Pilule, stérilet, implant, anneau vaginal, patch. Jusqu’ici, n’importe quel être humain en âge de procréer est peu ou proue familier avec une ou plusieurs de ces méthodes de contraception. Problème : elles concernent principalement les femmes. Je classe le préservatif à part car la communication autour de la capote est fortement liée au Sida, moins au contrôle de ces satanés spermatozoïdes intrusifs. Problème donc, car il s’agit de faire prendre aux femmes un contraceptif qui n’est pas sans risques. Ben oui, au delà de la prise de poids, de l’acnée, des nausées et autres effets secondaires que l’on commence tout juste à sortir du chapeau magique, la prise d’hormones n’est jamais anodine. Alors nous les femmes, on est en droit de s’interroger : Où est donc le contraceptif masculin ? Non parce que bon, est-ce nécessaire de rappeler qu’on se tape déjà une hémorragie une fois par mois ? Il serait peut-être temps de voir la contraception sous un autre prisme.
J’ai beaucoup réfléchi à cette question d’absence de contraceptif masculin et je suis arrivée à une seule et unique conclusion un peu simpliste certes mais qui tombe sous le sens : les labos pharmaceutiques sont principalement tenus par des paires de couilles. Et engager la recherche sur la contraception masculine ça revient à dire : Et si on prenait notre part de responsabilité ? Faut pas déconner non plus. On est déjà à la limite de nous accorder l’égalité salariale, faudrait pas en demander trop. Bobonne s’occupe de contrôler son utérus et c’est déjà une belle avancée pour l’humanité et tant pis pour le cancer qu’elle se choppera peut-être à cause de ces oestrogènes pris à répétition. Jouir sans entrave certes mais démerde-toi pour ne pas tomber enceinte. Alors oui, je suis un peu mauvaise langue, je l’avoue. Il existe quelques tâtonnements en la matière. En Inde par exemple, une équipe de l’université de Calcutta tente de mettre un point un gel contraceptif depuis 1990. Ils s’agit d’injecter le gel dans le canal déférent. Je ne te fais pas de dessin. Cette idée risque de ne pas séduire grand monde. Mais depuis 1990 bordel… C’est une éternité. Côté américain, on s’excite aussi à trouver le remède miracle pour ne pas pondre à tout bout de champs. La Parsemus Foundation (à but non lucratif…) cherche à mettre au point ce fameux gel. Pour ce qui est de la pilule, c’est une grosse blague. Des tests récents ont eu lieu en Angleterre pour une pilule masculine et elle serait efficace à 96 %. Crions victoire ? Pas vraiment. Les essais cliniques ont été arrêtés. Messieurs les cobayes subissaient les mêmes effets indésirables que les femmes sous pilule et ça, c’était vraiment pas supportable. Sur ces 300 mâles sacrifiés sur l’autel de la contraception, 20 volontaires ont arrêté l’étude en cours de route car ils avaient des troubles de l’humeur (pauvres chatons). 46% des volontaires ont eu un problème d’acnée. Faut-il souligner qu’on préfère vous voir avec des boutons sur la bobine plutôt qu’une mauvaise surprise quelques semaines plus tard ?
Toutes ces données recueillies, je suis partie à la chasse aux avis dans mon panel représentatif de copains. Côté mec, on m’a souvent rigolé au nez. Pourtant je fréquente des gens biens hein, je t’assure. Il était hors de question qu’on leur injecte quoi que ce soit dans le canal déférent. En revanche, ça leur était complètement égal qu’on enfile un stérilet en plastique et en cuivre dans le vagin de leur meuf. Le temps de l’acceptation paraît encore loin. Surtout quand j’ai abordé la question du slip chauffant. Là on m’a carrément renvoyée dans les cordes. Pourtant, c’est une méthode comme une autre, plutôt douce et qui correspond à la sainte-trinité dans l’air du temps : yoga-quinoa-vegan. Un médecin français un peu farfelu a mis au point ce fameux slip en pensant contraception thermique. C’est beau non ? Le type attend juste que la demande soit forte avant la fabrication industrielle dudit slip. Soit probablement la Saint Glinglin. Côté femme ça bloque aussi. J’ai été assez surprise de constater que bon nombre d’entre elles n’étaient pas disposées à lâcher le contrôle de leur contraception. Est-ce qu’il leur reste en héritage ce long combat pour l’accès à la pilule et à l’avortement ? Certaines ont même évoqué le fait qu’elles ne faisaient pas confiance aux hommes. Pas fiables pour prendre une pilule ? Si tout le monde avait la même logique, on ne s’enverrait plus beaucoup en l’air. Je pensais vraiment que la plupart d’entre elles serait ravie de se débarrasser de cette putain de contrainte. Enfin dans tous les cas, moi je n’attends que ça ! Ne plus se soucier des risques, des effets secondaires, des contrôles de routine. Je suis pour l’alternance contraceptive ! Renversons les tendances. J’ai aussi profité de ce moment d’échanges avec mes semblables féminins et en couple pour les interroger sur l’implication de leur bonhomme dans le choix de la contraception. Toutes en parlent avec leur partenaire mais aucun ne s’est jamais déplacé en rendez-vous gynéco. AUCUN. JAMAIS. Comme si ce n’était qu’un problème de femme et que ça les concernait à peine. Je ne parle pas d’assister à un frotis et de voir sa nana les jambes écartées, se faire farfouiller l’utérus tranquillou-bilou. Je parle juste d’avoir une discussion avec un professionnel, de prendre conscience des risques réels que sa meuf prend et des effets secondaires vraiment relous. Ça me parait pourtant être le premier pas vers l’acceptation de la contraception masculine.
Oui, on a fait du chemin depuis que les Mésopotamiennes s’enfonçaient des pierres dans le vagin en -1600 avant J.C. pour éviter la grossesse peu désirée. N’oublions pas non plus les préservatifs en intestins de chat, les éponges imbibées de vinaigre et autres amulettes de doigts de foetus à porter autour du cou. Mais bordel, dans une société encore dominée par les hommes, il serait peut-être temps que les femmes s’octroient une petite pause bien méritée non ? Ta mère a enlevé son soutif en 68, arrache ton stérilet dans les années à venir !