Le jeune créateur a donné rendez-vous dans son atelier du dixième arrondissement, où travaille la crème des petites mains parisiennes, toute droite sortie de la prestigieuse école Chardon Savard.
Au fond d’une cour pavée se trouve l’atelier, où règne la bonne humeur d’une équipe soudée; mais aussi la fatigue de la préparation de la collection « Première nuit ». Comme lors de ses précédentes collections, l’ancien élève de Jean Paul Gauthier et Alexander McQueen retranscrit l’essence d’une premières fois: Initiation, Première pulsion…
Plusieurs inspirations guident la main du couturier, comme le film La Nuit Fantastique de Marcel L’Herbier sorti en 1942, véritable ode à Paris et à la parisienne. En regardant ce film, Julien Fournié a eu un véritable coup de cœur pour sa ville, le Paris élégant dont s’inspirent les grandes robes de Jeanne Lanvin, mais aussi le Paris magique des années 30, tout comme le Paris surréaliste de nuit vu des toits…
Un autre film marque la collection. C’est le futuriste Metropolis de Fritz Lang, avec son côté punk, qu’il cherche à retraduire avec élégance. Une dernière histoire l’inspire, celle des sœurs Mitford, descendantes du groupe Condé Nast, très en vue dans les années 20. Cette sororité a eu des destinées aussi particulières qu’opposées, et sont une source d’inspiration privilégiée par leur renommée et leur extravagance.
« Première nuit » c’est l’esprit des années 30, doublé d’un voyage rock, dangereux, à la limite du gothique. C’est l’histoire de la femme qui s’amuse la nuit, qui est sexy et sait mettre son corps en avant tout en restant complétement couverte. Pour cela, Julien Fournié et sa styliste Marie imaginent des robes du soir en sequin mate, en tulle très léger comme la robe « constellation » sur laquelle a été projetée des morceaux de plexiglas pailletés, mais aussi en dentelles grâce à un très joli partenariat avec Sophie Hallette, l’excellence française en la matière. Les robes sombres traduisent une nuit mystérieuse, une nuit où on se cherche. Le défilé sera clôt par l’apparition d’une impératrice noire.
Quant aux accessoires, ils résultent de différentes techniques comme l’impression 3D avec le projet Phoenix, des serres-tête couture, en vente en avant-première au salon Melville à Londres, chez son hair-stylist Stephen Low. Les chaussures sont réalisées avec le logiciel Fashion Lab, et les bijoux sont créés dans l’atelier.
Dans son précédent défilé, le 7 juillet à l’Oratoire du Louvre, Julien Fournié veut redonner la place de la femme dans ses vêtements. La femme « première nuit » doit être belle, glamour, tout en gardant son naturel. Les mannequins auront un maquillage léger, avec des teintes translucides et des cheveux raides. Le couturier ne veut pas transformer la femme mais la magnifier.
Pour réaliser cette collection, Julien Fournié a tout une équipe : trois brodeuses en interne, et autres artisans, dirigés par Madame Jacqueline, la première d’atelier, grande dame de la couture française. Les décisions sont prises avec concertation. Pour lui, un bon couturier doit savoir conseiller mais aussi aimer et rassurer ceux avec qui il travaille. « Je suis comme un chef d’orchestre, et chacun d’eux joue d’un instrument. Sans eux, je n’ai qu’une baguette. »
Après sa collection terminée, le couturier rêverait de partir au bord de la plage sans téléphone, un rêve qui semble compromis car la mode n’attend jamais.
La collection prête à portée sortira en exclusivité au Printemps peu de temps après le défilé, en attendant vous pouvez commander sur son site internet.