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Pour reprendre Treize du début, c’est par là
Le précédent épisode se lit ici
Je réapparais au printemps.
Je suis une nouvelle fleur parmi les fleurs, j’ai bourgeonné puis je suis morte mais maintenant c’est ok, je me sens mieux. Les cachets ont fait leurs effets, et puis il fallait bien que je sorte de ma chambre, je ne pouvais pas rester là toute mon existence de peur de gâcher ma vie, c’était absurde. Il faut profiter du moment : “Carpe Diem”, comme diraient les tatouages des surfeurs de la plage de Montalivet, où j’ai passé mon précédent été.
Avant de retourner au collège, j’ai très peur de me reprojeter dans la vie normale. Je sais pas, depuis mon passage à vide, tout me semble être une épreuve. Je suis fière de moi quand j’arrive à mettre mes chaussures, quand je mange mes coco pops. Mais je m’aperçois doucement que je commence à réécouter de la musique. C’est pas vraiment important, mais c’est comme ça que je sais que j’avance.
J’ai donc décidé pour célébrer ma victoire sur le quotidien d’aller à la boum du collège. C’était tellement nul l’année dernière (rappelle toi l’épisode de Gaëlle), ça peut pas être pire, si ? J’ai mis un peu de temps à me préparer, comme si j’étais une grande malade, mais je ne suis pas peu fière. J’ai enfilé une jupe Etam grise à fleurs qui m’arrive au genou, avec l’ourlet qui froufroute, ma mère a bien voulu me la prêter. J’ai décidé de la porter avec un tshirt noir décathlon, je ferai pas la même erreur que la dernière fois en portant un gris, on voyait grave mes auréoles de transpi.
Dans ma glace, je suis contente de ce que projette mon reflet.
On dirait une adulte,
Ou mieux, on dirait Buffy.
En arrivant devant l’Aubrière, la salle des fêtes où s’organise chaque année la Boum du printemps, j’ai quelques palpitations. Ca va aller, maman a dit qu’il fallait respirer lentement, et puis au pire je suis pas loin à pieds, je peux carrément rentrer à la maison.
Tu inspires, tu expires, et tu vas pas mourir.
Sandra n’est pas là ce soir, elle est partie avec ses parents en weekend, je ne sais pas trop avec qui trainer, j’erre de petits groupes en petits groupes mais je ne sais pas de quoi parler. Tout me parait encore un peu absurde, les conversations sur les chaussures comme sur le DM de mathématiques. Je pourrais aussi aller danser mais je n’ose pas trop. J’aimerais pas qu’on me prenne pour une folle, à me dandiner au milieu de tout le monde comme une bouffonne alors que j’ai disparu de la circulation pendant un moment.
Le DJ est doué, on retrouve dans sa sélection la plupart des titres qui passent sur Fun Radio : ya Jalane, ya Assia, ya Tori Moïse, franchement tout le monde crache dessus parce que ça faittoujours bien de dire que c’est nul, mais en vrai,
Ca se danse.
Ce qui est un peu gonflant par contre, c’est qu’il fait des demie heures dédiées. Genre t’as 30 minutes de chanson française, 30 minutes de Boys Band, et là, je le sais, ça va être trente minutes de slow.
Là, au moment des slow, je sais ce qui me reste à faire. Si je pouvais esquisser auparavant quelques pas de bourrés sur les autres morceaux, appris pendant mes 6 mois de danse jazz (que j’ai quitté parce qu’ON M’APPRENDRA JAMAIS A VIVRE LA MUSIQUE, OKAY ? JE VIS LA MUSIQUE COMME JE VEUX, SANS CONTRAINTES DE GESTE, DE TEMPS OU D’ESPACE), là je peux clairement me rasseoir. Grégory danse au loin avec Elodie (mais ne semble pas arriver à lui rouler des pelles), Gaëlle attend de prendre quelqu’un dans les mailles de son filet tissés avec les poils de sa moustache, et moi je veux même pas tenter ma chance. Trop risqué. Je trouve un siège en plastique dégueulasse vide, et j’attends qu’on repasse Larusso.
C’est à ce moment que débute la musique de Titanic.
Note de Marine du futur : Si tu peux mettre le morceau pour accompagner la lecture de la suite, c’est parfait, faut que tu te mettes dans l’ambiance.
Mon coeur se serre. C’est un de mes morceaux préférés, je me suis achetée l’album au Leclerc, je le passe en boucle, mon père a même menacé de le jeter. Leonardo Di Caprio en plus il est trop beau, je comprends pas pourquoi il meurt à la fin, j’espère qu’il y en aura un deuxième de Titanic où il renaîtra des eaux, je sais pas comment mais je suis sûre c’est possible, tout le monde irait voir la suite en plus c’est SUR, faut que James Cameron la tourne.
Les notes de pipeau ou de flûte, je sais pas trop ce que c’est, de My Heart Will Go On se lancent, et alors que j’ai le nez planté dans mes lacets (je veux pas faire genre que j’attends quelqu’un pour danser avec moi, plutôt que je suis super occupée à vérifier combien de trous ont mes chaussures en faux cuir André), il y a une main qui se met entre mes yeux et mes baskets.
Je relève la tête, pour en voir le propriétaire.
C’est V.
Il me sourit, un air un peu coincé, mais oui, c’est un sourire et il a pas l’air méchant.
