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jeudi, 18 février 2016

Paris j’te hais, Paris je t’aime

Je pourrais encore, toujours, parler de sexe, d’amour, mais bien avant l’amour ou la passion charnelle j’aime les villes, et puis au final c’est pareil.

Une ville, une belle, une bonne, tu la pénètres, tu la découvres, tu ne l’aimes pas forcément dès le début, soit tu l’as rencontré par hasard, soit t’y as été forcé, soit, t’y es allé de toi même mais t’es un peu timide, et c’est vrai que certaines sont intimidantes, hautes et froides, puis finalement elle te séduit, elle te dévoile petit à petit ses charmes, ses qualités, ses atouts cachés.

Ou alors d’entrée de jeu comme la fille facile qu’est Paris, elle t’aguiche, t’en as entendu parlé, beaucoup, comme la plus convoitée de toutes les filles, et quand tu la découvres elle te montre ce qu’elle a de plus beau.

Plus tu la vois, plus tu la côtoies, peu à peu tu te rends compte qu’elle est sale, qu’elle pue, et que dans les heures les plus tardives elle ne brille plus, elle a retiré ses apparats, son maquillage a coulé et toi tu marches pieds nus sur les trottoirs mouillés, dégueus, et comme la pire des putes elle te trahit avec un autre, qui n’a pas encore vu clair dans son jeu, mais qui découvrira bientôt ses coins malfamés et sa violence.

Là tu te barres, tu la quittes pour une autre, tout aussi belle, voire même plus attirante, toujours dans la liste des filles hyper convoitées, genre New York, ou si t’aimes l’hétéroclite Tokyo, mais au final tu sais que c’est exactement le même genre de filles, celles qui te font perdre la tête, celles qui te bousculent, celle qui te regardent de haut.

Au fond tu sais qu’il y en a d’autres, des différentes, plus typés, il y a bien la belle Berlin, ou la toute fraiche Dubaï, toute jeune, comme une pucelle sur qui personne n’est passé, juste à côté, pleine de caractère, aux allures de cagole, il y a aussi Marseille, qu’au début tu n’avais pas remarqué, qui avait mauvaise réputation et avec qui tu tentes une histoire d’amour qui ne dure que le temps d’un été.

Y a aussi celles qui sont plus difficiles à avoir, ou encore les one shot superficiels, comme Miami ou L.A, mais on s’en fout qu’elles n’aient rien à dire, elles ont la peau dorée par le soleil, elles sentent la vanille ou la noix de coco, elles sont volages, easy life, mais elles sont tellement belles, avec leurs lumières, leurs routes, leurs plages. Puis tu tentes la « presque pareil en mieux » pour revenir a ce que tu connais, à ce qui te manque et réalise qu’elles ont toutes leurs défauts, que Londres est pluvieuse, indisponible et coûteuse, comme à chaque rupture tu te tournes vers l’opposée, Lisbonne te séduit, mais la barrière de la langue n’a jamais été favorable a une relation sur le long terme.

Finalement tu sais bien que tu reviendras toujours à ton premier amour, qu’elle t’en fait voir de toutes les couleurs, mais que tu l’as dans la peau. Tu la connais par coeur depuis le temps, et pourtant elle arrive encore à te surprendre, à te perdre et une fois la nuit tombée à te séduire comme la première fois que tu l’as rencontré. Tu realises combien tu l’aimes, le matin tôt, quand les yeux encore endormis tu la regardes se réveiller dans sa lumière blanche

Je pourrais encore, toujours, parler de sexe, d’amour, mais bien avant l’amour ou la passion charnelle j’aime les villes, et puis au final c’est pareil.

Paris j’te hais, Paris je t’aime.

Safia Bahmed-Schwartz

Safia est née en 1986 et porte à son auriculaire une très jolie bague en or. Quand on a proposé à cette artiste/prestidigitatrice/receleuse de passer des MP3 à notre soirée au Trabendo (on était tombées amoureuses d'elle en regardant son clip "Vaseline"), on a halluciné quand elle accepté (et on était aussi super contentes, elle a passé MARIAH CAREY). Puis on a re-halluciné quand elle nous a proposé de tenir une chronique qu'elle illustrerait de ses belles mains. Sérieux, comment pourrait-on dire non à Safia ? Tout son travail déglingue.