, mais si tu veux avoir la classe en djellaba, tu as besoin de la panoplie complète. Il te faut les babouches en cuir - aussi dit balgha et ce charmant petit chapeau rouge - le fez - avec un gland noir sur le dessus. Ça s’appelle un gland, oui, je n’y peux rien. Tu peux dire pompon si tu veux. On la porte dans les pays du Maghreb et dans les pays arabes le long de la méditerranée. Ce qui se rapproche pas mal de la djellaba, c’est le Caftan et le Burnous.
Le Caftan ou Kaftan : il ressemble à un manteau bien long avec des manches bien amples. Il est fait de cachemire, laine ou soie… bref il faut être de la haute. C’est la version strass de la djellaba.
La famille royale marocaine lui fait d’ailleurs honneur.
Le Burnous ou Bournous et La Kachabia sont des vêtements pour hommes à l’esthétique très proche. Le Burnous est fait pour les grandes occasions et la Kachabia peut se porter tous les jours. Ce sont de longues robes/cape d’origine Algérienne qui sont faits en laine, ou plus exactement en poil de dromadaire. Si, si. Vous l’aurez deviné, elles se portent l’hiver, sur les haut plateaux Algériens. Vous ne verrez que très peu de personnes en porter à Alger.
Ce sont les femmes (savoir faire donné de mère en fille) qui font de la laine des fils corrects. Cela peut mettre genre UN MOIS, donc les femmes se réunissent pour les faire ensemble. On appelle ça une « touiza», c’est-à-dire une solidarité collective. (Tant qu’à faire, je vous apprends un peu d’arabe algérien). Puis ce sont des artisans qui y donnent la forme. Vous vous en doutez, la laine de chamelle ne se trouvant pas tous les quatre matins, ça coûte super cher.
En Kabylie le burnous est fait avec de la laine de mouton ou de brebis donc il est blanc. Il y a aussi une collection femme, en coton.
Le Haïk ou Hayek : est un large voile blanc qui couvre tout le corps et dont un petit voile triangulaire vient cacher le nez et la bouche. Il était utile puisqu’il pouvait préserver la blancheur de la peau des femmes et leurs bijoux. Certaines le portent par pudeur, d’autres le portent par conviction religieuse ou par coquetterie… Le haik ne se porte plus vraiment en Algérie, mais pour la journée internationale de la femme de cette année, les jeunes ont défilé vêtues d’un haïk. Je tiens à préciser que cette initiative est menée par des femmes. Personne ne semble avoir été forcé.
« Au-delà de sa fonction vestimentaire traditionnelle le haïk était un acte de résistance contre la politique coloniale de deculturation. Par sa seule présence dans l’espace public, il permettait de réaffirmer quotidiennement l’attachement du peuple algérien à son identité, à sa liberté et à sa détermination à résister face à la barbarie de la colonisation. » (1).
Lors de la guerre d’Algérie (54-62) il y avait les « femmes-colombes », vêtues de haïks blancs immaculés, symbole de paix. Elles marchaient vers l’armée française et mouraient en martyre, les haïks tachetés de rouge. Le film « La Bataille d’Alger » de Gillo Pontecorvo les montre aussi assurant le transport d’armes à Alger. Ce film avait bien entendu été interdit en France en 1965, puisque l’affaire était quand même fraîche. Il est ressorti en 71 pour être retiré des écrans très rapidement. Il n’est ressorti en France qu’en 2004 et tu peux donc le voir sur l’Internet !
Où : Spécialement en Algérie puis Turquie et Egypte.
Voire aussi : la emlaya, d’elfouta, la gandoura, la m’laya et le selfseri
Dans le Coran, la phrase qui justifie le port du voile est cette phrase : « Ô prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles, elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées.» Traduit d’Ahmed Ali. (verset 59 de la sourate 33)
En arabe le mot utilisé est « khimâr », ce qui désigne un fichu pour certains (comme le Hijab) ou un « grand voile » comme le Jilbeb*.
*Le Jilbab ou Jilbeb : est un vêtement en forme de longue robe, couvrant les cheveux et tout le corps hormis les pieds et les mains (mais qui peut être porté avec des gants fins).
Le Tchador : Un peu comme un jilbeb, est un voile qui couvre le corps, les cheveux mais pas le visage. Il est généralement noir ou blanc. En Iran, le Shah d’Iran l’avait interdit en 1936. Il est imposé depuis la révolution islamique de 1979 par l’ayatollah Khomeiny et les femmes « mal voilées » peuvent être arrêtées et fouettées. Il y a un an, quelques iraniennes se sont révoltées en postant sur Facebook des photos d’elles tombant le voile. Vous pouvez voir la page avec toutes les photos ICI. Les hommes du gouvernement iranien pètent des câbles quand les politiciennes laissent dépasser un peu de leurs cheveux lors de congrès et conférences. Je pense qu’il va falloir desexualiser les cheveux, ce ne sont que des poils un peu plus longs ! Dans la rue, la police des mœurs est partout.
Où : Iran.
© ici
Hijab ou Rusari: c’est le voile le plus commun. Celui qui ne couvre que les cheveux, laissant donc le visage à l’air libre. Il est répandu dans le monde entier, alors on peut trouver des déclinaisons. Il veut littéralement dire « voile ». Au Liban, le hijab se porte plus par tradition et non par religion. Il y a aussi l’Al-Amira avec le tissu qui moule la tête et une seconde couche plus ample. Il doit être utile quand il y a du vent ou quand il fait froid. Sans oublier le Shayla qui est un textile qui se porte plus ample sur les cheveux et autour du cou.
L’Abaya : c’est une robe noire essentiellement portée par des femmes. Ce peut aussi être un grand drap noir qu’on noue autour du corps ou comme un kaftan*. Donc il ne couvre pas le tête, les mains et les pieds. Les femmes qui portent un niqab portent donc un abaya comme vêtement.
Où : Afrique du Nord, Péninsule Arabique
Le Niqab : c’est le voile le plus souvent noir, qui couvre la tête mais qui laisse apparaître les yeux. (définition simple et efficace). C’est lors de l’époque des colonisations (1880 – 1930) que le niqab et autres voiles (haik) ont commencé à disparaître. Il faut savoir que dans certains pays musulmans comme en Egypte, le port du niqab est toujours interdit au lycée. En 2009, le cheikh et imam de la mosquée al-Azhar, Mohammed Sayed Tantaoui prenait position, expliquant que le port du voile intégral n’était qu’affaire de tradition et n’avait aucun lien avec la religion. (2)
D’autres voient le port du niqab comme une menace pour sécurité et le rejet de l’Etat en faveur du système islamique. Aussi bizarre que cela puisse paraître, les femmes qui portaient le niqab au XIXe faisaient parties de la bourgeoisie. En Syrie, c’est la même chose, ce n’est pas possible d’aller à l’université vêtue d’un voile intégral. Cette décision veut mettre en avant la Syrie laïque traditionnelle. Aussi, pendant un an (de 2010 à 2011) les professeurs n’avaient plus le droit de porter le niqab. Au Yemen c’est la miitante Tawakkol Karman qui enlève en public son niqab, lors de la conférence des droits de l’Homme de 2004, invitant les femmes et activistes à se dévoiler.
À l’opposé, en Arabie Saoudite, le port d’un voile est imposé par la loi. Il est écrit que : les femmes doivent couvrir entièrement leur corps, elles doivent porter l’abaya et un foulard qui couvre bien les cheveux, et ne pas porter des couleurs voyantes ou autres accessoires qui attireraient l’oeil masculin.
Où : Iran, Afghanistan, Emirats Arabes Unis, Arabie Saudite, Yemen. Il y a 100 ans en Bosnie Bosnie-Herzégovine. Et vous me direz quelques pays d’Europe. Mais comme on comment à l’interdire PARTOUT… comme rapporte cet article titré « Un vent anti niqab souffle sur l’Europe ». (3)
Le Chèche : c’est un foulard porté par les hommes. Il est super long, entre 4 et 8 mètres. Il n’est pas là pour se protéger du regard des femmes, ni pour montrer son amour à Dieu. Il est surtout là pour éviter de se prendre du sable et éviter les coups de soleil. Il peut être de n’importe quelle couleur.
Où : Afrique du Nord et par les Touaregs.
Le Keffieh : c’est le plus connu pour son symbole en Palestine, mais il est à la base une coiffe de paysan arabe. C’est lors de la révolte arabe de 1936 à 1939 que les Palestiniens dissimulaient leur visage pour ne pas « être reconnu » par les anglais. Ceux qui le portaient été considérés comme des opposants. Bien entendu, la stratagème n’était pas bien rôdé, puisque les Britanniques ne portaient pas de Keffieh. Finalement plutôt rusée, toute la population se mit à le porter, les citadins abandonnant leur tarbouche (ou appelé Fez… le petit chapeau rouge avec le gland noir).
Le Tchadri : Se porte principalement en Afghanistan. couvre le visage mais ne couvre pas le bas du corps. Ce voile a des ouvertures pour les mains sur les côtés et sur le devant pour que les femmes puissent utiliser leurs mains pour faire le marché par exemple. Ce n’est qu’en 1996 que le port du tchadri devient obligatoire, quand les talibans ont pris le pouvoir. Et bien qu’en 2001 le régime taliban s’est arrêté, c’est l’armée talibane qui a pris le relais, faisant pression sur les femmes.
Où : Afghanistan
La Burqa : c’est un terme - et donc un vêtement - plus récent, qui a fait son apparition il y a environ vingt ans. Il vient d’un mouvement religieux intégriste salafiste des pays du Golfe et au Pakistan. Il s’agit d’un Tchadri qui couvre aussi les mains et les pieds. Dans les pays où les femmes portent le Niqab, elles doivent cacher aussi leurs yeux avec des lunettes de soleil et avec un tissu « pour voir sans être vue ». C’est en Afghanistan que la burqa est imposée.
Où : Afghanistan, Pakistan, Pays du Golfe (Koweït, Irak, Bahreïn, Qatar, Arabie Saoudite, Émirats arabes unis), Inde.
Le Paranja : c’est comme la burqa, mais plus coloré car il vient de pays d’Asie centrale comme le Ouzbékistan et Tadjikistan. Je crois que c’est mon préféré. C’est la version folklorique de la burqa. En revanche j’espère qu’il fait un minimum froid, parce qu’il a l’air de faire chaud là-dessous…
La Frumka ou Sal : elle a fait son apparition récemment et semble s’étendre de plus en plus en Israël. Elle ressemble à la burqa et se porte dès l’âge de trois ans chez les filles. La Frumka se compose de 7 voiles et 10 jupes et est portée dans les communautés juives les plus radicales. Elle est dénoncée car elle est principalement justifiée par cet argument : les « hommes ne doivent pas être pas excités par la vue d’une femme ». (4) De plus, pour se faire différencier des musulmanes, elles cousent une étoile juive…
Le Burkini ou Hijab de bain: est un maillot de bain, plutôt proche du ciré avec leggings et hijab.
Et un petit extra qui n’a qu’un maigre lien avec le reste…
Le Face-Kini : est une cagoule de bain, qui ne laisse apparaître que les yeux et la bouche. Contrairement à ce que vous pouvez penser, il n’est pas porté pas des femmes voilées qui vont à la plage mais par les chinoises coquettes qui veulent rester blanches. C’est très très flippant ou très drôle, je ne sais pas encore.
Où : Chine
© ICI
(1) http://niarunblog.unblog.fr/lartisanat-en-algerie/le-haik-et-le-burnous/
(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaires_du_voile_islamique#.C3.89gypte
(3) http://www.20minutes.fr/monde/402277-20100504-vent-anti-niqab-souffle-europe