Je sais pas si ils se la collaient autant avant, mais WAHOO, ma génération a quand même tendance à beaucoup picoler… Faire la fête n’est même plus un prétexte. Apéro, happy hours, after work, « ça va pas », « ça va grave »… On boit tout le temps ! Pis le lendemain, avec une culpabilité envahissante, on se dit qu’on est tombé dans un piège et « plus jamais ça ». La résolution s’efface en une journée de taf et rebelote le soir même…
J’habite à Paris et je le dis : Paris est une fête. Mais Paris est aussi une belle gueule de bois.
C’est avec ce bilan que j’ai décidé de tester le mois sans alcool (Evidemment, le rhum qu’il y a dans les crêpes et le vin blanc dans ma fondue, ça ne compte pas). Le mois sec.
Quand j’ai dit ça à mes potes, ils ont dit « T’es fou, t’y arriveras jamais ».
Ca va, j’ai choisi le mois de Février, c’est le plus court de l’année…
Alors où est la limite ? Voici mon journal de bord, celui d’un sobre.
JOUR 1 :
Un pote m’envoie une photo d’un verre de Baileys. Encourageants, les amis.
Le soir, apéro chez un ami, direct.
Le plus dur aura été de voir se déboucher devant moi une bonne bouteille de rouge.
Je redécouvre la joie des bulles grâce à mon Liptonic. Ce truc est bon, il me rappelle les week-ends chez ma Mamie quand j’étais petit. L’envie d’alcool n’apparaît pas. Et c’est normal, ça ne fait même pas 24h…
JOUR 2 :
Je n’y pense pas.
Le soir, je répète avec mon groupe de punk. Je m’enfile 2 ice-tea et le distributeur me rend 50 centimes de trop : C’est le karma, mec.
Je termine ma journée avec un Orangina, impossible de fermer l’œil avant 4h du matin. Sérieux, y’a de la caféine dans ce soda ?!?
JOUR 4 :
Mon premier bar.
Je commande un jus de tomates. Un jus de tomates. Dans un bar. OUI. Une première.
C’est soirée blind test ici. Je ne suis pas très vif. Je n’ose pas trop crier le nom des chansons qui apparaissent.
Y’a vraiment un truc avec la confiance, désinhibée par l’alcool… La soirée est cool quand même. Le barman m’offre même une menthe à l’eau pour un euro symbolique.
Et enfin, une passion intime entre la tisane au miel et moi prend vie.
JOUR 5 :
Dans un bar de Bastille, le sirop coûte plus cher que le diabolo. La raison : C’est la petite bouteille en verre d’Evian qui te coûte finalement 4 balles. Enfoiré.
Quand je commande, le serveur me cale un « Sérieux ? » car c’est Vendredi soir. Cette obligation de me justifier m’énerve.
JOUR 6 :
Mon premier Samedi soir, j’ai envie de faire la fête. Je suis à un apéro, assis autour d’une table basse, c’est le before d’un anniversaire. C’est long. Les autres s’enivrent, parlent de rien, rigolent pour rien non plus. Moi, j’ai envie d’un seul truc, c’est de me casser à l’anniversaire. Je m’ennuie là. Je mets quand même 2h à motiver et réussir à bouger tout le monde, bourrés. L’anniv’ est pas ouf, j’aime pas la musique. Donc je ne danse pas. Un pote me dit « Danse là ! Amuse toi ! » J’ai l’impression pourrie d’être un rabat joie. Non, c’est juste que la musique est nulle. Le Schweppes Tonic ne me fait toujours pas arriver à danser.
Finalement, mon bilan, c’est qu’une soirée, même merdique, passe toujours quand t’es ivre. A jeun, c’est plus dur d’occuper le temps.
JOUR 7 :
Zéro gueule de bois. Mon dimanche est super productif du coup.
Dans le métro, un mec bourré crie, il sent l’alcool à 3 mètres et me conforte dans ma bonne résolution.
JOUR 8 :
Putain, une semaine !
JOUR 12 :
J’assiste à un concert, tout seul. D’habitude, je dessine un peu dans un cahier, accoudé au bar, me sirotant gentiment des pintes. Ce jour là, j’ai même carrément oublié mon carnet de croquis. Le Perrier Menthe m’accompagne, le concert est top, je rentre, me bois une tisane et au lit. Dis comme ça, on se croirait à la maison de retraite.
JOUR 13 :
Je rentre chez ma mère. Et Dieu sait qu’elle sait très bien m’accueillir : Raclette, mais sans vin pour moi.
Le soir, j’ai un anniversaire, mon frère m’achète un pack de bières sans alcool. Ca fait bien le taf ce truc ! Vers 3h, je reprends le volant et ramène tous mes amis chez eux, il pleut, eux, dorment dans la voiture. On arrive enfin et ce n’est pas sans fierté que j’assume bien le rôle du Sam (Sans Accident Mortel, CQFD). Capitaine de soirée, le type.
JOUR 17 :
Je revois un vieux pote qui tient un bar, on se remémore des souvenirs d’ivresse. J’ai grave envie de boire une pinte à la sortie du taf. Mais non, il ne me reste que 12 jours. Je compte les jours à l’envers, ça y est.
JOUR 19 :
Ce soir là, je joue en concert avec mon groupe. Bien sur, on est open bar. Mais je demande à l’orga si je peux squatter le frigo pour y poser mon pack de bières Intermarché sans alcool. Sans souci. J’en descends quand même 11 sous l’euphorie de la soirée. Je rentre sobre, pas très punk tout ça.
JOUR 20 :
Anniversaire dans un appartement immense, environ 100 invités. J’ai des bières sans alcool. Une fille m’en vole une discrètement d’ailleurs. Tu crois que j’t’ai pas vu ? De toute façon, j’m’en fiche, tu vas être déçue… Je fume particulièrement beaucoup ce soir là. Les vases communicants.
JOUR 22 :
Ça y est. Tous mes potes qui m’accompagnaient dans cette aventure ont lâché : Concert, repas arrosé, first date, voyage professionnel ou simple chouille. Je suis le dernier survivant à jeun.
JOUR 24 :
Dure journée au boulot. Je me serais bien détendu un peu avec des bulles. Finalement remplacées par une tartiflette maison, un bon film et toujours ma fidèle tisane au miel.
JOUR 25 :
Ce soir là, je vais à l’avant première du film « Saint Amour », je suis un fan du boulot du duo Kervern/Delepine. Le film est juste, drôle, rafraîchissant, bref, je ne suis pas déçu. Par contre, c’est un véritable hommage au Rouge. Et ça m’a vraiment donné envie de me faire une bonne boutanche de vin. Mais non, ça va passer, il me reste 4 jours.
JOUR 26 :
La bière sans alcool est devenu une habitude en soirée.
JOUR 29 :
DERNIER JOUR, 2016 étant bissextile.
Le soir, je retrouve des amis dans un bar, c’est reparti ! On n’oublie pas les bonnes habitudes.
J’m’en fiche, le lendemain, je ne travaille pas…
JOUR 30 :
Ma récompense : Une journée au Salon de l’Agriculture !
Conclusion :
L’expression « Un esprit sain dans un corps sain », franchement, true story.
Je me sens reposé, mon compte en banque me sourit.
Soit, dans « alcool », il y a quand même « cool ».
Et le manque ? Un peu, mais pas tant que ça finalement. Franchement, je pensais vraiment que ça serait plus dur.
Je remercie mes amis de m’avoir tendu des pièges, de m’avoir soutenu, ou pas, et surtout de ne m’avoir pas jugé.
C’est fou toutes ces occasions qu’on a inventé pour boire un petit coup…
Je vais essayer d’être raisonnable dorénavant, moins d’excès, plus de souvenirs.
Les soirées de Février 2016 se situent, se différencient enfin.
Pour le mois de Mars, je tente le végétarisme.
PS : Je bois une bière en écrivant cet article. Cheers.