RETARD → Magazine

vendredi, 29 septembre 2017

Rencontre avec Lubudubum

Salut Lyuba, ou Lubudubum comme t’appelles tes amis, tu peux nous en dire un peu plus sur toi et la marque ?
Salut Retard, mon vrai nom c’est Lyubov Matyunina, mais tu t’en doutes c’est un peu trop long. Je viens de Russie, je suis installée à Amsterdam depuis 7 ans avec mon mari et je suis artiste, en plus d’être la fondatrice de Lubudubum. C’est une plateforme qui me permet de travailler avec d’autres personnes et de traduire des idées nouvelles. C’est aussi l’occasion pour moi de sortir de mon travail purement plastique d’installation en tant que Lyuba et de trouver d’autres moyens de communication. Lubudubum c’est principalement de la vidéo et une ligne de vêtements : « Make Love, Not War » c’est une collection limitée avec un petit twist sexy de t-shirts and de pulls. Pour moi, cet adage c’est ma façon de contribuer à la diffusion d’un message positif et d’acceptation de la diversité qui nous entoure.

Comment est né ce projet ?
C’est le hasard je crois qui m’a amené ici, il y a quelques années je me suis retrouvé à bosser dans un sex-shop à coté de mes études à Amsterdam. J’avais besoin d’argent et après tout c’était plutôt chouette comme expérience ! J’ai beaucoup dessiné sur place, parce qu’on avait souvent du temps libre, en m’intéressant à ce qui m’entourait bien sûr. J’ai découvert pleins de choses sur le sexe, sur les gens qui passaient les portes de ce genre d’établissement, qu’ils soient locaux ou touristes. Quand j’ai été diplômée en 2014 de l’équivalent des Beaux-Arts, la Gerrit Rietveld Academie, j’ai dû mettre fin à ma « carrière » rires d’assistante de sex-shop mais j’ai conservé les dessins que j’ai par la suite montré à mes copains. Sur leurs conseils, l’idée à germer de leur donner une seconde forme, mais l’idée d’un livre ne m’intéressait pas à ce moment, d’où celle d’une collection de vêtements. Fin 2016 la décision était prise et début 2017 la collection était lancée !

La chose la plus importante que j’ai appris quand je travaillais dans un sex-shop et depuis que je fais la promo de cette collection c’est qu’il faut toujours accepter les autres, quelques soient leurs différences ou bizarreries. Le projet est entièrement basé sur cette idée, la libération des tabous et des stéréotypes.
Même si les dessins sont très sexuels, le message derrière est plutôt celui de la paix : ça commence avec la phrase « Make Love, Not War » qui est brodée sur chaque article, puis ça continue avec les jeux de couleurs décalées. Qui sommes nous pour juger ? Tous ces jeux coquins clin d’oeil étaient une complète découverte pour moi, mais avec le temps j’ai appris à ne plus juger et à promouvoir un message de tolérance, même dans les pratiques les plus originales.

Combien y-a-t-il de dessins ?
Il y a 6 dessins différents : 3 t-shirts et 3 pulls, qui existent dans 4 tailles du S au XL, et comme c’est une édition limitée il n’y a que 50 articles par produit, qu’on peut trouver sur notre shop. Chacun est sérigraphié avec 5 couleurs différentes, c’est une technique d’impression manuelle qui leur donne un petit plus d’unicité. Après l’impression, je brode chaque article un par un et bien que l’emplacement du texte soit le même, il y a forcément de légères différences d’un produit à l’autre.

J’ai travaillé avec mon ami Naigel, qui possède un studio de sérigraphie à Amsterdam. Il m’a appris chaque étape du processus et nous avons essayé plein de choses avant d’en arriver à ce résultat. Ça a été une super expérience à partager, que j’ai d’ailleurs documentée sur mon Instagram !

Quelle est la suite pour toi après ce projet ?
C’est une toute nouvelle collection, donc nous sommes toujours en train de la promouvoir, essayer de trouver des endroits sympas où la présenter comme des concept-stores ou des boutiques un peu décalées qui collent à notre image. Je viens juste d’embaucher un assistant qui me donne un coup sur tous les projets Lubudubum.

En septembre, je suis invitée pour une résidence qui s’appelle Neverneverland dans une banlieue amstellodamoise populaire où sont représentées plus de 150 nationalités. Je ne suis toujours pas sûre de ce qui va se passer sur place mais j’ai plein de pistes. Le programme a pour but de créer un projet avec les habitants du quartier. Une des idées est donc d’organiser des workshops avec eux, pour qu’ils apprennent la technique de la sérigraphie et qu’ils soient capables de produire une petite pièce par exemple. Je suis aussi très curieuse des motifs et variétés de tissus qui existent dans certaines communautés qui pourraient inspirer une prochaine collection.

Anna Wanda

Directrice Artistique et illustratrice
Anna est née en 1990 et se balade avec un collier où pend une patte d'alligator. Graphiste et illustratrice particulièrement douée (sans déconner), elle n'est pas franchement la personne à inviter pour une partie de Pictionnary. Toujours motivée et souriante, c'est un rayon de soleil curieux de tout et prêt à bouncer sur un bon Kanye West, tout en te parlant de bluegrass. Par contre, elle a toujours des fringues plus jolies que toi. T'as donc le droit de la détester (enfin tu peux essayer, perso j'y arrive pas). SON SITE PERSO: http://wandalovesyou.com