Mettons nous en situation.
À la fin de mois de février, Maître Gims, le rappeur préféré des 3-7 ans, envoyait un message à tous les végétariens au travers d’une vidéo d’à peu près 6 pixels toujours disponible sur les internets : « Je ne comprends pas votre démarche ». Maître, si je peux t’appeler maître, j’espère que cette chronique te permettra d’avoir des éléments de réponse à cette interrogation qui a l’air de hanter tes nuits.
Ami rappeur, quel meilleur exemple que ma propre expérience pour t’expliquer la démarche du végétarien.
Revenons un peu en arrière. En 2013, je suis encore jeune, mais déjà chiante. Comme à chaque instant que Kanye West fait, je cherche le pourquoi de ma venue sur terre. Mon éducation judéo-chrétienne me force à me pencher sur des problématiques telles que « que puis je faire pour être une meilleure personne et éclairer mon quotidien » ? Comment profiter comme les filles des pubs pour le yaourt de chaque instant de ma journée ? » Alors qu’Ophélie crèche à l’époque chez moi, nous faisons le pari de tenter d’être végétariennes pendant un mois. Comme je ne crois ni en la religion, ni en toute science obscure à l’image de la capoeira, je cherche à appuyer ma décision par la lecture de livres. J’agrémente donc cet épisode de ma vie d’un bouquin conseillé par notre illustratrice Anna, écrit par un auteur que j’aime bien mais pas trop, Jonathan Safran Foer. J’avais lu son livre Incroyablement fort et extremement près mais son ouvrage Faut-il manger les animaux, paru en 2009, était censé m’éclairer sur le végétarisme.
2013 fut ainsi la dernière année où j’ai mangé de la viande. Et si j’ai arrêté de manger des nuggets, c’est un peu, il est vrai, parce que j’aime beaucoup les tartines d’houmous, mais c’est aussi beaucoup à cause de Jonathan. Dans son livre, l’auteur américain, qui est aussi du côté des « mangeurs de graines », arrive à te dégouter de tout ce qui a un rapport avec l’industrie de la chair animale. Par un raisonnement sensé, en démontant un par un tous les arguments des gens qui te font chier quand tu évoques le fait que toi et le cordon bleu c’est terminé, il arrive à donner envie d’être ce genre de morues qui prépare elle-même son pain complet, une Gwyneth Paltrow du pauvre avec bourrelets apparents sur les plages basques. Genre : sais-tu à quel point les animaux sont mal traités avant l’abattage ? Es-tu au courant que certaines volailles sont tellement modifiées génétiquement qu’ils sont incapables physiquement de piner ? Sais-tu que ton corps sait où chercher les protéines, genre en fait si tu fais attention ça va aller alors maman s’il te plait ARRETE DE ME DEMANDER TOUS LES MOIS DE FAIRE DES BILANS SANGUINS. A la fin du bouquin, ma décision était prise. Fini le kébab à deux heures du matin, je décide d’intégrer fièrement la partie de cette population un peu reloue qui précise à chaque apéro dinatoire « Non non, merci, pas de pâté ».
Anna a arrêté aussi au même moment, et je me suis aperçue qu’autour de moi, les gens qui avaient eu ce livre dans les mains n’avaient jamais continué à manger normalement. Loin des religions, de la politique, nous avions cherché dans cet ouvrage, un peu comme dans les merdes telles que Eat Pray Love ou Fifty Shades of Grey, des valeurs nécessaires pour nous donner envie de nous lever le matin.
Deux ans plus tard, je ne sais toujours pas si j’ai trouvé dans le végétarisme un sens véritable à ma vie. Je continuerai surement à faire n’importe quoi jusqu’à ce que mort s’en suive. Je m’évertue seulement à éviter de chier un peu plus fort sur cette jolie planète où je suis arrivée un soir de novembre. Le végétarisme me permet de penser que je suis quelqu’un de bien. Arrêter de manger de la viande, c’est ma participation à un monde meilleur, c’est ma petite pierre bancale sur l’édifice de l’humanité. Une personne qui réalise chaque nuit un joli rêve où elle fait une ronde avec ses amis les bébés vaches, les cochons et même les dindes, qui sont certes un peu connes mais ce n’est pas une raison pour les manger quand même.
Je recommande donc la lecture de cet ouvrage à toi, membre de ma famille que j’ai obligé à lire cet article, et à toi aussi Maitre. A l’heure où certains Etats américains s’apprêtent à criminaliser le fait de filmer la cruauté envers les animaux, il me semble normal et cohérent de se renseigner sur le petit chemin qu’a fait la viande jusqu’à ta table chez Hippopotamus. Le végétarisme sauvera le monde, c’est l’ONU qui l’a dit, et, ami rappeur, tu peux en être l’un des acteurs principaux. Alors courage Maitre Gims : Faut-il manger les animaux se parcourt viteuf dans l’IDTGV, et je suis sure de toute façon que t’es assez riche pour trouver quelqu’un qui te fasse la lecture.