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lundi, 04 septembre 2017

BLEU

Par
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Des fois, on monte dans un train comme on monte dans une ambulance.

Un sac chargé sur le dos, on se faufile maladroitement parmi les milliers de vacanciers bloqués à la Gare de Lyon. On se prépare à quitter Paris avec perte et fracas, portée par un sentiment d’urgence.

Avant de partir, on a pris ses précautions. Et comme Napoléon, on a pratiqué sans s’en apercevoir la politique de la terre brûlée. On ne s’est pas épargné une dernière et ultime dispute, comme si la colère était le seul langage que l’on était dorénavant capable de maitriser, en s’insurgeant de ne voir personne capable de traduire les émotions qui passent derrière. On a foutu le feu aux projets sérieux, aux relations qui comptent, aux choses qui nous tiennent debout. On ne sait pas si c’est pour toujours ou si ça ne durera qu’un temps.

Plus rien n’a d’importance, de toute façon.

Une fois qu’on a réussi a caser toutes les bagages, on s’affale, espérant dormir. En vain. Depuis des mois cela est devenu impossible, comment penser trouver le sommeil dans un TGV ? Les yeux dans le vide, on essaie de concentrer sur les paysages défilant en avance rapide. On espère trouver quelque chose de familier. Et dans la vitre du train, on se heurte à quelque chose qu’on avait réussi à éviter pendant quelques semaines, son propre reflet.

La fatigue des derniers mois, la frustration d’avoir vu ses derniers projets s’écrouler lamentablement aux portes de juillet, les disputes, le ras le bol quasi général, tout ceci a marqué des rigoles sur le visage, tirant dorénavant vers des teintes inconnues de gris. Ce ne sont pas des rides, non, vraiment, elles sont apparues et disparaitront surement avec une cure de sommeil. Mais pour le moment ce sont des tranchées, des fossés, faites par le corps pour trouver le moyen d’évacuer toute cette merde avant qu’elle ne submerge, sans y arriver.

Dans la vitre, soutenant ce qui semble être ce mauvais masque de carnaval lessivé par le temps, il y a aussi la veste bleue qui apparait. C’est un substitut confortable de la mer, et cette dernière s’affichera dans quelques heures de l’autre côté de la vitre, annonçant triomphalement l’arrivée à destination. La présence inattendue de cette couleur à ce moment rassurera, l’espace d’un court instant.

Le bleu. Toujours le bleu.

Pepito Bleu

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Il est difficile de savoir quand cela a commencé. Peut-être une inclinaison inexplicable dès la naissance pour le bleu sombre, presque marine, au noir. Il est, il est vrai, toujours plus élégant, plus distant. C’est une faiblesse, comme une caresse dans le creux du genou, une inclinaison qui ne s’explique pas. C’est le bleu. C’est comme ça.

Depuis quelque temps, dans la grotte mentale dans laquelle on a choisi de se terrer, passe en boucle Blue de Joni Mitchell, le plus beau disque écrit par une femme selon le site de NPR. On constate, y prêtant enfin attention à la 89ème écoute, qu’elle lui a, elle aussi, choisi de donner à l’album le nom de cette nuance insondable, comme si elle pouvait tout résumer.

All I Want

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Car il y a polysémie dans la langue anglaise, le blue/bleu référant la mélancolie, ce cafard qui avance lentement et sourit, poison lancinant et addictif, la vraie tristesse, celle qui se transmet, qui contamine. La bile se pare de ce bleu profond, celui des abysses, ce bleu qui est sourd, lourd, mais aussi comme l’éther, a le pouvoir d’apaiser, doux tranquillisant.

Blue.

On se rappelle par la même occasion de l’illustration parvenue un matin du Texas quand on avait écrit un texte compliqué, la dernière fois que l’on était au fond du trou, pour des raisons similaires et différentes, avec cette phrase qui couronnait le dessin de ce torse sans visage, toujours enclin à offrir son coeur au premier venu.

« I sure I have been blue »

On l’a été, bleue. On l’est même au moment où on tape ces lignes, sur ce trajet qui relie la capitale au sud de la France. Et le constat est un peu amer. On se complait depuis quelque mois dans cette nuance, qui va tellement bien avec notre vie de petit nuage ambulant. On est incapable de voir le positif, on passe son temps à tremper les lèvres dans un verre à moitié vide. Avec le visage coincé dans une expression de Caliméro, on porte le poids de son petit monde sur le dos.

Figée dans ce bleu intense, sans nuances, on se laisse secouer sporadiquement, mais seulement par les flots de ses propres tourments, regardant ses envies, ses projets, ses désirs, engloutis par cette matière intense. On accuse l’injustice, la malchance, et plus régulièrement, sa propre bêtise. La réponse est autre. On est intoxiquée.

Le bleu n’est plus singulier, il est devenu pluriel, et a marqué le corps un peu partout. Il prouve chaque choc, chaque coup prodigué tout au long de cette année, stigmates moins visibles que les cernes qui parcourent aujourd’hui le visage, mais de la même teinte intense.

Le bleu n’est pas que superficiel. Il ne s’est pas contenté d’atteindre la garde robe ou la décoration de l’appartement, il a aussi recouvert les pensées, les envies, les champs des possibles. La couleur a fini par, comme l’aurait fait l’encre d’un stylo machouillé par une étudiante stressée, se déverser dans la bouche et fuser sur tout ce qui entourait.

Ce bleu est addictif. Il est confortable, presque à température idéale. Il le sait. Il en profite et finit par prendre toute la place. Et pour la première fois, la toute première fois, on a envie de voir autre chose, de le mélanger à d’autres couleurs, voir comment il peut changer.

Une envie d’infidélité.

Pour la rentrée, on se fait des promesses. On échangera son bleu contre un autre, plus clair, plus tendre, un bleu aux multiples nuances, qui, on l’espère, apportera en son sillon une certaine forme de sagesse, de sérénité. Un bleu qui évoquera la mer méditerranée, enfin apparue de l’autre côté de la vitre, et non les petits cachets à gober pour arriver enfin à s’endormir. Un bleu aussi lumineux que celui du dieu de Sébastien Tellier et plus intense que celui du regard qui a touché le Velvet Underground. Un vrai bleu qui acceptera de changer, de se tromper, et d’avoir mille visages. Un bleu conquérant et non terrassé. Un bleu qui pourra accompagner les nuages des jours difficiles mais aussi le soleil le plus franc.

Et c’est peut-être ça, finalement, le plus important.

Pale Blue Eyes

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Marine

Leader Autoritaire
Marine est née en 1986 et vit avec un petit chien trop mignon. Après avoir joué avec des groupes de filles ultra classes d'après les autres membres (Pussy Patrol/Secretariat/Mercredi Equitation), elle gagne sa vie en écrivant sur des sujets cools et se la pète déjà un peu. Ca ne l'empêche pas de traîner en pijama dégueulasse le dimanche en essayant de twerker mal sur du William Sheller. L'AMOUR PROPRE C'EST DÉMODÉ OKAY.