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mardi, 23 juillet 2013

UN AMOUR DE VACANCES, UNE HISTOIRE SANS LENDEMAIN

Par
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  • Il y a eu celui en colonie de voile qui s’appelait Robert, et qui avait l’excuse d’être américain. On a fini par lui demander avant de partir si il avait une préférée. Il m’a dit “oui” et “ta kewzine”. Agathe a toujours été une veinarde.
  • Il y a eu celui qui avait une doudoune Ellesse et qui jouait au Rugby. Je dormais souvent chez sa sœur pour avoir le privilège de le croiser le matin, et j’espérais qu’il se rappelle un jour de mon prénom. Il s’en est souvenu, et en a profité pour me présenter à son meilleur copain gringalet à l’acné tenace. C’est ce dernier que j’ai évité tout l’été.
  • Il y a eu celui qui m’a appelée la veille de la rentrée et pour lequel je n’ai pas eu le courage de répondre. Il m’arrive de me souvenir du message qu’il avait laissé sur le répondeur. Je ne pourrais plus jamais le recontacter, et j’en pleure dès que j’y repense un peu trop longtemps.
  • Il y a eu celui qui était beaucoup trop vieux pour moi mais que j’ai regardé, tout aout et juillet, avec des yeux plein d’espoir en comptant notre différence d’âge (sept ans, c’est rien, putain). Les copains de mes cousines plus âgées sont longtemps restés d’excellents placements sentimentaux (n’est-ce pas, Agathe.)
  • Il y a eu celui à qui j’ai fini par me déclarer sérieusement à la fin de l’année scolaire en fixant mes chaussures. Il m’a répondu que cela serait mieux si on restait copains. On ne s’est plus jamais reparlé.
  • Il y a eu celui avec un tatouage dragon dégueulasse que je collais, accoudée au bar du centre de vacances que tenaient mes parents, tandis qu’il préparait des vodkas fraise. Il est parti en septembre me laissant une compilation Radio FG et la race de vaisselle. Aucune trace néanmoins de son numéro de téléphone.

You Are My High

  • Il y a eu celui avec qui on a échangé tellement de SMS que ma mère a failli m’émanciper quand elle a reçu ma facture Bouygues Telecom. 465 textos hors forfait. Il m’a déclaré ses sentiments à la rentrée, alors que j’ai bégayé deux mois comme une pauvresse dès qu’il m’adressait la parole à la piscine.
  • Il y a eu celui qui me raccompagnait tard, la nuit, entre mon travail et chez mes parents, sur une route tellement cliché “Souvenirs de Provence” qu’on pouvait entendre les cigales et l’eau du Canal tandis que notre conversation disparaissait sous les blancs. Mais pas moyen de lui frôler la main dans un décor de Marcel Pagnol. Je n’ai jamais aimé Marcel Pagnol.
  • Il y a eu celui qui a empoigné mon gilet juste avant de rentrer chez lui. Il m’a embrassée sous les lampadaires du parking des bungalows avec une haleine parfumée à la Desperados. Je lui ai piqué sa ceinture en guise de trophée et elle se trouve toujours dans mon tiroir.
  • Il y a eu celui qui était hystérique et qui m’a à peine calculée des deux mois où l’on bossait à côté. Je pensais qu’il avait de la personnalité, qu’il était « sanguin », il s’est avéré qu’il était en fait totalement con.
  • Il y a eu celui avec qui j’ai passé tout l’été enfermée dans mon appartement, la fenêtre ouverte sur un Paris en pleine canicule, alors que ma coloc travaillait dans le Sud et que la ville était à nous.
  • Il y a eu celui dont j’ai attendu tout l’été qu’il me propose un café, qui ne l’a jamais fait, et à qui j’ai fini par écrire moins, puis plus du tout, alors qu’il était vraiment gentil et chou sous ses épaisses bouclettes.
  • Il y a eu celui qui m’a filé un rendez-vous en juillet et puis qui a reporté. La semaine d’après, le mois suivant, jusqu’en novembre, jusqu’à l’année prochaine, jusqu’à ce que je lui dise d’aller se faire foutre, en fait.
  • Il y a eu celui qui m’a brisé le cœur, deux étés de suite. Il y a des chances pour qu’il lise ça, d’ailleurs. J’espère qu’il peut sentir de là où il est le vent de mon mépris en courant d’air avec celui de mon indifférence, et qu’il chopera un rhume, puis une bronchite, puis une pneumonie bien reloue.

Et sans rancune, blaireau.

  • Il y a eu celui pour qui j’ai cru avoir quelques sentiments une nuit où il a fait un peu trop chaud. En fait non, ce n’était qu’un copain vraiment génial. Et plutôt beau gosse.

Et puis,

Enfin,

Si tout va bien,

Il y aura encore un

Celui de l’été qui vient.

Christophe Rippert - Un Amour De Vacances

Marine

Leader Autoritaire
Marine est née en 1986 et vit avec un petit chien trop mignon. Après avoir joué avec des groupes de filles ultra classes d'après les autres membres (Pussy Patrol/Secretariat/Mercredi Equitation), elle gagne sa vie en écrivant sur des sujets cools et se la pète déjà un peu. Ca ne l'empêche pas de traîner en pijama dégueulasse le dimanche en essayant de twerker mal sur du William Sheller. L'AMOUR PROPRE C'EST DÉMODÉ OKAY.

Judith

Judith a 31 ans et le sac vernis au bon format. Petite jeune femme au look toujours parfait, tu pourrais penser que cette copine de Marine est une jolie poupée. En fait, elle est agrégée d'histoire, ancienne professeure et nouvellement graphiste-illustratice, amatrice de garage dégueu (et de bédé indé) le weekend. Voilà. Comme ça ça t'apprendra à juger que sur les apparences. Compte instagram: @das_madchen_