Ma vie a changé depuis que je suis devenue journaliste professionnelle pour Retard Magazine. J’ai un gros salaire, des tickets restaurants, une bonne mutuelle et des plans pour avoir des interviews. La grande classe.
Le truc, c’est que ça ne m’empêche pas d’être encore une grande débutante de la profession, le genre à oublier d’emprunter un bon dictaphone pour ma 1ère interview avec Parquet Courts et de préférer faire confiance à mon smartphone capricieux qui n’a de smart que le nom.
L’interview qui suit est donc une retranscription de mes souvenirs d’interview tapés à la va-vite dans un taxiphone pakistanais à la sortie de l’hôtel où avait lieu la journée promo de Parquet Courts pour cause de plantage d’enregistrement. Le reportage de terrain façon gonzo-journalisme en quelque sorte.
Mais faisons fi de ces aléas matériels et retrouvons nos compères dans la chouette cour intérieure d’un mignon petit hôtel du IXème. Ils sont là tous les quatre à siroter un verre de pinard en m’attendant. Accueil sobre quelque peu timoré, Alex (chant guitare), Austin (guitare), Sean (basse) et Max (batterie) ne sont pas tout à fait aussi énervés que sur scène, et encore moins de prolixes interlocuteurs, mais ils nous livrent néanmoins volontiers quelques anecdotes de leur été sur les routes.
Hi guys ! Je vous interviewe pour Retard Magazine un chouette site monté par de funs copines. En parlant de Retard, ça ne m’étonnerait pas que Jay Reatard fasse partie de vos influences, je me trompe ?
Effectivement, on connaît bien et on adore !
Quelques jours de répit à Paris au milieu de cette folle tournée des festivaux d’été : vous appréciez ?
Oui, on est pas mécontents d’avoir trois jours « off » à Paris, enfin, un peu de calme. On adore passer du temps ici, particulièrement dans des conditions comme celles-là ! (en montrant la cour intérieur de l’hôtel et les verres de pinard). Tout le monde est super sympa et accueillant avec nous, on aime tout, surtout la bouffe. C’est peut-être ce qu’on préfère en France.
Et cette tournée ? Quels sont vos meilleurs souvenirs de concerts cet été ?
Le meilleur concert, définitivement « Le wout’ du wock » (la Route du Rock avé l’accent). Déjà le public avait l’air de nous connaître (contrairement aux Eurockéennes où personne n’avait l’air de savoir qui on était). En plus, on a joué de nuit pour changer ! En festival cet été, on a plutôt été programmés l’après-midi.
Vous avez joué vers 22h si mes souvenirs sont bons, donc le public avait déjà bien eu le temps de prendre l’apéro et était bien chaud ! Et les gens vous attendaient surtout…
On l’a bien senti ! C’était vraiment un super concert. (Et encore une fois la bouffe était excellente).
Et Rock en Seine ?
C’était cool. Différent.
La patate , les jeunes !
Qu’est-ce que ça vous fait de jouer sur des grandes scènes en plein air ? Est-ce que vous regrettez les petites salles ?
C’est vrai, on a joué dans une petite salle à Londres cet été mais la plupart du temps dans de gros festivals. On préfère vraiment jouer dans des plus petites salles, on est plus habitués, ça nous ressemble plus.
Pour la proximité avec le public ?
Oui, surtout pour ça, on préfère les petites salles.
Votre album est vraiment excellent mais votre son est encore plus impressionnant sur scène, beaucoup plus homogène, plus puissant. Est-ce que vous ressentez la même chose ? Êtes-vous plus à l’aise sur scène qu’en studio ?
C’est sur scène qu’on est le plus à l’aise pour jouer, oui. C’est plus direct, plus excitant aussi.
Andrew, la façon dont tu chantes sur ton dernier EP “Tally All the Things That You Broke” (sortie le 7 octobre prochain) est beaucoup plus « spoken word », avec un chant presque rappé sur certains morceaux. Tu peux nous en dire plus sur cette évolution de ton chant ?
