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jeudi, 25 février 2016

J’ai été regardé

Par
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Il y a beaucoup de choses qu’on ne peut pas vraiment dire aux gens et cette histoire quelques amis la connaissent, ce qui n’en fait pas un truc inédit – mais si on prend et compte le nombre de personnes qui m’ont cru, alors peut-être qu’on penche vers quelque chose d’inédit ou mieux : d’original.

Chloé est une bonne amie depuis longtemps et c’est la première personne à qui j’ai raconté cette aventure, j’en tremblais encore mais je savais qu’elle la prendrait au sérieux ayant été elle-même confrontée à des expériences étranges. D’aventure elle n’en a que le mot, puisque je n’ai rien fait, j’ai eu peur, j’ai voulu me planquer, j’ai tenté de réveiller discrètement la personne à ma gauche, j’ai tenté de penser à autre chose et de me convaincre que mes yeux ne voyaient pas le vrai. Pourtant, je ne crois pas avoir eu une vision, il y avait cette chose devant moi.

Je ne vais pas vous sortir du grandiloquent ici mais une réalité et je l’espère quelque chose de crédible.

Depuis tout petit je me passionné par le phénomène OVNI, j’ai appris les cas, j’ai découvert les mots (« ufologue », « distortion », « anti-gravité », etc.) et j’ai regardé tout un tas de documentaires ; je ne voulais rien de plus que d’observer un OVNI, un petit gris, n’importe quoi qui deviendrait mon « I want to believe » à moi. Même si ça me trahirait, il est donc important de rappeler que si je vois un objet dans le ciel je vais rapidement penser aux OVNI. Ce n’est pas une question de croyance, soit il y a quelque chose soit il n’y a rien. Mettez-vous ça bien en tête : la croyance n’a rien à voir avec ça. Les faits sont réels : il y a des Objets Volants Non Identifiés.

Cette histoire m’a terrorisé et j’en ai perdu le sommeil pendant plusieurs jours, quelques mois après je ne me sentais toujours pas à l’aise dans cette chambre. Depuis, j’ai déménagé et c’est bien plus simple même si j’ai toujours un peu de mal à m’endormir.

Je me souviens de nombreux détails et je suis en plein brainstorming pour tenter de ne rien oublier et de ne pas en rajouter. C’était un dimanche de mi-décembre (je m’en souviens assez bien car nous organisions un concert le soir avant), je m’étais levé assez tard avec un mal de tête et cette impression de ne plus respirer parce qu’on avait tous fumé toutes fenêtres fermées chez moi. Il est très exactement 00h50 lorsque je regarde l’heure sur mon téléphone pour la dernière fois après avoir épluché les infos du weekend. Le mur mansardé qui me fait face devient soudainement bleu. Un bleu lumineux, métallique et éblouissant. Je suis censé faire quoi moi ? Je pense très rapidement que la lumière artificielle de l’écran s’est imprimée sur ma rétine et que je vois seulement un résidu, un flash resté sur mon œil.

Sauf que pour me convaincre, je quitte le mur du regard et je me retourne vers la porte de la salle de bains (sur laquelle notre chambre donne directement).

Quand j’affirme que je me souviens de nombreux détails je peux vous dire que sur ce mur mansardé apparaissaient neuf lattes de haut en bas avant que le mur ne redevienne droit. Une chaussette grise était posée sur le manche de l’aspirateur, le chauffage qui fonctionnait avec un détecteur de mouvements était éteint et le rideau de douche n’était pas complètement tiré. D’ailleurs, je me souviens avoir été surpris de remarquer la poussière épaisse sur la poutre apparente, je ne l’avais jamais vue avant. Leslie Kean, une femme que les amateurs d’Ufologie connaîtront, affirme dans l’un de ses livres que les témoignages sont aussi importants que les preuves et doivent être pris au sérieux.

Je ne sais plus exactement quelle superficie notre chambre faisait mais cette chose était là devant moi. Ça flottait à un mètre quatre vingt de haut et ça faisait la toupie qui ne flanche pas à trois mètres de ma tête. Une boule à peine plus grosse qu’une balle de tennis se tenait devant moi et tournait. Je me souviens avoir comparé ça à une boule à facettes, parce que ça donnait la même impression de mouvement perpétuel. Houston, on a un problème. Je sais qu’elle tournait parce que la lumière bleue qui illuminait toute la pièce (j’insiste : je voyais comme en plein jour) bougeait. Comme le reflet de l’eau, des ondes se déplaçaient sur les murs clairs de notre chambre. J’ai rapidement eu peur.

