Ça fait beaucoup à l’échelle d’une vie, quatre ans.
En fouillant dans les dossiers mentaux personnels que j’ai sur chaque membre de l’équipe Retard, je ne sais même pas si l’une d’entre nous a déjà eu une relation sentimentale aussi longue. Alors à l’échelle d’un webzine…
Je ne ferai pas ma vieille nostalgique à vous remontrer les photos du début avec la larme à l’oeil. Si vous êtes un peu curieux vous pouvez fouiller dans les archives. Mais à l’heure de ce bilan estival, je suis aussi fière qu’un peu submergée par la nostalgie. J’ai tellement changé en quatre ans, et les filles aussi. Nous avons évolué, grandi, vieilli aussi. Et même si nous restons soudées autour de ce projet, j’ai senti cette année parfois comme des envies d’ailleurs de la part de tout le monde. Comment pourrait-il en être autrement ? Retard est toujours un projet bénévole, qui prend beaucoup de temps, et même si nous sommes souvent d’accord, il y a parfois des discussions, voire des tensions autour de certaines décisions à prendre. Certaines expériences furent concluantes, d’autres ont été des échecs : on a beaucoup ri cette année, mais on s’est aussi TELLEMENT frittées.
Pendant longtemps je n’ai vu dans Retard que ses forces, et aujourd’hui, comme dans un vieux couple, je constate aussi ses faiblesses. Que faire alors ? Quels choix restent ils ? Essayer de se remonter toutes à bloc pour cette CINQUIÈME PUTAIN d’année ? Se fixer encore un objectif gigantesque et se retrouver submergées par beaucoup, beaucoup de travail ?
Je crois pour ma part avoir enfin trouver un peu de sagesse. Nous ne serons pas le prochain So Press. Nous n’organiserons pas des fêtes à travers la France chaque semaine, nous ne publierons pas 10 papiers par jour pour remonter dans Google. Et finalement, j’en ai PROFONDÉMENT rien à taper.
J’aime Retard comme j’aime les personnes qui en font partie, autant pour ses qualités que pour ses défauts. C’est une démarche honnête, parfois un peu trop (QUI C’EST QUI VIDE LE PETIT SAC A MAIN DE SON COEUR TOUS LES QUATRE MATINS ?), intense, et qui ne fonctionne que grâce à l’énergie que chacune met pour faire tourner ce petit moulin de plus en plus scruté (on a eu des reprises de certains dans nos articles dans LCI, Le Monde, SÉRIEUX LES GARS C’EST N’IMPORTE QUOI). Et avec tout cela, on ne gagne rien, à part le plaisir de s’amuser.
Au départ, nous voulions juste rencontrer des gens cools, faire la fête. Pour ma part j’avais tellement, mais tellement envie d’écrire. Pourquoi essayer de gratter pour en avoir plus ? J’aime le fait qu’on n’ait pas d’économie, qu’on parte ensemble monter des ateliers dans des festivals trop bien, qu’on discute parfois beaucoup (trop) des papiers qu’on va sortir, qu’on se demande si on peut mettre des trampolines au Trabendo, et surtout qu’on s’interroge sur comment on va faire pour mettre en scène toutes nos idées pétées.
J’ai envie de me contenter pour une fois de ce que j’ai parce que ce que j’ai, ce qu’on a, c’est vraiment putain de chouette. Retard est un joli terrain de jeu où il manque de l’herbe, où la marche de toboggan est pétée et où il n’y a pas beaucoup de balançoires, mais je crois que c’est comme ça que je l’aime et c’est comme ça qu’on l’a toutes imaginé.
Alors, si t’as pas envie de faire partie de Condé Nast tout de suite, si t’es comme nous, t’as juste envie de faire ce que t’aimes, de dire ce que tu penses, de dessiner ce que tu veux, de danser sur du Mariah Carey et que tout le reste tu t’en fous, notre petite porte virtuelle est ouverte comme chaque année sur [email protected]. On mettra longtemps à répondre, mais on le fera quand même. On t’attend et on va continuer de faire de la balançoire en espérant, comme les années précédentes, d’aimer encore super fort ce qu’on fait de nos soirs, weekends et jours fériés, en parallèle de nos vrais métiers.
Bon anniversaire Retard. Merci d’avoir secoué ma vie. Je t’aime fort ainsi que les gens qui en font partie. Je te souhaite de bonnes vacances ainsi qu’à toi copain lecteur, et compte sur nous pour te retrouver en septembre, moins fatiguées, et toujours aussi pétées.
Ton amie, Marine.
