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jeudi, 22 septembre 2016

TREIZE (3): Ode à Thomas Micron

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L’épisode précédent se lit ici

Pour reprendre du début ça se passe par là

Oh Thomas,

Depuis que je t’ai vu,

Je ne pense plus qu’à toi.

Thomas la première fois c’était quelques jours après la rentrée de cinquième, j’étais si jeune et toi tu faisais bien une tête de plus que tout le monde. Tu tenais ton casque coincé sur ton avant-bras, et tu errais en mâchant lascivement du chewing-gum, dont le rythme se calait sur les battements de mon coeur à peine pubère.

OH THOMAS.

Thomas Micron tu étais un quatrième tellement beau et viril et tu faisais du rugby et tu avais un petit duvet sur les joues et même pas tu fumais pour avoir l’air cool tu étais déjà cool je le sentais je le voyais quand je te frôlais dans les couloirs du collège punaise c’était comme un coup de foudre mais que d’un côté. En plus, j’étais dans la classe de ta sœur, THOMAS MICRON TU NE LE VOIS PAS ?

Nous étions fait pour nous rencontrer.

Thomas Micron ton prénom est devenu mon mot de passe AOL, je le tapais comme une prière faite au Cupidon, le vrai, le faux et même celui de l’internet, en espérant que tu entendes de ta chambre décorée aux couleurs du Stade Français. Thomas Micron je suis devenue copine avec ta sœur, parce qu’elle était chouette hein, pas parce que je suis une tarée qui essaie de se rapprocher des gens. Pourtant j’adorais la possibilité de tomber sur toi au petit déjeuner quand j’avais le droit de dormir chez elle. T’inquiète pas que j’ai ramené mes plus beaux pijamas. T’inquiète pas que, le nez fixé sur tes miel pops, t’as jamais remarqué le bagout de ma penderie.

Thomas Micron je n’ai jamais su te parler autrement qu’avec un gloussement en introduction suivie d’une diarrhée verbale inondant tout le respect que j’avais pour moi. Cette chiasse infâme se déversant continuellement jusqu’à ce que je me force à la fermer, ENFIN, alors que tu n’écoutais déjà plus.

Thomas Micron tu es sorti avec la moitié des cinquième mais pas la moitié dont je faisais partie, je te voyais enchaîner les filles à la récré de 10 heures comme moi les mikados devant Hartley Coeur à Vif. Je devais faire semblant de m’en foutre, MAIS JE M’EN FOUTAIS PAS, THOMAS MICRON. Je ne rêvais que d’un trajet entre chez toi et chez moi, sur ton scooter, mes cheveux un peu gras au vent, blottie contre ta doudoune Ellesse et ravie à jamais d’avoir la chance de sentir ton parfum Eden Park de près.

Thomas Micron, pendant une année scolaire toute entière tu ne m’as pas vu alors que j’ai tout fait pour me faire remarquer. J’ai parlé fort, j’ai mis un pull Lulu Castagnette bien cool, j’étais à deux doigts de me mettre au rugby avec ma carrure de déménageuse bretonne, putain, j’aurais même fait tes putains de devoirs si tu le voulais. Et tu continuais à ne rien voir.

OH THOMAS MICRON, JE L’AI ECRIT, TON PUTAIN DE NOM.

Thomas Micron en juin il a fallu se rendre à l’évidence, tu étais comme TJ des 3T. Inatteignable, au sommet, en tout cas pour le moment. J’ai commencé à prendre mon double décimètre et à faire une croix sur toi. Je savais que je serais à jamais « la copine de ta sœur », ça servait à rien, je n’aurais jamais la chance de te rouler des saucisses face au gymnase, alors qu’on aurait regardé le temps s’écouler mes yeux dans tes yeux.

Et puis, juste quand j’ai commencé à lâcher l’affaire, sous le soleil estival de Fondettes, tu es venu me parler. Armé de ton petit rictus de côté, celui qui m’avait déjà troublé alors qu’il ne m’avait jamais été destiné, tu as montré quelque chose derrière toi, alors que je buvais tes paroles comme le coca light en terrasse du mac donald’s

-« Hé, c’est bien Marine ton prénom ? »

- « SALUT THOMAS salut Thomas ouais haha ouais je m’appelle Marine ouais hahahahum ça va t’as vu ta sœur c’est pas que je la cherche mais je sais pas où elle est mais tu veux quoi haha »

-« Tu vois le garçon là-bas ? C’est mon pote Romain, tu veux pas sortir avec lui ? »

Le quelque chose que tu pointais derrière toi, c’était pas notre avenir à tous les deux, non. C’était un ado qui muait avec des cheveux jaune décoloré, protégé par un problème de peau mesuré au degré 7 sur l’échelle Biactol et rasé des jambes de près, parce qu’il faisait du vélo, DU PUTAIN DE VÉLO THOMAS MICRON.

COMME MON PÈRE MERDE

MAIS SÉRIEUSEMENT C’EST QUOI LE DÉLIRE

Il a fallu te faire répéter deux fois ce qu’était le topo avant de rester coite, ne sachant quoi répondre à part un gigantesque NON MAIS NON MAIS PAS QUESTION.

Thomas Micron t’étais mon mot de passe, le moment de magie entre le cours de maths et celui d’anglais, la parenthèse enchantée de ma cour de récré, ma veilleuse dans la nuit adolescente que je traversais avec beaucoup de peine.

Tu m’as planté un couteau dans le dos.

Je ne le te pardonnerais jamais.

La suite de Treize, c’est par ici

Marine

Leader Autoritaire
Marine est née en 1986 et vit avec un petit chien trop mignon. Après avoir joué avec des groupes de filles ultra classes d'après les autres membres (Pussy Patrol/Secretariat/Mercredi Equitation), elle gagne sa vie en écrivant sur des sujets cools et se la pète déjà un peu. Ca ne l'empêche pas de traîner en pijama dégueulasse le dimanche en essayant de twerker mal sur du William Sheller. L'AMOUR PROPRE C'EST DÉMODÉ OKAY.

Anna Wanda

Directrice Artistique et illustratrice
Anna est née en 1990 et se balade avec un collier où pend une patte d'alligator. Graphiste et illustratrice particulièrement douée (sans déconner), elle n'est pas franchement la personne à inviter pour une partie de Pictionnary. Toujours motivée et souriante, c'est un rayon de soleil curieux de tout et prêt à bouncer sur un bon Kanye West, tout en te parlant de bluegrass. Par contre, elle a toujours des fringues plus jolies que toi. T'as donc le droit de la détester (enfin tu peux essayer, perso j'y arrive pas). SON SITE PERSO: http://wandalovesyou.com