La formule plutôt jolie est du gynécologue-obstétricien René Frydman qui a écrit qu’une femme est « toujours en retard d’un enfant ».
C’est comme ça. Si vous avez un utérus, la société toute entière va se tourner vers vous à l’approche de vos 30 ans pour vous rappeler qu’il faut y aller cocotte là, au boulot ! N’essayez pas de défendre votre choix de rester peinarde pour x ou y raisons (célibat et santé y compris), c’est foutu d’avance. Vous y aurez droit, votre mamie vous demandera dès l’apéro du repas de Noël quand est-ce que vous comptez lui ramener quelqu’un et lui faire des petits enfants ? Je vous souhaite d’avoir déjà débouché le champagne pour vous faire une coupe cul-sec, resservir mamie et esquiver cette discussion relou. Vous allez me dire que ça me va bien de dire ça, dans le moule idéal avec mon mariage et ma fille sous le bras. Oui ! Je croyais aussi ! Je pensais avoir rempli ma part du deal et être tranquille pendant quelques temps ! Hé non. Ce que je n’avais pas compris c’est que le moule c’est “le choix du roi” : un garçon + une fille.
Bon ok 2 et on arrête ? On est d’accord, c’est le quota c’est bon la Mégane est pleine. Tu parles. Salut c’est Dolto ! Je vous ai pas dit ? « Le plus sain et le mieux pour que vos enfants réussissent leur vie c’est 3 enfants de 3 ans d’écart. »
Toujours en retard d’un enfant je vous dis.
Sans en rajouter, il n’y a pas une semaine sans que quelqu’un ne me parle pas de BB2.
Pourtant je devais y être habituée vu que la première fois que le sujet a été évoqué j’avais mon bébé dans les bras depuis moins de 10mn. Ma fille est née en dépassant les 9 mois et 6 jours, les 12h de travail et les 4kg donc forcément son pyjama taille naissance, mon corps et mon moral étions complètement explosés. Sur le coup c’est un peu couillon mais ça m’a paru le bout du monde ce pyjama trop petit. J’étais retournée de ne pas pouvoir lui mettre les fringues qu’on avait préparées et imaginées sur elle, mais il en aurait fallu plus pour retirer son optimisme à la Sage-Femme présente qui a déboulé de nulle part telle Fantômette « mais c’est pas grave, gardez-le pour la prochaine ! ». Je le revois au ralenti ahahah. Le regard désespéré qu’on s’est échangé avec mon mari sans dire un mot. Je sais que je ne l’oublierai jamais : la prochaine ! Je venais de faire la guerre et elle voulait que j’imagine y retourner ?
Cela fait donc un an et demi moins 10 minutes que le sujet est là, prêt à surgir à chaque instant : du « vous achetez unisexe pour le garder pour le prochain ? » quand la salopette choisie n’est pas rose à la question directe de l’employeur qui se demande pourquoi vous êtes revenue de congé parental, en passant par les regards insistants dès que vous ne commandez pas de vin au restaurant. Les « ah non non non » n’y font rien et sont automatiquement suivis de « TU VERRAS 😉 ». Je verrai quoi, je ne sais toujours pas.
Ah ça, pour les clins d’oeil entendus on y va, mais pour les arguments y’a plus personne !
Certains disent que d’un coup les couches à changer me manqueront quand ma fille rentrera à l’école, d’autres que sinon elle va s’ennuyer et devenir une sociopathe, ou encore - le pompon - avec cette collègue qui m’a expliqué à mon retour au boulot que si jamais l’un de ses deux enfants mourait, il lui en resterait quand même un comme ça.
AMBIANCE.
Avant d’accoucher, je m’imaginais toujours mère de famille nombreuse, avec ma tribu de marmots tous potes, donc je devrais être ouverte à tous ces arguments mais non, rien n’y fait. Vivre un accouchement catastrophique et une première année pas fastoche m’a comme vaccinée de l’envie de recommencer. Je ne vais quand même pas revivre tout ça et faire un 2e enfant juste pour avoir la paix et qu’ils jouent ensemble ! Ma fille a déjà deux chats qu’elle tyrannise, plein de cousins pas loin et surtout deux meilleurs potes qui lui refilent tous les microbes possibles : j’imagine que ça fera l’affaire en grandissant. Et franchement, bien sûr qu’elle sera associale et un peu nounouille - avec ou sans frère et soeur - c’est ma fille après tout.
A la limite, le seul argument qui pourrait me faire hésiter vient de Kim Kardashian (je vous vois me juger) qui a déclaré dans une interview qu’après avoir vu la mort à Paris lors de son cambriolage, elle avait eu une envie folle d’avoir plus d’enfants pour qu’ils puissent se serrer les coudes les uns les autres en cas de coup dur. Là oui.
Mais bon merde elle a sûrement autant de nounous que de maquilleuses, c’est de la triche ! Moi ma fille a mangé mon bâton d’anti-cernes vendredi dernier. J’en suis là. Et même si je lançais un kickstarter pour un nouvel anti-cernes, une nounou à domicile et une maquilleuse… je ne vais pas me forcer pour rentrer dans le moule du plat de lasagnes Auchan pour 4 personnes.
Parce que PERSONNE ne vend de plats pour 3 personnes, jamais.
Merci Auchan pour la pression, super.
Et bah sans moi, merde voilà c’est dit !
Faudrait être zinzin pour faire le pari d’avoir un BB2 aussi géniale que mon incroyable BB1. Et s’ils ne s’entendaient pas ? Et si je l’aime moins ? Et si notre couple explosait ? Oui parce qu’il y a ça aussi : on est heureux à 3. Je veux dire, vous savez comment c’est dur d’être heureux en couple après l’arrivée d’un bébé ? Le boulot, les compromis et les sacrifices qu’il y a eu derrière pour en arriver là à marcher à trois ?
Pour le moment je n’ai pas le courage de me battre à nouveau contre le destin et le hasard.
Désolée renarde, je ne peux pas prédire l’avenir mais on dirait bien que t’es partie pour rester fille unique avec un rab’ de lasagnes.