Note préalable: je suis désolée, je passe mon temps à filer des liens et références pour bilingues et celui-ci est carrément pire que les autres, mais c’est pas trop ma faute, j’évolue dans un monde quotidien caractérisé par son absence de français. Pardon pardon je veux pas être élitiste pardon.
Quand on est créatif, il faut constamment être actif, observer, réfléchir, retranscrire. Je crois que c’est le seul travail où l’on ne s’arrête jamais de travailler.
Ma mère ne sait pas trop ce que je fais (je suis graphiste et illustratrice) et personne n’a jamais trop l’air de comprendre comment dessiner des trucs ça peut être un métier. J’ai moi aussi des moments de doutes, quand je discute avec des gens qui ont étudié des choses qu’on apprend dans des livres à l’école et qui, par conséquent, me semblent toujours énormément plus cultivés que moi.
L’inconvénient avec un métier qui n’a pas de méthode particulière, c’est que parfois ça ne fonctionne pas.
Je passe ma vie à accepter beaucoup trop de projets à la fois et parfois, je m’assois à ma table devant une feuille blanche et c’est le drame.
Je peux parfois passer plusieurs mois sans faire aucune illustration personnelle, soit parce que je n’y arrive pas, la section « idées » de mon cerveau demeure inexplicablement vide, soit parce que je suis terrifiée de ne pas y arriver.
L’année dernière, j’ai passé plus de trois mois sans faire un seul dessin dans mon carnet, que j’emmène pourtant partout. J’ai une façon assez terrible d’avoir des idées, de toutes façons: je vaque à droite à gauche, je « chill sur facebook » comme disait ma voisine d’atelier, je regarde des trucs, je sors, et pendant tout ça, je pense constamment à ce que j’ai à faire et d’un coup bam, je m’assois à mon bureau et j’exécute l’idée que je viens d’avoir. Alors quand ça ne vient PAS c’est terrifiant.
Du coup, j’ai fait pas mal de recherches sur la créativité, et j’en suis même arrivée à lire des livres sur le sujet. Un qui m’a pas mal marqué, c’est « The Creative Habit: Learn It and Use It for Life » de Twyla Tharp. C’est une sorte de guide, plus ou moins. Twyla Tharp est une chorégraphe
mais un créatif reste un créatif, et quand tu regardes la liste impressionnante des chorégraphies qu’elle a créées, tu te demandes sérieusement comment elle a fait. Bon, le livre n’est pas particulièrement bien écrit et tire en longueur, mais ce que j’en ai retenu, c’est que si créer n’a pas de méthode particulière, c’est qu’il faut mettre en place sa propre méthode, et que la routine est la base de tout. Alors je sais bien que l’artiste en général est censé être absolument dépourvu de routine tellement sa vie est fun et sans lendemain, mais je sais pas qui nous a bourré ça dans le crâne parce que c’est trop pas vrai.
Personnellement, j’ai des problèmes, donc il FAUT que je range et nettoie tout avant de travailler. Sinon je ne peux pas travailler. Alors du coup c’est toujours super nickel et ça fait un peu peur. Mais l’endroit où l’on travaille fait partie de la routine et est extrêmement important.
Il y a même un site complet consacré à ça:
Enfin bon, l’idée c’est qu’il faut avoir un espace de travail, un endroit qui dit création, histoire que le cerveau capte que c’est le moment de se mettre en route. Mais ce n’est pas une généralité. J’admire les gens qui créent des trucs formidables n’importe où, et qui n’ont pas besoin de leurs douze mille papiers persos et de leurs crayons À EUX.
Et il faut aussi ne pas avoir peur. Ne pas penser que ça va être moche et tout pourri (ce à quoi je perds quatre-vingt-cinq pour-cent de mon temps). Je regardais une interview de Julia Pott (que j’admire beaucoup)
ya pas longtemps et c’est exactement ce qu’elle dit « tu vas faire des trucs super naze mais DEAL WITH IT, c’est comme ça que tu feras mieux » (enfin pas comme ça, elle est mignonne, elle). DONC PAS PEUR LES MECS.
Et puis un créatif, même si c’est un artiste, n’est pas obligatoirement torturé. Non. Non. Non. C’est POSSIBLE. Mais c’est pas obligatoire.
Pour terminer sur des bonus, je nomme mes créatifs préférés, les autistes. Je rigole pas, ils sont complètement dingues, genre Stephen Wiltshire qui dessine Rome et n’importe quoi de tête. Mémoire photographique, je te salue.
Et je ne parlerai pas de ce gamin de dix ans qui dessine des animaux trop cool et connait même leurs noms en latin parce que je suis super jalouse.
Également, et encore une fois, que si vous parlez anglais sinon c’est pas drôle, le podcast « Professor Blastoff » des comiques Tig Notaro, Kyle Dunnigan et David Huntsberger (je suis secrètement amoureuse de Tig Notaro et ce podcast est formidablement drôle) spécial créativité, c’est à dire « the inspiration of making something that you made it up ».
OUI. http://www.professorblastoff.com/?p=291
Dernier bonus, au moment de Thanksgiving, j’ai demandé à plusieurs copains super mignonnement créatifs de me dessiner un truc en rapport avec cette fête, et seulement mes copinettes de RETARD ont répondu, donc voilà leurs dindons: