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Je suis né un de ces vendredis tièdes d’Avril qui suivait de quelques mois une baiserie entre deux parents aimants et naïfs. C’était dans les années 80, à l’époque on croyait encore au grand frisson de l’amour.
C’est lorsque je suis venu au monde que la grippe du divorce a commencé à se répandre. Mes parents l’ont attrapée peu de temps après. Au tribunal, le juge qui s’occupait de guérir ces maladies n’a rien pu faire pour eux, quant à moi je m’en suis tiré avec deux chambres à perpétuité, une pour la semaine et une pour le week-end. Sauf qu’à cette époque, je ne voyais pas l’intérêt d’avoir une garçonnière. Ce n’est pas que je n’aimais pas les femmes ou que j’étais trop romantique pour en avoir une, non, je me réservais pour celle qui allait être ma première grande histoire d’amour. Parfois, il m’arrive d’y repenser et je me dis que si je ne l’avais jamais connue, je ne serais sans doute pas là aujourd’hui.
Je me souviendrai toute ma vie de cette femme. Je devais avoir huit ans quand je l’ai vue pour la première fois, courant à moitié nue sur la plage, dansant avec le vent et l’écume, je l’observais chaque jour sans jamais oser lui parler. Elle s’appelait Pamela Anderson. J’ai mis quatre ans avant de faire le premier pas. Faut dire qu’elle était plutôt intimidante avec ses grands yeux bleus, ses énormes seins et son tube cathodique à la place du cœur.
Un soir, une terrible catastrophe survint et bouleversa ma perception du monde : la princesse Lady Diana venait de mourir. Ce soir-là, je découvrais l’existence de la mort. Cette insupportable fatalité de la vie me hantait nuit et jour, jusqu’à ce que je réalise que mon temps était compté. Je n’avais plus le choix, je devais surmonter mes craintes. J’ai pris une grande respiration, fait craquer mes doigts et j’ai invité Pamela à prendre un bain chez moi. Ça a été le coup de foudre. Elle a grillé et depuis on a plus eu de télé à la maison.
Son départ a laissé un grand vide dans ma vie, je me sentais comme une télé sans antenne, j’avais de la neige plein les yeux et aucune nouvelle des plages de Malibu.
Quelques années plus tard je me rendis à mon premier casting pour devenir acteur. Depuis le départ de Pamela, je n’avais qu’une seule ambition : être à mon tour l’idole de ma génération pour courir indéfiniment sur les plages du petit écran. Le problème c’est que j’étais un très mauvais acteur, j’avais beau avoir appris les répliques et la gestuelle de Pamela Anderson par cœur, ça ne suffisait pas, la place était déjà prise et le cinéma de mon temps n’avait pas besoin d’un grand brun jouant aux belles blondes pour faire vibrer les cœurs d’ados en quête de sensations fortes.
Alors j’ai laissé tomber, j’ai essayé de combattre son fantôme en fréquentant d’autres femmes, mais il n’y avait rien à faire, dès que j’arrivais au lit, je sentais l’appel de Pamela, du sable chaud et des virées en zodiac m’enivrer. Une fois, alors que j’étais contre une Juliette dans mon studio parisien, j’ai rechuté. Je me suis levé, j’ai enfilé mon jogging et je suis parti courir sur les quais de Paris plage. C’était grandiose, il n’était pas loin de cinq heures du matin, le soleil était encore trop timide pour montrer son visage et j’entendais le générique d’Alerte à Malibu résonner dans mes oreilles. Quand soudain j’aperçus Pamela dans la Seine luttant pour rejoindre le rivage, paniquée comme si l’eau la tirait vers les abysses. Je me suis lancé sans réfléchir les bras en avant dans le fleuve. C’est comme ça que j’ai attrapé la crève et après être resté des semaines coincé au lit sous une effroyable grippe de désillusion on est venu m’apporter le chien que j’avais sauvé. C’était un bâtard, et comme il n’avait pas de maitre c’est devenu mon nouveau compagnon de vie. Quand le vétérinaire m’a demandé son nom, j’ai tout de suite répondu Pamela.