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lundi, 17 novembre 2014

DU CUL, DE L’AMOUR, DES PANDAS

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L’amour, c’est pas simple. Et le pire c’est que des fois les gens te posent des questions. Ptin, je demande rien à personne moi, pétez-moi pas les steaks. Mais sinon (on dirait que je saute de la cock à l’âme comme ça, mais vous allez voir que non), vous savez pourquoi les pandas sont en voie de disparition ? Eh ben entre autres, parce que le panda ne se nourrit que de bambou. Or, du bambou, ben, y’en a de moins en moins. Vu qu’on fait genre des routes au milieu. Et pis des immeubles. Et des Aquaboulevards, genre.

Bon.

Je vous explique. Déjà, faut savoir que la dame panda est en chaleur 2-3 jours tous les ans. Du coup hop, elle est en chaleur elle fait : « hUuuuuuuUuUu ! » pour appeler le mâle. Mais pas trop fort. Parce que faire « hUuuuuuuUuUu ! » très fort, ça te fait dépenser un paquet d’énergie ; or l’énergie , le panda n’en a pas des masses non plus, vu qu’il ne se nourrit que de branchettes. Jvoudrais vous y voir, à faire un décathlon en bouffant trois rameaux de ficus.

Parfois, avec beaucoup de chance (le territoire du panda moyen est étendu, le « hUuuuuuuUuUu ! » passe pas toujours) le monsieur panda entend. Alors, soudain consumé de passion (molle), il y va (pas très vite) (il s’arrête pour déjeuner) (plusieurs nombreuses fois).

Des fois y’a une route, ou un Aquaboulevard entre lui et l’amour.

Alors il reste là à manger du bambou, empli de mélancolie et de renoncement. Tout est vain. Le temps, les regrets, mes doigts qui ne traceront plus les dessins secrets de l’envie sur ta peau. Et ces océans entre nous.

Des fois, y’a pas d’Aquaboulevard entre Monsieur et Madame panda. ET LA PUTAIN C’EST TOUT BON.

« C’est tout bon » dans le sens où du coup le Monsieur panda peut continuer son petit bonhomme de chemin, toujours pas très très vite parce qu’il y a la queue au Flunch, mais il y va. Des fois, miracle de la vie, il arrive jusqu’à Madame Panda, qui est toujours en chaleur ! La classe (oui parce que des fois non. Des fois même après tout ça, il arrive et pas de bol finalement c’est fermé. Et alors dans ce cas comme le panda est respectueux et que non c’est non, il insiste pas à essayer de lui faire boire des mojitos au basilic et genre on sait comment ça finit ces fariboles, non : il repart) (et la mélancolie et l’océan et Tsaeterah).

Adoncques, Monsieur Panda retrouve Madame Panda. L’écriteau dit « ouvert ». Tout le monde fait la hola (mentalement, parce que lever les bras balance-toi sur le rythme de nos voix c’est fatigant). C’est comme un péage ouvert vers l’autoroute de l’espoir, de la tendresse, du turfu.

Monsieur panda, un peu ballonné par tout ce bambou qui lui fermente dans le bide, se met en devoir de lutiner Madame panda avec un enthousiasme fébrile de panda (= un enthousiasme mou). Elle-même, emprunte de bonne volonté, cesse un moment de mâchonner pour s’adonner à la passion tièdement dévorante de l’amour au ralenti.

Le miracle de la vie. Enfin, la tentative. Parce que les panda, ça a de ? De ? De la fourrure. Genre, plein. Donc va tenter de lutiner à l’aveugle dans l’abondante pelisse de mère nature, c’est pas simple (= comme je veux pas trop vous perdre non plus dans la métaphore animalière, je traduis : toute petite bite + beaucoup fourrure = des fois ça passe à côté. Et là c’est comme quand on te jute dans le nombril : ça peut faire rire mais ça sert à rien. )

Ça dure 30 secondes. Tout ceci est épuisant. Par ailleurs, avec toutes ces conneries de la passion, ça fait plusieurs minutes que personne n’a mangé de bambou. On décide qu’on est entre personnes civilisées, on se calme, on se remet à ruminer.

Monsieur Panda repart dans le soleil couchant, parce qu’il n’estime pas que balancer trois gouttes de foutres au pif lui donne des droits sur sa partenaire. Le panda est un gentleman.

Madame Panda est bien contente qu’on tienne compte de son non-désir de se mettre à la colle sous prétexte qu’elle a fréquenté, en plus du bambou ça lui en fera plus pour elle, ahah.

Des fois elle est enceinte.

Des fois non. Si elle est fécondée, il faut savoir que le noyau de la cellule qui formera l’embryon reste dans l’utérus de 45 jours à 4 mois avant l’implantation. On sait pas pourquoi. Enfin les scientifiques ne savent pas pourquoi -mais ils savent rien, ces gens. Moi je pense que c’est global. Madame panda se tâte. Les responsabilités. L’idée de devoir aller aux réunions parents-profs, à la piscine le dimanche matin, voir les Pixar en VF et faire semblant de pas être triste le dimanche à 18h16. Ça ferait hésiter n’importe qui (perso ça m’a même fait totalement renoncer).

C’est l’histoire du panda.

Je la raconte à chaque fois qu’un-e connard-e me dit : « alors, et toi, les enfants ? » Je parle de petite bite, de l’excès de poils et du pédiluve de l’Aquaboulevard, en général, ça calme tout le monde.

Et ça m’évite d’enchaîner sur le temps, les regrets, et mes doigts qui ne traceront plus les dessins secrets de l’envie sur ta peau.

Anna Wanda

Directrice Artistique et illustratrice
Anna est née en 1990 et se balade avec un collier où pend une patte d'alligator. Graphiste et illustratrice particulièrement douée (sans déconner), elle n'est pas franchement la personne à inviter pour une partie de Pictionnary. Toujours motivée et souriante, c'est un rayon de soleil curieux de tout et prêt à bouncer sur un bon Kanye West, tout en te parlant de bluegrass. Par contre, elle a toujours des fringues plus jolies que toi. T'as donc le droit de la détester (enfin tu peux essayer, perso j'y arrive pas). SON SITE PERSO: http://wandalovesyou.com