- Tu veux danser ?
- Qui ? Moi ?
- Bah je crois que je suis en train de te proposer oui, donc oui, est ce que tu veux danser ?
- C’est pour te moquer ? Tu sais c’est pas vraiment le moment.
Je regarde derrière lui, il n’y a personne, pas ses gros débiles de cerbères, pas Rhonda, il n’y a que lui, avec une chemise un peu trop grande que sa mère a du le forcer à porter et à rentrer dans son jean.
- N’importe quoi. Tu veux danser ou pas ? Sinon je vais voir quelqu’un d’autre, décide toi.
Et là je ne sais pas si c’est la faute à l’Euphytose, à la voix de Céline Dion, à l’idée subite que c’est peut-être lui mon Leonardo Di Caprio, Kate Winslet elle a le sien et le mien il a du duvet et un appareil dentaire et il sait pas mettre de chemise correctement mais dans quatre ans il sera peut-être aussi beau, même mieux que Leo,
Je ne réponds rien, mets ma main dans la sienne et je me lève de ma chaise.
Il me balade jusqu’au milieu de la piste. Autour il y a tous les couples du collège et moi rouge pivoine, qui ne sait plus où me mettre, j’aurais presque envie de me rasseoir mais il y a une voix dans ma tête qui hurle
BORDEL
MARINE
SÉRIEUSEMENT TU CROIS QUE DES OPPORTUNITÉS COMME CA
CA SE PRODUIT COMBIEN DE FOIS DANS TA PUTAIN DE VIE
JE TE JURE SI TU FOIRES CA
T’AS PLUS QU’A T’INSTALLER DANS UN CABANON AU FOND DU JARDIN DE PAPA NORMAND
TU LA FERMES
ET TU DANSES
TON PLAN DE SOIREE NE SE RESUME QU’A CA
TU LA FERMES
ET TU DANSES
Il s’arrête d’un coup, et, visiteur d’un pays où personne n’est jamais allé, mon corps est encore un territoire inoccupé, il place maladroitement ses deux mains en haut de mes hanches. Les coudes pas tendus mais presque, tous les deux mals à l’aise par ce qui est en train de se passer, il y a d’un coup un gigantesque frisson qui me parcourt, une vague de chaleur incontrôlable dans la viande froide qui me sert de corps depuis quelques mois, tout en haut de ma hanche droite, tout en haut de ma hanche gauche, et qui fait tout ressortir, qui fait tout ressentir, mon coeur bat, bruyamment, comme si il avait été tenu pour mort un peu trop longtemps ou qu’il savait enfin à quoi il servait.
Tu inspires, tu expires elle a dit maman.
Fais pas ça trop bruyamment
Mais tu inspires, tu expires elle a dit maman.
J’arrive pas à lever les yeux, à poser les miens dans les siens comme dans les films, je les relève parfois subrepticement, et lui me regarde, me sourit, et regarde ensuite sur les côtés, comme pour s’assurer que tout se passe bien et de toute façon nos regards sont difficilement soutenables. On est tous les deux très gênés, mais je vais pas mentir, je me sens en confiance, j’ai presque envie de pleurer tellement je suis émue par mon propre sort.
MARINE
TU FAIS RIEN
TU LA FERMES
ET TU DANSES
Il y a une partie de moi, celle qui refonctionne grâce à l’électricité étrange qu’il m’a transmise, qui aimerait bien poser ma tête sur son épaule, et puis fermer les yeux, et surtout qui aimerait imprimer ce moment, me le repasser tout le temps, toujours, partout, j’aimerai qu’on le filme et qu’on me dise que je suis pas en train de rêver, que je suis en train de danser sur le parquet ébréché de l’Aubrière dans les bras de V., que ça ira mieux et qu’on ne pourra jamais PUTAIN de m’enlever tout ce qui est en train de se passer. Une partie de moi a envie de détendre l’atmosphère. J’ai plein de blagues qui se carambolent dans ma bouche mais rien ne sort, je sais que je dois rien gâcher,
Je la ferme
Et je danse.
Les yeux coincés sur mes lacets, puis les yeux coincés sur ses chaussures, priant un Dieu auquel je ne crois plus de ne jamais terminer ce morceau.
Les dernières notes de pipeau finissent néanmoins par arriver.
Lentement, ses mains quittent mes hanches. Je reste tétanisée sur la piste, on se regarde l’air un peu abrutis. J’ai le ventre noué, j’aimerai dire un truc intelligent mais je n’y arriverais pas, en tout cas pas cette fois.
- C’était chouette
- Oui, merci
Je fais quoi ? Je tente de l’embrasser ? Je retiens sa main ? Je fais quoi putain, je fais quoi ? Je lui demande de m’attendre ? Mais attendre quoi ? Le temps que je prenne ma décision il s’est éloigné. Un peu perdue, je me mets à le chercher dans la foule, et je le trouve, il s’est retourné vers moi pour me sourire, planté au milieu de tous les sixième qui font la queue pour les WCs.
Et il repart vers d’autres horizons.
Bordel
Bordel
Bordel.
Je suis sonnée. Que vient-il de se passer ? J’ai du mal à reprendre ma respiration et décide de rentrer chez moi alors que se lancent les premières notes de J’voulais de Sully Sefil.
Mollo sur les sentiments là daddy DJ.
J’arrive pas à gérer.