Mon docteur ce matin : «Bon, je vous prescris des antibiotiques, un anti-douleur, et petit conseil, il faut le savoir, mais le mieux pour éviter ça, c’est d’uriner 1h avant l’acte, et ne pas traîner au lit pendant des heures comme vous l’avez fait, les bactéries ont le temps de se propager. »
ET MON CUL SUR LA COMMODE. Mais bien sur, je vais demander à ce type que je ne connaissais pas 2h avant « excuse moi, est-ce que tu penses qu’on va coucher ensemble? Genre d’ici 1h? Non c’est juste pour que je calcule quand est-ce que je vais faire pipi.. Ah et puis quand on aura fini, t’es mignon mais faudra pas qu’on traîne non plus.»
Si vous n’aviez pas compris, j’ai une cystite. Et dans le genre carabinée, ben je pisse du sang depuis 3h du matin. Je vous fais l’impasse sur le mal de reins de GROSSE CHIENNE, et cette adorable sensation de PISSER DES COUTEAUX ÉDENTÉS TA MÈRE. Mais qu’est-ce donc que cette charmante chose au nom rappelant celui d’une fleur ou d’un papillon? Il s’agit de la délicate et célèbre infection urinaire. Dans la plupart des cas bactérienne, la cystite est une inflammation de la vessie, qui nous vaut la joie d’être beaucoup plus fréquente chez nous, les filles, car nous avons à ce qu’il paraît, un urètre plus court que les garçons. Le germe peut remonter ainsi tranquillement et pulluler comme il se doit dans notre généreuse vessie. Une infection encore une fois très sexiste. Autant vous dire qu’entre la puberté, la ménopause, et maintenant, on va jamais s’en sortir.
Et tout ça, ça m’est arrivé pourquoi ? Parce que j’ai pris mon pied ce weekend. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais disons qu’on a mis le paquet niveau intensité avec le garçon. Si je portais quelques valeurs judéo-chrétiennes au fond du cœur, je dirais que je vis cet épisode comme une sorte de punition.Comme si prendre du plaisir, baiser, faire l’amour, culbuter, forniquer, troncher, bouillave, défoncer, rendre visite, empaler, faire touk touk, tringler, s’unir, harponner, composter le billet, copuler, poutrer, était un fruit défendu, une chose PAS BIEN, tellement pas bien, que tu vas en chier ma petite, ça t’apprendra à rêver d’extase.
Mais sans déconner, ça sert à quoi l’amour si ça fait si mal? Au sens physique et bestial du terme je vous parle, pas des sentiments, ce truc de poète.
À l’origine c’est déjà le bordel pour trouver quelqu’un avec qui «bien s’emboiter». Trop gros pénis, vagin trop étroit, bouche trop pulpeuse ou odeur corporelle insupportable, il y a déjà un gros tri sélectif à faire depuis la nuit des temps pour que l’imbrication soit agréable, ou du moins, viable.
Il y a ensuite toutes ces affreuses choses dont on nous parlait à l’école. Les profs enclenchaient la petite vidéo pédagogique et c’était parti pour 1h d’angoisse. Y’avaient des petits bonhommes qui te parlaient de trucs vraiment horribles comme le SIDA, l’Hépathite A,B,C,D, la syphilis,… et puis les trucs moins horribles mais qui foutaient sacrément les chtons : le papillomavirus (pourtant on dirait vraiment une espèce de papillon), le chlamydia (et là encore un nom de fleur), les mycoses, l’herpès vaginal, sans parler de ces putes de cystites et le risque de tomber enceinte. Quand je repense à mes cours d’éducation sexuelle au collège, c’était vraiment l’angoisse. Entre gênes et craintes, ça donnait tout sauf envie de jouer à touche pipi.
Alors quand j’ai entendu à la radio y’a pas longtemps qu’un jeune allemand sur 5 entre 18 et 35 ans préférait renoncer au sexe plutôt qu’à internet, j’ai d’abord pensé comme tout le monde « Han les pauvres couillons ».
Et puis à y réfléchir une fraction de seconde, posée sur mon trône à chialer de douleur comme un petit bébé qui vient de naître, je me suis dit que oui on en était là, et qu’on en serait toujours là jusqu’à la fin.
Baiser reviendrait à une série de contraintes innommables, de risques affreux et la promesse d’en douiller parfois longtemps. Et en face de nous la lumière. Celle de l’écran de notre ordinateur. L’appel si doux de YouPorn, cet outil infatigable, généreux et fidèle. Ton fuckfriend et amant idéal aux tests à jamais négatifs, celui qui t’emmènera vers les contrées inconnues du sexe illimité et sans cystite, pourvu que le réseau ne t’empêche pas de charger rapidement la vidéo du bonheur.
Il n’y a pas de morale à cette histoire, je continuerai effrontément de prendre du plaisir, baiser, faire l’amour, culbuter, forniquer, troncher, bouillave, rendre visite, empaler, faire touk touk, tringler, poutrer, avec un être humain ou celui que je vois dans un petit rectangle. Mais cette fois-ci j’aurais une bouteille de jus de cramberries au pied du lit.
(Si cet article n’est pas sorti de mes tripes, alors il est au moins sorti de ma vessie.)