Oui, je suis beaucoup plus bavard, c’est une façon beaucoup plus naturelle et directe de chanter. Plus spontanée. On nous compare à beaucoup de groupes mais niveau chant, je suis très influencé par The Fall, des trucs comme ça. On a aussi écouté beaucoup de gros rap US quand on était ados […]
Est-ce que vous avez déjà des réactions ou des critiques publiées sur cet EP ?
On est en tournée depuis plusieurs mois donc on est un peu déconnectés des médias. Pas de retour pour le moment.
En tout cas, exellent EP, j’adore.
Merci !
J’ai eu l’agréable suprise de voir que vous aviez choisi un morceau du groupe Cheveu sur votre mixtape “By Who Power”. Comment vous connaissez ce groupe ?
On écoute pas mal de groupe de garage punk de tous horizons, notamment français. Cheveu est définitivement au dessus du lot. On s’en inspire beaucoup.
Andrew : Je les ai découverts grâce à mon groupe préféré, Tyvec.
Vous connaissez d’autres groupes français ?
Oui, pas mal de choses : on écoute beaucoup de groupes comme Yussuf Jerusalem, Métal Urbain…
Sean : J’ai un ami à Lyon qui joue dans un groupe qui s’appelle Bâton Rouge, du coup je suis un peu ce qui se passe grâce à lui.
Vous avez récemment envoyé un mixtape à vos fans avec votre numéro de téléphone. Sympa, les mecs ! Est-ce une façon de rester proche de votre public ?
C’est un moyen de montrer aux journalistes de média « indie rock » (en opposition aux journalistes « punk rock ») que l’on appartient à une certaine scène, en solidarité avec un certain nombre de groupes plutôt DIY, avec une certaine mentalité assez « punk » […]
Ça vous arrive souvent de jouer sur des Parquet Scenes ? (le nom du groupe fait notamment référence aux planchers en bois de certaines salles de basket)
Non, ça n’arrive jamais que la scène soit en bois mais quand le sol de la salle est en bois (le dancefloor), c’est souvent des bonnes salles, donc très bon signe pour nous !
Vous en avez pas marre des interviews ? Ou que des journalistes posent toujours les même questions parce qu’ils n’ont même pas pris le temps de lire les précédents interviews ? (ce qui n’est évidemment pas mon cas parce que j’ai tout lu avant de venir, of course)
Franchement, on en a pas marre, on se prête au jeu assez facilement. Sauf, effectivement quand on nous demande pour la centième fois comment on s’est rencontrés ! Mais par exemple aujourd’hui, on est en France, les gens ne nous connaissent pas encore très bien donc c’est important pour nous de donner le maximum d’interviews.
C’est quoi la question la plus débile qu’on vous a posée ?
Y’en a plusieurs (dont une que je n’ai pas comprise. Max a vraiment un accent à couper à l’eau chaude) mais celle-là est pas mal : Tu préfères acheter un jeu vidéo ou avoir une petite amie ?
Bon c’était un gamin qui l’a posée donc ça passe.
Voilà, voilà, tout ça, tout ça.
Entre ce que j’ai loupé avec mon enregistreur foireux (il manque quelques réponses intéressantes, j’avoue) et le caractère relativement taciturne de nos compères, on est loin de l’interview du siècle. Mais c’est le métier qui rentre, je vous promets plus de scoops croustillants la prochaine fois.
En attendant, je vous conseille vivement l’album « Light Up Gold », l’EP « Tally All the Things That You Broke » (sortie le 7 octobre prochain) ou, encore mieux, allez donc les voir à la Maroquinerie le 26 octobre. Passez leur le bonjour de la part de la journaliste à la ramasse à l’enregistreur foireux, ils s’en rappelleront sûrement.
Un chouette mini-docu sur Noisey
* Il a déjà été question de Parquet Courts là : https://retard-magazine.com/la-route-suite-et-fin/