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samedi, 29 avril 2017

Vagues à l’âme : rencontre avec Weyes Blood

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Six mois se sont écoulés depuis que Natalie Mering a révélé Front Row Seat to Earth au monde et pourtant, l’impact de ses titres sur des oreilles un peu sensibles rend toujours aussi vulnérable. De passage à Paris pour deux concerts : le sien complet depuis plusieurs semaines au Point Ephémère et celui du génie foutraque de Drugdealer, il fallait comprendre d’où venait la magie de Weyes Blood. Après quelques minutes à écouter la voix rauque de cette dernière à l’étage du Pop Up du label, il semblerait que la réponse se trouve ici.

C ‘est un album de rupture, d’au revoir, de bad ultime, certes, mais arriver à un tel aboutissement nécessite avant tout un regard particulier sur le monde : le prisme de la mélancolie. « C’est mon territoire préféré. Etant une personne très sensible, les dissonances de notre monde moderne m’atteignent très facilement, alors je reste dans un état mélancolique permanent à ruminer sur l’étrange ironie qui nous entoure. Je la sépare du chagrin car c’est un sentiment intense, mais je me sens relié au côté existentiel de la mélancolie. J’ai l’impression que tout est un peu mélancolique dans le sens où l’on peut y voir un tiraillement entre douceur et amertume. » Le titre Generation Why est ainsi l’expression de notre malaise face à la technologie mais aussi une apologie de cette quête permanente de satisfaction via des échanges superficiels que nous procurent nos petits appareils. Comme toujours, ils finiront par nous faire secréter la bile noire d’Hippocrate

Weyes Blood - Generation Why

Avec cette perception du monde se combine un rapport au spirituel élaboré au fil de son éducation chrétienne puis son détachement avec cette dernière « J’ai ma propre cosmologie, comme un patchwork personnel basé sur l’empathie et cette impression que tout est interconnecté, comme s’il existait une subconscience suprême que nous partagions tous. On fait tous partie d’une énergie qui a un impact sur la façon dont nous percevons l’univers. ». Fascinée par l’Histoire, Natalie se serait bien vue vivre à l’époque médiévale pour le règne de la superstition ou à la renaissance lorsque l’éducation et les avancées techniques nourrissaient de grands espoirs. Concernant la vie d’artiste, elle regrette l’époque où l’on pouvait gagner sa vie en vendant des disques, « la plupart des musiciens que j’écoute n’ont jamais tourné » mais concède que l’effondrement des barrières entre les différentes scènes est excitant et site le morceau écrit par Caroline Polachek de Chairlift pour Beyonce comme exemple de la merveilleuse Pitchforkisation du monde.

Los Angeles au 21ème siècle reste ainsi son terrain favori, faisant partie d’une famille de sept générations de californiens «ce qui est assez étrange car cet état est tellement neuf, il y a très peu de vieilles architectures, pas d’école de la Ivy League. C’est un désert et tout est très récent, j’aime l’idée que ma famille fasse partie de cette nouvelle partie du monde en quelque sorte. » Le défi quotidien éreintant qu’est New York, évoqué dans le titre Can’t go Home, a récemment poussé l’artiste à revenir à sa terre d’origine.

La Californie offre également une belle vue sur le paysage état d’âme qu’est le son de Weyes Blood, une mer houleuse et fascinante. « Je me suis toujours perçue comme une créature aquatique, j’ai appris à nager très jeune et j’allais à l’eau même lorsqu’elle était agitée. Je me sens juste dans mon élément, la gravité y est différente et me rend libre, même si je ne peux pas y respirer ! La première fois que j’ai fait de la plongée sous-marine, le fait d’ouvrir les yeux sous l’eau et de respirer m’a fait pleurer dans mes lunettes ! C’était majestueux, je me suis sentie en paix. » La sirène est une image récurrente dans l’univers visuel de l’artiste, qui nous avoue son attachement particulier pour ce personnage « la vie a commencé dans l’eau, nous sommes le produit d’une lente évolution de ces créatures qui ont vécu dans les océans, ces vieilles maisons. Le symbole de la sirène est comme un lien vers cette partie perdue de notre généalogie. »

La performance est une obsession chez la musicienne qui se serait bien vu actrice sous la direction de Scorsese, Herzog ou Lynch « tous les arty un peu bizarres en fait ! » s’amuse-t-elle. Elle nous confie que les disques fétiches de son enfance sont des bandes originales de films déprimants (et ceux de Kurt Cobain, bile noire quand tu nous tiens).

Sur scène, elle assure un show d’une intensité émotionnelle rare tout en affichant une sérénité déconcertante en articulant sagement « cet après midi nous avons pris du LSD et sommes allés au Louvre » entre deux titres. En observant son visage pendant Do You Need My love, on décèle tout de même un froncement de sourcil qui la ramène peut être à ce que lui a inspiré ce titre ravageur narrant les émois d’une passion qui se complait dans son épuisement. « Lorsque je suis sur scène, je tente de connecter à l’étincelle initiale qui a donné le morceau, à ce que ca voulait dire pour moi à l’époque, mais ce sont des choses que j’ai digérées, sur lesquels je n’ai plus besoin de revenir je suis consciente que les temps ont changé. C’est comme une sorte d’hommage car les expériences changent mais les émotions qu’elles ont engendrées sont universelles, elles restent pertinentes ». Apres avoir écouté Seven Words pour la première fois, les mots d’une professeure d’arts plastiques du lycée me sont revenus à l’esprit, elle expliquait à ma classe que le mot baroque venait du portugais barocco signifiant perle de taille irrégulière, rugueuse. Les ornementations de la musique de Weyes Blood sont nombreuses et pourtant l’émotion surgit à l’état brut.

Weyes Blood - Seven Words [Official Video]

Front Row Seat to Earth, Mexican Summer

Anna Wanda

Directrice Artistique et illustratrice
Anna est née en 1990 et se balade avec un collier où pend une patte d'alligator. Graphiste et illustratrice particulièrement douée (sans déconner), elle n'est pas franchement la personne à inviter pour une partie de Pictionnary. Toujours motivée et souriante, c'est un rayon de soleil curieux de tout et prêt à bouncer sur un bon Kanye West, tout en te parlant de bluegrass. Par contre, elle a toujours des fringues plus jolies que toi. T'as donc le droit de la détester (enfin tu peux essayer, perso j'y arrive pas). SON SITE PERSO: http://wandalovesyou.com