Dans la vie j’écris des trucs et je fais des photos. Parfois je dors, souvent je vois mes potes, et une fois toutes les décennies, j’ai un rencard.
En général je mets longtemps avant de me décider à sortir pour un tête à tête. Le mec doit être drôle, intelligent, pas trop moche et surtout avoir une bonne dose de folie. Comprendre : le type doit être assez perché pour pouvoir me supporter. Mais là, pour une fois, j’ai voulu jouer la carte de la sécurité. Choisir un garçon « gentil », stable, qui ne va pas se taper un délire à la Dewey en plein milieu d’Oberkampf, ou qui ne va pas, tout simplement, me larguer au bout d’une semaine.
Pour l’occasion, j’ai voulu jouer le grand jeu. Prendre au sérieux ce petit délire commun de maquillage et ne pas faire de fashion faux-pas. VAZYQUOI ! Que l’esprit de Christina Cordula m’accompagne dans ma quête !
Bref, j’ai branché Youtube.
Youtube est un univers merveilleux. Tantôt acide, tantôt sucré, souvent dégueulasse mais parfois salvateur. J’y découvre un tout nouveau monde : celui des tutos coiffure-maquillage-manucure-bitching deluxe. La crème de la crème de la mise en place des apparats féminins. La folie. On trouve de tout, de la mise en place du bandana au coup d’eye-liner niquel, et même comment se torturer la tronche avec un « recourbe-cil ». Mais dans mon cas, nul besoin de trucs aussi élaborés. Je voulais juste apprendre à me faire un maquillage ok sans trop galérer.
Le premier truc que j’ai appris, c’est que se mettre du fard à paupière avec les doigts, c’est mal. Il vaut mieux utiliser un petit pinceau pour bien étaler le bazar. J’essaye, mais j’en fous partout.
Je recommence. La poudre tombe allègrement dans mon œil et me fait éclater un vaisseau. L’angoisse est totale.
Je respire, mais je ressemble à un vampire. Pour compenser, je tente un coup de poudre. Résultat : c’est pire, et je ressemble à une de ces nanas vulgaires qu’on voit à la TV réalité. J’efface tout à grand coup de lingette démaquillante. Pour le coup, la friction du tissu sur ma peau me redonne un peu de couleurs. Normal, je fais une réaction allergique.
À ce moment, je regarde ma montre. Évidemment, je suis en retard. Et moche. Je veux dire, je ressemble à un mix entre Voldemort et un clown triste. Le tableau est pathétique, mais je me ressaisis vite : je détache mes cheveux, je me mets un coup de crème hydratante et m’étale (parfaitement) un peu de fard au doigt. Ma spécialité. Par un miracle inespéré, je sors « potable » de l’affaire. Je saute dans ma tenue et m’engouffre dans le métro. On me mate un peu. Difficile de savoir si c’est parce ce que je suis un peu bonne ou si c’est parce qu’il me reste une trace de poudre mal étalée sur la peau. Je retrouverai finalement mon inconnu avec une demie heure de retard. Lui, il est posey à l’aise devant la statue de République, en jean / chemise, sans maquillage. Sa décontraction me donne envie de chialer, mais j’avale la pilule comme une grande et nous partons sagement au restau.
La suite au prochain épisode.