J’ai eu peur de l’absence totale de bruit que je savais caractéristique des observations étranges, j’en ai réellement eu très peur. Quelque chose était là, illuminait la pièce sans réveiller la personne qui dormait avec moi et ne faisait aucun bruit : dans un cas comme celui-ci mon cerveau va très vite et très vite il me dit « tu es tout seul ». Le moment ne dure pas, la boule se déplace. Vers la droite d’abord puis en arrière vers la douche, enfin elle revient vers moi et s’en va en direction du salon. A cette époque je dors les portes ouvertes. Ce ne sont pas des allers droits, ce sont des rebonds, comme sur de l’eau et j’ai la phobie de l’eau. Quelques secondes plus tard je ne sais plus s’il y a encore quelque chose chez moi mais ça revient faire le même tour de passe-passe puis ça disparaît. La nuit redevient noire, on ne voit absolument rien comme si on venait d’éteindre la lumière.

Dans ce même salon, il y avait le hamster qui jouait, j’aimais bien l’entendre faire son traffic en pleine nuit et il s’est arrêté de jouer ce soir-là. L’absence de bruit de cette foutue boule bleue était exagérée par la roue du hamster qui ne grinçait plus.

Je pense que toute cette affaire a duré 3 minutes, c’était interminable. J’étais sur le dos, couché au milieu de ce grand lit et j’ai gardé ce sentiment d’être regardé, scruté, presque analysé. Comme si on savait ce que je pensais, on sentait tout ce courage qui se barrait en courant.

L’objet était totalement plane, ne présentait pas d’aspérité et même pas ces genres de mini rayons solaires qu’on observe sur les étoiles. Pourtant, ça me regardait fixement et il sera difficile de m’enlever cette idée de la tête. J’ai tenté de m’enfoncer dans le lit, de peser le double de mon poids. J’ai joué du coude gauche pour ne plus être la seule personne réveillée. L’orbe est parti comme il est arrivé, sans rien laisser, sans rien ME laisser, sans faire de bruit et dans une discrétion quasi belle : « personne ne te croira, tu peux t’acharner à le raconter, personne ne te croira ». J’étais nargué, arnaqué par une intelligence plus taquine que moi. Au moment d’appuyer sur l’interrupteur, j’ai pensé à tous les détails que j’avais vus. Il y avait bien de la poussière dans le creux de la poutre, ce fut ma preuve que je n’étais pas cintré.

On a vérifié beaucoup de choses, les risques de foudre en boule ou les effets d’optique notamment. J’ai lu et fouillé beaucoup de choses au cours de ces deux années.

Qui sait, peut-être que je raconte n’importe quoi et cette histoire n’a jamais eu lieu, que j’ai seulement beaucoup d’imagination. Le problème n’est jamais une question d’observation, aucune époque n’a manqué d’avoir son lot de phénomènes et de témoins, aucun endroit géographique n’a été épargné.

Le problème est simple : personne ne croit à ces histoires, personne ne croit une histoire pareille, personne ne croit un copain qui raconte ça et on n’a jamais nulle part où le raconter. Ne gardez pas ça pour vous parce qu’on a tous des histoires. C’est ma petite crainte à moi, ce qui me fait retourner sans raison quand je rentre en pleine nuit et ce à quoi je pense parfois avant de dormir. Quand ça vous arrivera, quand Chloé me reparlera des fantômes et des escaliers dans les forêts, que notre ami américain nous racontera encore une fois l’histoire de cette femme transparente devant lui et qu’il aura les larmes aux yeux lui qui semblait si costaud ou quand ma mère me reparlera de cette Dame Blanche au loin, soyez certains que j’écouterai.

Jeremy

Jeremy a 21 ans et une Jazzmaster qu'il adore. Originaire du pays breton (on a la poisse avec la Bretagne, ils viennent tous de là-bas, jte jure), il nous a fait un gentil mail un jour pour savoir si il pouvait écrire pour nous. On a dit bien sur, parce qu'il est gentil, et qu'il se bouge grave le cul. Tu peux en effet le lire sur Je Ne Suis Pas Une Fille (JNSPUF), chez nous, et il monte même son petit fanzine bientôt, Desobeissance. Jérémy, c'est notre petit protégé préféré.

Roca Balboa

Bricole Gueurle officielle de la Team Retard
Roca Balboa est née en 1990 et aimerait bien réadopter des rats. Amie d'Anna, la première fois qu'on l'a rencontrée on a vu un petit chaton tout mignon. Puis, en mangeant un kebab sur un banc, on a constaté la bouche pleine d'une viande qu'on connaissait pas qu'elle avait la gouaille la plus hardcore qu'on connaisse. Et un putain de talent pour le dessin. SON SITE PERSO : http://rocabalboa.com/