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lundi, 29 octobre 2018

Une aquarelle de Marie Laurencin dans ma culotte

Par
illustration

Ça a commencé par une flemme, une grosse flemme, doublée d’une grosse flemme et de pas envie d’y penser.

J’ai donc eu mes règles sans aucune protection à portée de main. Et même si elles avaient été à portée de main : la flemme.

Là où, d’ordinaire, je me serais vite mis un tampon ou, à la rigueur, si c’était dimanche, une serviette, je n’ai rien mis. J’ai continué à vaquer à mes occupations, j’ai lu, j’ai scrollé sur facebook, assise en tailleur sur le canap. En tailleur meuf. Au bout d’un bon bout de temps je suis allée aux toilettes, pouf, tout a coulé, le canadair comme je me plais à l’appeler. Je me suis dit OK, pouf, j’ai mes règles d’un coup. Dans ma culotte, après ces heures de flemme, 3 fois rien, quelques tâches qui ressemblaient à peine à une aquarelle de Marie Laurencin et je me souviens, je me souviens très bien de ce que je me suis dit ce matin-là : RAB les règles.

Alors je sais ce que tu vas te dire : “v’la la craspec qui s’en balec et qui a des règles de moineau, c’est pas comme moi. Moi, ahah ! Moi c’est les chutes du Niagara, j’ai des vraies règles de bonhomme moi (!?)”. Mais détrompe-toi chère amie ! J’ai des bonnes grosses règles. J’ai eu un enfant et je porte un stérilet. Je suis dans la catégorie gros flux. Et pourtant, et pourtant… apparemment, on ne saigne pas tout le temps, on saigne par à-coup et ça fait d’abord toc toc au portillon de ta vulve. Et quand ça fait toc toc, tu serres, tu contractes tout ce que tu peux et tu vas aux toilettes. Et là, Joe le canadair. Satisfaction totale. Brrrroum. I like the smell of free flow in the morning. Brrrroum. En revanche, c’est pas beau à voir dans la cuvette, c’est Shining, la scène de l’ascenseur. Mais les toilettes sont faites pour ça, don’t panic. Tu mates le fond de la cuvette, tu rigoles, tu te félicites et hop, tu retournes travailler, légère, délestée de tout. Délestée de ton flux, de l’achat de tampon, du marketing des serviettes. C’est incroyable, la sensation est incroyable. Tu. n’as. besoin. de. rien. Tu es autonome. Avoir des règles-surprises ? Pas de problème. Pas de thune pour des protections ? Pas de problème. Un problème ? Pas de problème.

Alors, non, non ce n’est pas non plus la panacée. Il y a quelques contraintes.

Il faut s’entraîner au calme, chez soi. Des tâches dans ta culotte, il y en aura. Et alors ? Petit à petit, il y en aura si peu que RAB. Mariiiie Laurenciiiin !

Il faut avoir accès aux toilettes dès qu’on le souhaite et ce n’est pas possible pour tout le monde, tous les jours, dans tous les métiers. Le free flow, c’est magique mais le canadair fait des cercles au-dessus de ta tête, il faudra bien qu’il fasse son oeuvre à un moment, à SON moment. Par exemple, par flemme toujours, j’ai déjà oublié de mettre une protection avant d’enchaîner randonnée et cours de danse. Bon, bah, là, on va pas se mentir, c’est pas cool. Brrrroumpf dans ta culotte et au-delà. Et forcément, tu ne fais QUE des étirements à deux ce jour-là, avec l’autre qui te tire sur la cuisse le nez à trois-quart enfoncé dans ton legging. Et ça sent le fer, tu sens que ça sent le fer alors que déjà, toi, ton nez il est à 1 mètre de ta vulve mais l’autre, à 15 centimètres de ton intimité, c’est sûr qu’il sent que tu as tes règles. Et tu te sens mal, mais mal… Et puis elle ne s’étire pas du tout cette cuisse.

Bref, on va parler concret.

Free flow is the law. C’est complètement libérateur, économique et inoffensif à condition que tu aimes l’aquarelle et que tu puisses aller aux toilettes quand tu le veux. La prétendue “énormité” de tes règles n’entre pas en jeu, en revanche, la musculature de ton périnée, si.

Il faut que tu connaisses et pratiques les contractions du périnée, mais là, je te laisse te renseigner, y’a des infos online. Mets-toi un doigt et serre-le avec ta chatte, en pensant vers le haut, vers le nombril avalé vers la colonne.. Relâche, recommence. Musclor.

Voilà, tu sais tout. Pourquoi continuer à stresser et payer 10 balles par mois pour des protections pleines de produits toxiques. Nan, franchement, une culotte en coton, un jean noir (eh! mais c’est déjà toi tous les jours!) et le tour est joué. La flemme a de très bons côtés.

Anna Wanda

Directrice Artistique et illustratrice
Anna est née en 1990 et se balade avec un collier où pend une patte d'alligator. Graphiste et illustratrice particulièrement douée (sans déconner), elle n'est pas franchement la personne à inviter pour une partie de Pictionnary. Toujours motivée et souriante, c'est un rayon de soleil curieux de tout et prêt à bouncer sur un bon Kanye West, tout en te parlant de bluegrass. Par contre, elle a toujours des fringues plus jolies que toi. T'as donc le droit de la détester (enfin tu peux essayer, perso j'y arrive pas). SON SITE PERSO: http://wandalovesyou.com